Offenssive diplomatique de Abdelkader Messahel «L'Algérie espère qu'il s'agit là d'une nouvelle dynamique qui permettra de relancer le processus de parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental», a déclaré, vendredi dernier, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe. La diplomatie algérienne est en effervescence. Sans ostentation. Elle savoure ses victoires éclatantes avec humilité, fruit d'un travail de fourmi qui porte l'empreinte de diplomates chevronnés dont la qualité première demeure la discrétion. Et lorsqu'ils sortent de l'ombre pour se mettre au-devant de la scène, ce n'est ni pour plastronner ni s'adonner à du simple verbiage. C'est pour dire le droit international. Celui qui garantit aux peuples colonisés le droit de s'émanciper. De l'artillerie lourde qui déblaie le terrain. C'est à cet exercice, qu'il maîtrise de façon magistrale que Abdelkader Messahel s'est livré. Il tire ses conclusions, avec la minutie qui le caractérise, à propos de l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne. Du travail d'orfèvre. L'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui confirme que l'Accord commercial de libre-échange entre l'UE et le Maroc ne peut pas être mis en oeuvre au Sahara occidental, «atteste de la justesse de la position de l'Algérie qu'elle a toujours défendue», précise-t-il d'emblée. Si la décision rendue par les juges européens au sujet de l'accord agricole signé entre le Maroc et l'Union européenne et de sa non-application au Sahara occidental continue de faire couler beaucoup d'encre, les réactions qu'elle suscite au sein des responsables algériens apporte un éclairage qui démontre que la question sahraouie évolue désormais dans les «eaux de la légalité internationale». L'Algérie espère que les Nations unies comme son nouveau secrétaire général «en prendront acte», a fait observer le ministre des Affaires maghrébines. «La question du Sahara occidental est une question de décolonisation et ce territoire duquel s'applique à son peuple, le droit à l'autodétermination est non autonome» a-t-il souligné tout en signalant que l'arrêt rendu par cette Cour est «conforme à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation». «L'arrêt en lui-même vient conforter la force du droit sur le droit de la force», a-t-il asséné au lendemain de la tenue dans la capitale espagnole de la première session du dialogue stratégique algéro-espagnol qu'il a coprésidée avec le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Ignacio Ibanez. Le Maroc ne peut se dérober. Il paiera cash... Dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie, publié le 23 décembre, l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani est certain que le jugement rendu par les magistrats européens aura un impact sur la demande d'adhésion du Maroc à l'Union africaine. Le verdict sera connu lors du prochain sommet de l'Union africaine, qui se tiendra dans la capitale éthiopienne, fin janvier 2017. «L'Algérie partira à ce sommet avec sérénité et vigilance», a indiqué Abdelkader Messahel. «Sérénité dans le sens où l'adhésion à l'Union africaine de tout nouvel Etat doit obéir aux critères et aux règles qui régissent l'organisation continentale, se conformer à l'acte constitutif et respecter les droits souverains de ses Etats membres», a-t-il expliqué. La partie est loin d'être gagnée pour Mohammed VI dont le dessein inavoué de son retour au sein de la famille africaine est d'éjecter la République sahraouie de l'UA. Vigilance dit Messahel. Pourquoi? Il existe «des agendas cachés visant la division et l'affaiblissement du continent africain», a confié le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe. «L'échec des tentatives lors du récent sommet Afrique-Monde arabe en est la meilleure illustration», a t-il rappelé. Le Maroc avait vainement tenté de saborder le 4ème Sommet afro-arabe qui s'est tenu du 22 au 24 novembre 2016 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale en exigeant le retrait de la Rasd de ce rendez-vous, avant de le boycotter tout en essayant d'entraîner d'autres pays favorables à ses thèses annexionnistes du Sahara occidental. L'opération avait fait chou blanc. Le prochain sommet de l'UA ne sera pas du pain bénit pour Mohammed VI.