Le Président Bouteflika Le but essentiel du prophète de l'islam était justement «de prémunir sa nation contre les méfaits des excès et du rigorisme». Dans un long message destiné aux participants à la 18e Semaine nationale du Coran, le président de la République a retenu la pertinence de la thématique abordée, à savoir la modération prônée par l'islam. Le chef de l'Etat a relevé que «l'examen de ce sujet intervient à un moment où notre pays et notre nation musulmane sont confrontés à des défis majeurs dont celui de la préservation de l'identité nationale dans un monde globalisé». Le président de la République notera à ce propos la complexité de la situation en ces temps de multiplication des canaux d'expression, dans «un monde où les idées, ne reconnaissant plus aucune frontière, transpercent les espaces pour impacter les mentalités, altérer les comportements et les habitudes de la société et entraîner autant d'amateurs dans une spirale d'identités de rechange et d'appartenances nouvelles du fait d'une aliénation d'esprit exercée par certains laboratoires d'idées», dira le chef de l'Etat.Face au déferlement des thèses et des contre-thèses, ainsi que les intentions de créer la «fitna», le président en appelle au retour aux véritables sources de l'islam. «La tradition de notre prophète (Qsssl) regorge d'exemples éloquents de cette inclination à bannir l'exagération et l'excès dans la pratique de la religion», dira-t-il, soulignant que le but essentiel du prophète de l'islam était justement «de prémunir sa nation contre les méfaits des excès et du rigorisme». Le président de la République indique, à ce propos: «Notre prophète a recommandé aux musulmans de demeurer attachés à la voie médiane et de ne pas s'imposer des choses qu'ils ne pouvaient eux-mêmes supporter car elles étaient incompatibles avec la nature humaine.» Un rappel plus que nécessaire, dans le contexte actuel où la pratique de la religion relève, dans certains cas, de l'irrationalité. Aussi, insistera le message présidentiel, «le concept de modération transparaît dans l'analytique des règles de la ' charia ' islamique à travers les aspects d'allégement sur l'obligatoire en prenant en considération l'être faible, et du libre arbitre dans les charges». Mais cette approche généreuse est occultée par de faux imams qui produisent un discours aux antipodes des préceptes réels de l'islam. Le chef de l'Etat ne manque pas de répondre aux charlatans. «Aussi, ne trouverons-nous pas de règle dans la «charia» ou dans la pratique de l'islam qui ne soit pas imprégnée de cette valeur et du principe de simplification.»Cette vision éclairée très juste de la religion islamique est aussi celle «de cette Algérie dont a hérité cette génération qui se revendique de cette appartenance et qui fait de cet esprit de modération un support authentique», affirme le président de la République. Le propos n'est pas simplement théorique. Le chef de l'Etat lui donne une dimension immédiate et affiche sa conviction que «cette génération n'hésitera pas, de ce fait, à plébisciter la Charte de la paix et de la réconciliation nationale et à rendre possible sa concrétisation et sa consécration en adhérant à tous les projets de l'Etat visant à éradiquer les causes du fondamentalisme, de l'extrémisme et du rigorisme». L'attachement à la modération dans la pratique de la religion, qui a donné au peuple algérien la force de dépasser une grave crise, est l'essence profond de la société. «Notre pays est resté, au fil des années, attaché à son patrimoine civilisationnel. Son capital en matière de culture et de sciences dont il s'enorgueillit aujourd'hui en est témoin et se veut un fort argument pour faire face aux défis du monde actuel, un monde en proie à des perturbations troublantes et impressionnantes et qui répercute une réalité préoccupante qui menace l'existence même de l'humanité», a tenu à rappeler le chef de l'Etat. Il reste que l'époque n'est pas moins difficile, puisque soutient le président de la République, «nous assistons au déclin de la culture de l'acceptation de l'Autre et du principe de coexistence pacifique, et constatons la montée de la xénophobie qui se substitue au sentiment de concorde et d'amour, des valeurs qui se retirent de toutes les contrées du monde d'aujourd'hui». Un constat franc et amer que dresse le premier magistrat du pays, non sans relever que cet état de fait «suscite l'inquiétude et exige une coopération véritable pour éradiquer toutes les formes d'extrémisme, les aspects du fanatisme et les causes de la haine et de la rancoeur et d'oeuvrer à mettre nos sociétés à l'abri des conflits sectaires et des dérapages dogmatiques.» En définitif, le propos du président de la République est un appel d'espoir, au sens où, pour chaque mal, il préconise une médication qu'il va chercher dans une interprétation juste et généreuse de l'islam. «Notre religion étant une responsabilité dans la pratique de la foi et dans la gestion des affaires courantes, je vous exhorte savants et avant-gardistes de la Oumma musulmane à oeuvrer à la défense de l'islam», interpelle le chef de l'Etat, dans une tentative, sans doute, d'en appeler à la responsabilité des tenants du savoir pour qu'ils se constituent en un véritable barrage aux interprétations frauduleuses de la dernière religion révélée, l'islam «qui est aujourd'hui, intentionnellement et injustement visé par certains hostiles, au sein de sociétés qui ont peu de connaissance sur cette sainte religion.» Le message du président de la République, adressé aux participants à la 18e Semaine nationale du Coran est, en fait, un plaidoyer en faveur d'un islam des lumières qui s'adapte à l'époque et révèle le véritable enseignement dont s'imprègne déjà la société algérienne et sans doute toute la communauté musulmane de par le monde. Il suffirait de révéler cet islam-là, d'en faire un courant dominant, représentatif des musulmans et les charlatans s'élimineront d'eux-mêmes. Le message du président est donc clair et il a le mérite de définir l'idée que se fait l'écrasante majorité des Algériens de sa religion.