Pour avoir voulu jouer leur rôle de maintien de l'ordre sur la voie publique deux gendarmes sont malmenés. A la barre, la vérité éclate... Le trouble à l'ordre public (TOP) est, en lui-même désagréable. Imaginez un instant un TOP sur une voie rapide (Alger-Blida via Boufarik). Imaginez des gendarmes venus sur les lieux rappeler à l'ordre des jeunes revendeurs d'agrumes (souvent volés dans les vergers voisins) et se faire malmener par une bande de jeunes, mais agressive. Ils étaient dix à la barre devant Nassima Khettabi, la présidente et Fatiha Fellah, la jeune «procureur». Ils criaient tous à l'innocence. Les gendarmes ? Ils ne leur ont rien dit. Ils ne les ont pas menacés ni insultés, rien de rien. Maître Morsli et Dahmani Med-Chérif sont chargés de défendre certains d'entre eux. La loi est claire. Lorsqu'il y a TOP, le bras de la justice tape fort. Et la juge a, pour avoir la conscience tranquille, pris tout son temps pour comprendre les tenants et aboutissants de ce dossier, car le gendarme victime et plaignant a parlé de près de dix-huit jeunes ayant provoqué le désordre sur la voie rapide avec toutes les conséquences que peut donner un tel tableau. «Devant le déferlement de cette véritable horde armée de barres, bâtons et son intention d'élever un barrage de protestation, nous avons restitué les cageots normalement saisis sur place.» Me Dahmani a, lui, reconnu les faits au nom de ses clients et demande pardon aux gendarmes victimes d'insultes et menaces. L'avocat a mis en cause la misère qui sévit dans les agglomérations de la ville des agrumes. «Partout en Afrique, de telles scènes existent. Durant le Ramadan, les routes, toutes nos routes sont envahies par des jeunes chômeurs reconvertis en revendeurs occasionnels et saisonniers. Saisir des agrumes achetés auprès des grossistes est en soi, un acte irréfléchi», s'est écrié le conseil qui a demandé la clémence du tribunal. Me Morsli S. a abondé dans le même sens que son jeune confrère. Mais il a surtout plaint ces jeunes pris de crises d'hystérie en voyant leurs bénéfices et leurs gains de la journée partir dans des Land Rover. «Il faut savoir pardonner de tels gestes. La justice a le bras long. Un sursis peut rappeler à l'ordre ces jeunes inculpés. Les demandes du PR sont trop sévères», a dit le défenseur, plutôt ému que révolté par l'application de l'article 144 du code pénal. Khettabi a tout de même noté avec un réel plaisir que les inculpés ont tous présenté leurs excuses aux gendarmes qui n'ont pas demandé de dommages et intérêts. Et le «six mois assorti du sursis» a été en quelque sorte une épée de Damoclès au-dessus des têtes des revendeurs en révolte.