Plus de 40.000 Syriens ont bénéficié d'un dispositif leur permettant de jouir de facilités en matière de séjour, de libre circulation en Algérie Depuis le début de la crise dans leur pays, l'Algérie a accueilli plus de 40 000 Syriens qui ont bénéficié d'un dispositif de diverses facilités. Bloqués depuis le 17 avril dans la zone tampon entre le Maroc et l'Algérie, une cinquantaine de Syriens, ayant traversé la Libye se sont installés à Figuig, petite ville frontalière, avant d'être arrêtés par les militaires marocains. Pour des considérations politiques, et sous prétexte d'effet boule de neige, le Maroc refusait d'octroyer des titres de séjour aux migrants syriens, livrés à eux-mêmes dans des conditions désastreuses. Les Marocains qui ont coincé ces migrants dans une zone désertique accusaient les gardes-frontières algériens d'avoir conduit eux-mêmes les réfugiés vers la frontière. Cette dernière, fermée depuis 1994, est une zone désertique, gardée par les militaires de chaque camp. Ainsi, comme à l'accoutumée, le gouvernement marocain a tenté de faire porter le chapeau aux Algériens. Pour secourir ces migrants et mettre fin à cette énième polémique, l'Algérie a annoncé ce jeudi son intention d'accueillir, «pour des raisons humanitaires», un groupe d'une quarantaine de réfugiés syriens coincés depuis le 17 avril à Figuig, sa frontière avec le Maroc. Le ministère des Affaires étrangères a informé le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) de sa décision «d'accueillir, à titre humanitaire, sur son territoire le groupe de Syriens -dont une femme enceinte et des enfants- bloqués depuis le 17 avril à Figuig en territoire marocain», a précisé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. «Le représentant du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Hamdi Boukhari, a été reçu ce jour au ministère des Affaires étrangères où il a été informé de la décision des plus hautes autorités algériennes d'accueillir, à titre humanitaire, sur son territoire, le groupe de ressortissants syriens, dont une femme enceinte et des enfants, qui se trouve bloqué, depuis le 17 avril dernier à Figuig en territoire marocain», a précisé la même source. D'après le porte-parole du MAE, «ce geste humanitaire exceptionnel que l'Algérie consent tient compte de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouve ce groupe et procède de la volonté de l'Algérie d'y mettre un terme en ce mois sacré du Ramadhan en accueillant sur son territoire les membres de ce groupe de migrants syriens, d'assurer leur hébergement, de leur prodiguer les soins nécessaires et de leur permettre, si tel est leur souhait, de rejoindre d'autres membres de leurs familles, dans le cadre d'un regroupement familial dans d'autres pays». Relevant que l'Algérie «consent ce geste par devoir de solidarité avec le peuple frère de Syrie dans l'épreuve qu'il traverse», il a ajouté que «c'est ce même devoir de solidarité qui a conduit l'Algérie à accueillir sur son sol, depuis le début de la crise touchant ce pays frère, plus de 40.000 Syriens qui ont bénéficié d'un dispositif leur permettant de jouir de facilités en matière de séjour, de libre circulation, de scolarisation, d'accès aux soins médicaux, au logement et à l'exercice d'activités commerciales». La frontière terrestre entre les deux pays est fermée depuis 1994. Mardi, le HCR a appelé le Maroc et l'Algérie à «agir rapidement» pour ces réfugiés «désespérés» coincés «dans des conditions déplorables» en plein désert dans une zone infestée de scorpions et de serpents à la frontière entre les deux pays. Le groupe compte «des enfants, des bébés et des femmes, y compris au moins une femme enceinte». Le Maroc avait alors accusé son voisin de les avoir expulsés pour «semer le trouble» à la frontière. Alger avait «catégoriquement» démenti ces «accusations mensongères». A la fois l'Algérie et le Maroc considèrent que ce groupe de Syriens se trouve hors de leurs territoires respectifs», rappelle le HCR. Pour rappel sur les réseaux sociaux, des photos et vidéos des migrants montrent plusieurs personnes, parmi lesquelles de très jeunes enfants, dormir à même le sol dans cette zone désertique ou sous des tentes de fortune fabriquées à l'aide de bout de bois et de tissus. Une femme enceinte aurait même accouché quelques jours après son arrivée, selon des militants associatifs locaux.