Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé samedi «l'attitude des autorités marocaines» accusées d'«entraver» la couverture de la contestation populaire dans le Rif, région du nord du Maroc secouée par un mouvement de protestation depuis neuf mois, indiquant que les autorités font peu à peu de cette région une zone de non-droit à l'information indépendante. Depuis le début du «Hirak» (nom donné localement au mouvement populaire) en octobre dernier, RSF a «recensé de nombreuses violations de la liberté d'informer», a affirmé l'ONG dans un communiqué. «A vouloir empêcher la couverture médiatique de la révolte du Rif, les autorités marocaines font peu à peu de cette région une zone de non-droit à l'information indépendante», a soutenu la directrice du bureau Afrique du Nord de RSF, Yasmine Kacha. La connexion Internet a été également ralentie, parfois interrompue, et le réseau téléphonique perturbé dans toute la ville, ce qui a «compliqué le travail des journalistes sur place», souligne RSF. Des dizaines de personnes ont été blessées jeudi lors d'une manifestation massive réprimée par les forces de sécurité dans la ville d'Al-Hoceïma, où la situation reste «confuse», sept mois après le déclenchement du mouvement de protestation dans cette localité de la région du Rif. En effet, la situation dans cette ville de la région du Rif est tendue depuis octobre 2016, lorsqu'un vendeur de poisson, Mouhcine Fikri, a été broyé par une benne à ordures alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par les forces de sécurité. Ce drame a motivé la prise de conscience face aux injustices sociales et politiques imposées aux populations de cette région, depuis plus de 60 ans. La frustration et le sentiment d'abandon restent bien présents dans l'esprit des habitants rifains.