Cette invitation intervient au lendemain de sa réunion avec les chefs des partis de la majorité parlementaire Pour s'assurer de la réussite de son plan d'action et dégonfler le pessimisme qui plane sur le pays, Ahmed Ouyahia invite les partis au dialogue et à la recherche des intérêts communs. Dans ce qui ressemble à un appel à l'union nationale, Ahmed Ouyahia vient de tendre la main à l'opposition et ouvrir le jeu des alliances pour rassembler un grand nombre de partenaires autour de son plan d'action. «Le siège du Premier ministère relève de l'Etat algérien et que tout parti désirant s'y réunir est le bienvenu s'il en exprime l'intention», a-t-il affirmé hier dans une déclaration à la presse. Cette invitation intervient au lendemain de sa réunion avec les chefs des partis de la majorité parlementaire qui ont exprimé, selon lui, leur volonté «d'unifier leurs voix pour la défense du programme du président». Il s'agit du Front de Libération nationale, du Rassemblement national démocratique, de Tajamou Amal al-Jazair, du Mouvement populaire algérien ainsi que des présidents des groupes parlementaires de ces quatre partis. Ces formations «représentent la majorité ayant soutenu le président de la République lors de la campagne de la présidentielle de 2014 et les partis en faveur de la mise en oeuvre du programme du président de la République», a précisé Ahmed Ouyahia. Quant à celles qui n'ont pas assisté à la rencontre, il a indiqué qu'elles n'ont été «ni exclues ni écartées» puisque, a-t-il insisté, lorsqu'il veut consulter les partis politiques, le gouvernement les invite dans leur ensemble, sans distinction. Ahmed Ouyahia a émis le souhait que de tels rendez-vous deviennent «une tradition à la veille de chaque rendez-vous important, tel le débat du projet de loi de finances qui sera soumis au Parlement dans quelques semaines». Concernant la possibilité de la formation d'une nouvelle alliance présidentielle, il a estimé que «la forme importe peu». Il s'agit en premier lieu «de mettre en place une coordination entre le gouvernement et les partis». Il a ensuite rappelé que l'Algérie avait connu par le passé l'expérience de la coalition gouvernementale et de l'alliance présidentielle. «Le plus important est qu'il y ait des partis politiques qui apportent à chaque échéance importante leur soutien au président de la République et à son programme.» Répondant aux «commentaires des partis de l'opposition» sur sa démarche, le Premier ministre a dit respecter l'opposition qui a d'ores et déjà annoncé qu'elle voterait contre le plan d'action du gouvernement. Toutefois, «il est tout à fait normal que le gouvernement mobilise sa base politique autour du programme du président de la République», a-t-il affirmé. C'est donc en responsable conciliant et dialoguant que Ahmed Ouyahia entend débuter son mandat. Sa stratégie vise, vraisemblablement, à décrisper d'abord la scène politique et convaincre l'opinion qu'il ne compte pas gouverner en se coupant de l'environnement qu'il soit hostile ou favorable à son action. Il sait que les mois à venir ne seront pas de tout repos puisque la situation financière, même si elle est stable, demeure fragile et soumise aux aléas. Beaucoup de personnes l'attendent au tournant au sujet de la loi de finances 2018 qui sera, pour la première fois, tributaire ni des recettes pétrolières ni de l'endettement extérieur, mais d'un financement non conventionnel. Sur le plan politique, le maintien de la stabilité politique qui est un point cardinal du programme du président dépend des décisions économiques qu'il prendra d'entrée de jeu. Une augmentation du chômage, une réduction des transferts sociaux, un arrêt de la construction des logements, une inflation non maîtrisée figurent parmi les risques majeurs qui guettent le pays. C'est donc à la manoeuvre dans un terrain étroit, miné, et dans un contexte géopolitique extrêmement tendu que Ahmed Ouyahia tentera d'apaiser les esprits et de prévenir la moindre surprise qui pourrait mettre en danger l'unité nationale. Un exercice difficile puisque les Algériens se sont habitués à une certaine aisance pendant une dizaine d'années, qu'ils sont impatients de voir revenir alors que les moyens du pays ne le permettront pas avant longtemps. C'est pourquoi le Premier ministre cherche à remonter le moral de ses troupes, de multiplier les messages positifs et d'annoncer des mesures susceptibles de desserrer l'étau sur ceux qui souffrent. Cette communication préventive a pour objectif de dégonfler le pessimisme qui s'insinue peu à peu dans le pays et qui risque d'enfler si la population ne voit rien bouger sur le terrain. Il est donc fort à parier que le gouvernement occupera bientôt l'espace pour combattre, par un langage de vérité, son principal adversaire du moment: une éventuelle perte de confiance de la population dans l'action et la bienveillance de l'Etat.