A trois jours de la présentation du plan d'action de son gouvernement devant l'APN, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a rencontré, hier, les patrons des partis qui soutiennent le président de la République, en présence des chefs des groupes parlementaires de ces formations. Il s'agit du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, du représentant du RND, Seddik Chihab, du président de TAJ Amar Ghoul et de celui du MPA, Amara Benyounès. La réunion voulue par Ouyahia pour préparer la présentation et les débats sur son plan d'action s'est déroulée dans l'après midi au sein du Palais du gouvernement, et a duré jusqu'au début de la nuit. Au moment où nous mettons sous presse, la réunion était toujours en cours et rien n'a filtré de son contenu. Mais selon certaines sources, le Premier ministre a convoqué cette réunion de coordination afin de donner des instructions aux députés de la majorité, leur demandant de ménager le gouvernement dans leurs interventions dans le cadre des débats sur le plan d'action. Ils devront soutenir dans les interventions et lors du vote le document que présentera Ouyahia sans aucune condition. Le souci du locataire du palais du Dr Saaâdane est de donner l'image d'un pouvoir uni dans cette conjoncture de crise financière dont il a dépeint les contours dans son plan d'action mais aussi dans un contexte politique marqué par des appels à l'application de l'article 102 de la constitution. Ouyahia souhaiterait donc former un front solide contre les partis de l'opposition et les acteurs politiques qui appellent soit à l'application de l'article 102 de la constitution qui évoque la vacance du poste de président soit à des élections présidentielles anticipées. Les députés des partis du pouvoir seront donc appelés à défendre toutes les démarches du gouvernement, à commencer par la plus importante, en l'occurrence le recours aux financements non conventionnels pour combler le déficit du budget de l'Etat. Il serait donc fort possible que les quelques 300 députés appartenant aux partis de la coalition (FLN, RND, MPA et TAJ) s'inscriront en masse dans les débats pour, d'un côté, noyer les critiques de l'opposition, et de l'autre, inonder l'hémicycle par des discours saluant les « vertus » de la politique du gouvernement. La revanche Pour Ahmed Ouyahia, la réunion d'hier était très importante.Il prend une revanche sur ceux qui ont tué dans l'œuf une initiative qu'il avait lancée juste après son retour à la tête du RND, il y a prés de deux ans. En effet, en juin 2015, il avait appelé à la relance de l'alliance présidentielle où logeront le FLN, le RND, le MPA et le TAJ, soit les mêmes partis réunis hier autour de lui. Mais son initiative a été avortée et Ouyahia freiné dans son élan par l'ex-secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, au plus fort moment de son règne sur l'ex-parti unique. Par opposition à la démarche d'Ouyahia, Saâdani lancera le projet du «mur national» auquel le RND a refusé d'adhérer. L'initiative mort-née de Saâdani a été un échec total pour l'homme qui a fini par être débarqué du FLN. Aujourd'hui, Ouyahia prend donc sa revanche en «imposant» en quelque sorte son idée qui consiste à relancer l'Alliance présidentielle avec le FLN, le RND, le TAJ et le MPA. Le plan d'action du gouvernement, qu'il présentera devant l'APN ce dimanche, est le prétexte idéal pour relancer son projet. Le conclave d'hier sonne alors comme le début de la concrétisation de l'initiative, d'autant plus que des réunions de même genre seront tenues dans le futur.