«Le financement non conventionnel est la dernière cartouche en la matière qu'utilisera le gouvernement à partir de cette année...» Si le financement conventionnel est maintenu pendant cinq ans, la modernisation de notre économie risque d'être remise aux calendes grecques, alors qu'on en a grandement besoin», a souligné hier l'ancien ministre des Finances, également délégué général de la BEF, Abderrahmane Benkhalfa, lors de son passage à la chaîne 3 de la Radio nationale. «Je n'ai jamais eu aussi peur pour mon pays et son économie comme à la veille de la prise de telle mesure qui a été trop élargie», a-t-il prévenu. «Le financement non conventionnel est une exception et la règle c'est de continuer à bancariser, ramasser les ressources et attirer les fonds de l'extérieur...», a-t-il poursuivi. «Contrairement à ce qu'on pense, les problèmes financiers que nous vivons ne découlent pas seulement du problème financier, ils découlent de la structure, de notre économie. Le dynamisme de notre économie est en décalage par rapport à nos perspectives», dira-t-il. «Le financement non conventionnel est qualifié de «la dernière cartouche» qui sera utilisée à partir de cette année par le gouvernement. A la veille du vote par le Parlement, du programme présenté par le nouveau gouvernement, l'ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa impute les problèmes financiers auxquels est confrontée l'Algérie à la structure même de son économie. Il considère que cette structure est «en décalage» par rapport aux perspectives du pays, obligeant, aujourd'hui, à utiliser «la dernière cartouche» que représente le mode de financement non conventionnel.«Depuis 2014 plusieurs pistes ont été ouvertes à l'image de la conformité fiscale, l'emprunt pour la croissance, et nous continuons cette année avec le recours, exceptionnellement au financement non conventionnel. Le pays doit générer des ressources dans les années à venir», a-t-il rappelé. «Nous arrivons ainsi à un carrefour complexe et difficile avec des dossiers qui fâchent qu'il faudrait ouvrir», a-t-il indiqué. «Je ne partage pas la focalisation qui se fait sur le financement non conventionnel car il n' y a pas que cela. Le plan comporte aussi des réformes structurelles, la poursuite de l'efficience budgétaire», a-t-il estimé. Pour Benkhalfa «le financement non conventionnel c'est l'exception qui dure au maximum trois ans». Durant cette période il faut tenir deux fers aux feux: «Utiliser cette voie en mettant tout de suite des garde-fous pour que le financement monétaire qui érode le pouvoir d'achat et ronge la valeur du dinar ne soit pas trop élargi, et ouvrir en parallèle les dossiers de la subvention, du partenariat public/privé, de l'ouverture du capital des entreprises et des banques publiques et ceux de la réforme du système bancaire et de l'investissement direct, y compris la flexibilisation de la règle des 51/49%», a-t-il plaidé. «Nous avons des ressources disponibles sur les plans national et international. Il faut les lever au même moment», suggère Benkhalfa. Outre ces mesures, celui-ci conseille au gouvernement de ne plus couvrir «tous les investissements» dégagés par la Banque d'Algérie, à «bancariser» l'économie, à récupérer les «milliards de dinars» qui circulent dans les circuits informels et à éviter l'endettement étranger. «Il faut que la Banque d'Algérie, la direction générale du Trésor et le ministère des Finances veillent à ne pas complètement couvrir tous les besoins systématiquement par la Banque d'Algérie. Il faut également bancariser l'économie et ramasser les ressources thésaurisées», insiste-t-il. L'intervenant se déclare, par ailleurs, favorable à la poursuite de l'emprunt obligataire «pour attirer les ressources disponibles par le biais de l'investissement et, d'autre part, faire en sorte que l'économie génère des ressources», un objectif dont il considère qu'il ne pourra être obtenu que par un ajustement important.