L'ex-ministre des Finances Abderahmane Benkhalfa estime que le gouvernement Tebboune a introduit «un nouveau programme économique», et «une nouvelle démarche». Il a souligné jeudi à la radio nationale que «nous sommes devant un nouveau programme, une nouvelle démarche». Mais, «le développement continue au même rythme (...) le pays maintient le même rythme en matière d'infrastructures et de développement social, il y a la prise en charge du financement de l'économie, des grandes questions du financement, de l'efficience budgétaire, la gouvernance économique, et les entités économiques, les banques publiques, l'organisation du marché et toutes les questions liées à la réglementation économique pour permettre une mutation durant les années à venir», a souligné M. Benkhalfa. «Il faut que le pays cesse de dépenser pour se développer, mais doit faire de la croissance avec les ressources du marché». Les anciens programmes de développement étaient basés, selon lui, sur la dépense publique, et avec la crise économique actuelle, le gouvernement doit passer «de la dépense publique à l'investissement privé. On passe à l'ingénierie économique». Car maintenant, «il faut travailler avec de nouveaux instruments. Ce ne sont pas des lois supplémentaires qu'il faut, la démarche vise à rénover l'administration économique d'un côté et, de l'autre côté, il faut des «espaces d'investissement. Il faut plus libérer (l'économie) que légiférer», estime l'ex-ministre des Finances. En outre, par rapport à la crise économique induite par la baisse des recettes pétrolières, il reste optimiste. «Nous avons de la marge (par rapport à la crise), l'agenda est important, et il faut intégrer les acteurs économiques publics et privés. Nous avons travaillé à l'ombre de la dépense publique, c'est un éveil national, on quitte les ressources publiques pour aller vers celle privées», ajoute t-il en commentant le programme du gouvernement. L'une des solutions pour créer des financements et des sources d'investissements est de «ramasser les ressources thésaurisées». Il y a également la possibilité des financements et des investissements externes pour éviter l'écueil de l'endettement, M. Benkhalfa estimant qu'il faut «lever les tabous». Et puis, il rappelle qu'il y a également dans cette quête de financement de l'économie nationale, les produits bancaires, comme la finance islamique. D'autant qu'il explique, au niveau des «ressources non conventionnelles» préconisées par le gouvernement, qu'il ne s'agit pas de «la planche à billets», ni un endettement, mais des «investissements sur capital, de nouveaux produits bancaires (leasing, produits et finance islamique), outre l'inclusion financière et fiscale, car les ressources des commerçants sont importantes et il faut les capter». Plus que jamais, M. Benkhalfa pense que l'une des solutions à la crise de financements, donc de l'assèchement des liquidités bancaires, c'est qu'il faut capter «les ressources informelles et les introduire dans le secteur formel, et donc diminuer la dualité de la valeur du dinar et doper la compétitivité de l'économie et de la parité du dinar car, à long terme, ce n'est pas tenable». Quant à la réduction des subventions publiques, il estime qu'il y a plusieurs scénarios, quitte à aider les familles nécessiteuses par 'du cash'' après avoir augmenté les prix de produits stratégiques, et «en même temps, on continuera à subvenir par d'autres façons». Par ailleurs, M. Benkhalfa pense qu'il faut maintenant se soucier du retour sur investissement des grands projets structurants dans les transports, l'éducation, l'habitat, la santé, les routes (péage)... car «il faut retourner à une rationalisation plus grande, passer à une autre phase pour recueillir ce qui a été investi». «C'est un vrai chantier du retour à l'investissement, comme il y a aussi l'ouverture à l'investissement international. Il faut y aller, car s'il n'y aura pas d'endettement extérieur, il faut accélérer l'investissement international, avec des networks, ainsi que le développement des PPP (partenariat public-privé), qui rapportent beaucoup de ressources et évitent l'endettement». M. Benkhlafa termine en affirmant que «l'avenir, c'est l'internationalisation de l'économie, le mixage entre investissements nationaux et internationaux», outre «le développement l'économie des services». D'autre part, il estime que les réserves de change «sont importantes, (et) c'est bien, comme il ne faut pas regarder le stock mais le niveau des flux». Il a expliqué que la durée des réserves de change actuelles par rapport à la baisse des recettes pétrolières et la dépense publique de plus en plus importante, qu'«il ne faut pas regarder le stock (des réserves de change) mais les flux, qui doivent se renouveler» avec les activités créatrices de richesses, dont le tourisme et le secteur des services, «comme par exemple il faut qu'il y ait de plus en plus de touristes». «Il faut alimenter ce stock par autre chose que les hydrocarbures», préconise-t-il car «il y a également la régulation économique, dont la baisse des importations par une offre locale importante, d'où cette importance de l'investissement et la substitution aux importations». En somme, «il doit y avoir une économie plus compétitive», estime-t-il. A fin 2016, les réserves de change étaient de 114,1 milliards de dollars, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie.