Les banques vont mener un travail de proximité pour inciter les détenteurs de capitaux informels à déposer leur argent dans la sphère bancaire dans une totale "discrétion" et "sécurité", a déclaré, mardi, le ministre des Finances, Abderahmane Benkhalfa, dans un entretien à l'APS. "A partir de la semaine prochaine, il y aura plusieurs actions de communication pour amener les détenteurs de capitaux informels à déposer leur argent dans les banques. Pour la première fois, nous avons demandé aux banques de sortir et d'aller chercher des clients", a précisé M. Benkhalfa. Ces actions de proximité, vont être engagées par la communauté bancaire dans les sphères où il y une intense activité commerciale et économique afin d'encourager les opérateurs qui exercent dans l'informel à se rendre à la sphère formelle en déposant leurs fonds dans les banques, selon le ministre. Application d'une mesure instituée par la loi de finances Cette opération vient en application d'une mesure instituée par la loi de finances complémentaire 2015 qui a fixé à 7% la taxation forfaitaire libératoire applicable sur les sommes déposées auprès des banques par des personnes physiques qui peuvent, désormais, transférer leurs capitaux du circuit informel vers les banques, rappelle-t-on. Le premier argentier du pays a précisé que "Les banques vont même, peut-être, installer des guichets dans les sphères où il y a une forte activité commerciale". "Les banques vont commencer à partir du 15 août prochain à recevoir cet argent capitaux informels. Nous les avons instruites à ce que le processus soit mené dans les meilleures conditions", a-t-il poursuit.
Une totale "discrétion" et "sécurité" Rassurant les détenteurs de capitaux non bancarisés sur le sort de leurs fonds, M. Benkhalfa a promis que les opérations de dépôt de ces capitaux seront menées dans une totale "discrétion" et "sécurité", expliquant que cette mesure vise non seulement à assainir l'économie parallèle mais aussi à faire profiter la sphère réelle par cette catégorie de fonds. "En 2017, nous devrions avoir une seule économie algérienne et non deux: formelle et informelle", a avancé le ministre soulignant que cette mesure est bénéfique à la fois pour ces détenteurs de capitaux et pour l'économie nationale. "Nous avons assisté, durant ces 15 à 20 dernières années, à une intense activité. Et c'est le moment de ramasser maintenant cet argent", a-t-il insisté estimant qu'il s'agit d'une "mesure de rétablissement de confiance" entre le gouvernement et le citoyen. A la question de savoir quelle est son estimation sur le montant approximatif qui sera drainé suite à cette mesure, le ministre a considèré que cela dépendra de plusieurs facteurs dont la réaction des intéressés et l'efficacité des banques. "Nous ne pouvons pas dire que nous allons ramasser 1.000 milliards. Nous le souhaitons mais nous ne le savons pas. Mais l'idéal est d'arriver, en 2017, à généraliser cette opération de bancarisation de l'économie", a soutenu le ministre.
Benkhalfa détaille la procédure Sur le même sujet, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, s'est exprimé, sur la chaine 3 de la Radio Algérienne pour commenter quelques-unes des mesures arrêtées par le gouvernement pour relancer la productivité de l'économie. Parmi les décisions phare figure la question relative à la " formalisation " du dépôt dans les banques des quelques 40 milliards de dollars, l'équivalent de 3.700 milliards de dinars) détenus par les magnats de l'économie informelle. Des mesures contenues dans la loi de Finance complémentaire il retient celle relative à l'optimisation des ressources et des dépenses budgétaires " afin, précise-t-il, de mieux utiliser la dépense publique avec plus de retour sur investissement ". Des mesures particulières mises en avant par l'Etat, il signale celle permettant d' " ouvrir les portes " à tous les acteurs de la sphère réelle qui possèdent des fonds et qui, "au lieu de les thésauriser", sont invités à les déposer dans les banques "à compter du 15 août". Il considère que ce sont là des capitaux amassés à " la sueur des uns et des autres" mais qui " pour des raisons procédurales " ou " conjoncturelles " ne circulent pas suffisamment dans la sphère bancaire. M. Benkhalfa annonce qu'à l'égard de ces capitaux, des mesures "d'accueil et de mise en conformité" ont été arrêtées, soulignant que beaucoup parmi ces derniers ne sont pas "nécessairement à fiscaliser". Il met en avant trois garanties pour mettre en confiance ces détenteurs de fonds : un système bancaire sécurisé, l'absence de tout inconvénient procédural à leur endroit, précisant qu'au plan fiscal, il n'y a que ceux qui estiment avoir une situation à régulariser qui peuvent se déclarer au titre d'une "conformité fiscale volontaire". Aux détenteurs de fonds concernés, le ministre annonce, aussi, que quelque 900 agences bancaires ont été mandatées pour les accueillir et les conseiller "avec tout le respect dû à des citoyens ayant une activité dans la sphère réelle" et qui ont décidé de retourner à une situation "normale".