Des bombes à retardement explosent, ici et là, cycliquement en Afrique. Plusieurs pays africains sont ainsi tiraillés par des différends ethniques souvent insolubles. Cela a été le cas de la Côte d'Ivoire, notamment, ça l'est encore de la Centrafrique, du Nigeria, de la R.D du Congo. Récemment c'est au Cameroun que les braises se sont rallumées. De fait, samedi dernier (1er octobre, date anniversaire de la réunification du Cameroun anglophone et du Cameroun francophone en 1960), les séparatistes proclamèrent, allégoriquement, la République d'«Ambazonie» dans les régions anglophones du Nord-Est et du Nord-Ouest du Cameroun. Cela ne s'est pas fait sans des violences qui causèrent la mort de 14 personnes. Notons que le Nord du Cameroun, frontalier du Nigeria est majoritairement peuplé de musulmans. En fait, les causes du contentieux camerounais sont lointaines et datent précisément de 1881 et du charcutage de l'Afrique par les colonialistes européens. Dès lors .le territoire qui deviendra le «Cameroun» - à l'instar d'autres régions du continent noir qui ont fait l'objet d'un découpage au prorata de la puissance des Etats impériaux européens lors du congrès de Berlin de 1881 - a été attribué à la fin du XIXe siècle à l'Allemagne. Après la défaite allemande [dans la Grande Guerre de 1914-1918] la colonie allemande a été partagée par la Société des Nations (SDN, ancêtre de l'ONU) entre le Royaume-Uni et la France. D'où l'émergence d'un Cameroun anglophone et d'un Cameroun francophone. Jusqu'en 1972, le Cameroun a été un Etat fédéral avec singulièrement deux Etats jouissant des attributs de souveraineté. Le référendum de 1972, mit fin au fédéralisme et scella l'unité du Cameroun. Toutefois, les problèmes de fond subsistaient alors que couvaient les rancoeurs, envenimées par une mal-gouvernance et la marginalisation - comme l'estiment les séparatistes - des Camerounais anglophones. L'année dernière, en novembre, le feu qui couvait dans les régions anglophones s'est rallumé. Loin de tenter de trouver une issue pacifique au contentieux, Yaoundé s'est voulue ferme, ignorant les doléances des anglophones, refusant notamment de discuter un retour au fédéralisme ou, carrément, aller à la séparation comme le proposent les «indépendantistes». Le gouvernement de Yaoundé a répondu par la répression, radicalisant la contestation, ce qui est loin de résoudre un problème qui est réel. Ces turbulences induites d'un pouvoir mal compris et mal assumé, sont aussi celles de la République démocratique du Congo [aggravées en RDC, par un conflit politique, le président Joseph Kabila - dont le mandat s'est achevé le 20 décembre 2016 - refusant de fixer une date pour l'élection présidentielle, donc de quitter le pouvoir]; du Nigeria qui a maille avec les séparatistes biafrais, revenus au-devant de la scène politique nigériane; de la République centrafricaine piégée dans des guerres sans fin entre diverses ethnies, bloquant le développement d'un pays en perdition. Quoique n'arrivant pas au degré de gravité des quatre pays cités, ci-dessus, ces difficultés existent dans de nombreux pays africains, dont les gouvernements n'arrivent pas à leur trouver des solutions durables et acceptables par tous. C'est en fait, cela l'héritage empoisonné du colonialisme. Assurément, un pays comme la France n'a jamais quitté l'Afrique où il maintient des bases et des troupes militaires empiétant sur la souveraineté des Etats africains. Le continent noir n'a pas fini de souffrir des séquelles d'un colonialisme qui refuse de lâcher, maintenant les pays africains - «indépendants» - sous tutelle. Malgré ses richesses, en près de 60 ans d'indépendance, l'Afrique n'est toujours pas arrivée, néanmoins, à décoller, politiquement et économiquement. Ceci explique, sans doute cela.