Il faut faire confiance à l'entreprise algérienne D'aucuns avancent que le rythme des actions entreprises à ce jour est trop lent et demande à être accéléré. Or, sur le terrain la réalité est toute autre. Le train de la sous-traitance est en marche. Il s'agit de le prendre. La sous-traitance industrielle et son corollaire l'intégration industrielle s'imposent comme une évidence a l'aune du nouveau virage économique qu'amorce l'Algérie. Les derniers chiffres communiquées officiellement ont fait état de près de mille sous-traitants qui exerceraient actuellement sur le marché algérien. Un chiffre certainement en hausse depuis la création récente des pôles industriels, notamment ceux dédiés à l'automobile comme celui de Tiaret ou de Relizane, à l'ouest du pays. Historiquement les sous-traitants, particulièrement ceux de la filière mécanique, sont fédérés par l'Upiam Union nationale des professionnels de l'industrie automobile et mécanique, une organisation qui existe depuis 1993. Les gros donneurs d'ordres étant Sonatrach, Sonelgaz, Gica, Enie, Eniem, Annabib, Sntf, Snvi, Enmtp et BCR, en sus de dizaines d'opérateurs privés spécialisés. L'avènement de fleurons de l'électronique aura par ailleurs participé à l'élargissement des compétences et donc à la variété des profils des sous-traitants. Des producteurs comme Condor ou encore Iris encouragent donc l'émergence de fournisseurs potentiels de quelques composants, sinon prennent eux-mêmes à bras-le-corps ce challenge en spécialisant certaines de leurs unités pour qu'elles les pourvoient en pièces. Dans tous les cas, le nombre des sous-traitants demeure en deçà des attentes puisque l'on évoque un taux de 10% seulement alors que certains pays voisins caracolent à des taux variant entre 20% et 28%. C'est ce qu'a par exemple rappelé hier, à la faveur de son intervention sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3, Adel Bensaci, directeur général de la Someni et président du Cluster mécanique de précision. Ce dernier estime que développer la sous-traitance pourrait réduire de moitié la facture des pièces de rechange estimée à 8 milliards de dollars/an. Il plaide pour un partenariat gagnant-gagnant pour relever le défi de la sous-traitance. il propose d'appliquer aux fournisseurs d'équipements des mesures de «compensation industrielle», telles l'intégration de pièces à l'export et celle de la sous-traitance industrielle avec le partenaire local. Citant des «voisins de l'est» qui, indique-t-il, ont réussi à créer un pôle aéronautique sur la base de ce principe, l'invité note qu'il n'est «pas normal» que l'Algérie investisse des «sommes colossales» pour acquérir, par exemple, des avions de transport, sans pour cela bénéficier de ces compensations industrielles, d'autant, dit-il, que celles-ci sont incluses dans les prix d'acquisitions de ces appareils au titre du «donnant-donnant». Il rappelle que ce qui vaut pour l'achat de matériel volant l'est également pour le secteur de l'automobile, pour lequel relève-t-il, «on n'a aucune visibilité ni vision stratégique de ce que va ou veut être la sous-traitance en Algérie». Contrairement à l'avis de Bensaci, d'autres observateurs à l'instar de Azziouz Laib, directeur de la Bourse algérienne de la sous-traitance et du partenariat Bastp qui juge qu'il faille faire confiance aux entreprises algériennes au bénéfice de l'économie nationale. Le tout consistant à mettre en liaison les sous-traitants et les donneurs d'ordres nationaux afin de créer des partenariats réels et durables pour couvrir les besoins du marché national. Il s'agira ensuite d'identifier par secteur les besoins et les capacités d'intégration locale en matière de produits, de composants et de services. D'autres voix appellent enfin à s'atteler aux grands donneurs d'ordres internationaux lesquels pourront par leurs exigences et cahiers des charges spécifiques hisser le niveau de qualification et donc permettre la création d'un réel tissu de sous-traitants performants et offrant des produits aux normes internationales. En fait, ce serait là la voie royale qu'emprunteraient les ambitieux entrepreneurs dans l'univers de la sous-traitance. De grandes marques de l'industrie automobile ont déjà assimilé l'importance de l'enjeu travailler in situ et d'oeuvrer pour le long terme. Citons par exemple Sealynx international, filiale du Groupe GMD, spécialisée dans la fabrication de produits en caoutchouc pour l'étanchéité de carrosseries automobiles. Cette dernière s'installe en Algérie, plus précisément à Oued Tlélat à Oran. Sa mission consiste à fournir les usines automobiles présentes et futures en joints en caoutchouc. Au démarrage, le site qui s'étale sur 12.000 m2 est prévu pour fournir les producteurs en activité en pièces pour les modèles qu'ils commercialisent. Dans un deuxième temps, l'objectif est d'intégrer rapidement au sein de l'usine créée en Algérie les activités futures pour PSA et d'autres constructeurs automobiles ou poids lourds, notamment le Suédois Scania. Il est donc clair que l'Etat façonne de nouveaux canevas pour les professionnels de la sous-traitance. D'aucuns avancent que le rythme des actions entreprises à ce jour est trop lent et demande à être accéléré. Or, sur le terrain la réalité est toute autre. Le train de la sous-traitance est en marche. Il s'agit de le prendre.