Le roi du Maroc Cette rencontre est intervenue dans la foulée des déclarations du souverain marocain qui a exclu le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le droit et la légalité internationale reprennent leur droit de cité. Les gesticulations et les proclamations, fussent- elles royales, ne mettront pas fin au conflit du Sahara occidental. Le souverain marocain doit y souscrire. Son voeu de mettre sous sa coupe réglée ce territoire qui figure sur la liste de l'ONU des territoires non autonomes qui restent à décoloniser, annexés en 1975, doit cesser. Le Conseil de sécurité, qui a pris connaissance du premier rapport du représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental suite à sa visite dans la région entre le 15 et le 23 octobre a été mis face à ses responsabilités. Dans une déclaration à la presse, publiée le 21 novembre à New York à la veille du briefing de Horst Kohler au Conseil de sécurité, le Front Polisario a dit «attendre que le Conseil assume sa responsabilité envers le peuple du Sahara occidental et assure le plein respect de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance». Une délégation comprenant Mhamed Khadad, coordinateur sahraoui avec la Minurso et Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario à New York, s'est entretenue mardi avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. «Le Conseil de sécurité a le devoir de garantir que ses propres résolutions soient respectées et pleinement mises en oeuvre», ont ajouté les représentants du peuple sahraoui qui ont demandé à l'envoyé personnel de faire le point sur la base de la résolution 2351 adoptée en avril 2017, des progrès réalisés en vue d'une solution juste et durable au conflit au Sahara occidental, en tant que question de décolonisation. «Avec un nouvel envoyé personnel et un mandat clair du Conseil de sécurité, le processus de paix devrait reprendre, en gardant à l'esprit le respect du droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination qui doit être la principale orientation de tout effort crédible des Nations unies visant à assurer une solution durable et juste au conflit au Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique», a déclaré Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès de l'ONU. «Le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination est inaliénable et, par conséquent, non négociable», a souligné le diplomate sahraoui, ce que refuse de lui reconnaître le roi du Maroc. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité.» a-t-il martelé dans un discours adressé à ses sujets à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Le cavalier seul de l'héritier de Hassan II a buté sur le mur onusien qu'il a osé défier. La réplique est venue du porte-parole du SG de l'ONU qui a été interrogé sur une éventuelle réaction de Horst Köhler, représentant personnel du SG des Nations unies, Antonio Guterres, pour le Sahara occidental à propos des déclarations du monarque alaouite. «Il y a un mandat du Conseil de sécurité (conféré) à l'envoyé personnel ainsi qu'à la Minurso, et nous allons continuer ce mandat et poursuivre notre travail», a souligné Stéphane Dujarric lors d'un point de presse qu'il a tenu le 8 novembres, soit 48 heures seulement après les propos tenus par le roi. Mohammed VI a t-l voulu envoyer un message à l'Organisation des Nations unies à travers son discours prononcé le 6 novembre à l'occasion de la commémoration de la «marche verte»? L'instance onusienne s'est refusée à toute polémique. «Je ne vais pas réagir au discours du roi», a ajouté le porte-parole de Antonio Guterres tout en soulignant que «les mandats de Köhler (représentant personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, Ndlr) et de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, ndlr) ont été établis par le Conseil de sécurité et c'est sur cette base que le processus de règlement du conflit du Sahara occidental sera poursuivi.». La rencontre de mardi entre le représentant personnel du SG de l'ONU et la délégation du Front Polisario l'atteste. Mohammed VI doit remettre les pieds sur terre.