Que ne peut-on dire ... en privé ! Si la politique est l'art du possible, la diplomatie est plutôt celui de l'esquive et du faux semblant. N'a-t-on pas coutume d'affirmer qu'un diplomate sait mentir comme un arracheur de dents? Pour la bonne cause? Voire ! Ainsi en est-il du conflit proche-oriental qui préoccupe la classe politique et les diplomates dans le monde. Aussi ce dossier est-il le thème récurrent des discussions dans les dîners en ville. C'est sans doute dans ce contexte que l'ambassadeur de France en Grande-Bretagne s'est laissé aller à dire dans une conversation privée, non à destinée à être rendue publique, ces propos sur Israël: «Un petit pays de m.... Ah! Qu'a-t-il dit?» La presse britannique avait tôt fait de s'emparer des mots peu amènes du diplomate à l'endroit de l'Etat hébreu pour les étaler sur ses tabloïds. Certes, le diplomate français a démenti les propos qui lui sont attribués indiquant «n'avoir pas tenu ce propos dans la forme ou il est rapporté par les journaux». Sans doute que l'ambassadeur français n'a pas employé les termes injurieux qui lui sont prêtés, mais ne dément pas avoir dit quelque chose de pas charitable pour le «petit pays» assiégé par les ogres arabes. De fait, une règle non écrite semble mettre Israël hors de toute critique, de tout jugement ou condamnation, quoi qu'il fasse. Nous en voulons pour preuve le fait scandaleux en soi, hors du commun, qui fit que l'ONU, pourtant en charge depuis 54 ans du dossier proche-oriental, les parties belligérantes identifiées depuis cette époque, trouvera néanmoins le moyen de dire sa préoccupation de l'escalade de la violence dans les territoires palestiniens sous occupation ....étrangère. Oui étrangère, pas israélienne. C'était lors de la Conférence de l'ONU contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance en août dernier. Israël soutenu par les Etats-Unis, ne fut ainsi ni désigné ni condamné pour ses exactions contre le peuple palestinien, sans doute opprimé par les ...Martiens. Israël prétend aujourd'hui interdire même à des diplomates d'avoir, en privé, des opinions qui ne lui sont pas favorables. Tétanisés par le fait de tomber sous l'accusation d'antisémitisme, les diplomates et hommes politiques s'adonnent à un jeu d'équilibre pour le moins baroque, pour n'avoir pas à responsabiliser l'Etat hébreu dans les exactions que commettent son armée et ses colons contre la population palestinienne. Et peu de pays occidentaux dérogent à cette règle de déculpabiliser Israël aussi criminelle que soit son action contre un peuple pris en otage. L'escalade de la violence dans les territoires palestiniens occupés sont le fait des agressions de l'armée israélienne et plus singulièrement de Sharon qui multiplia les provocations depuis son accession à la tête de l'Etat en février dernier. Cela ne fait aucun doute pour la communauté internationale qui, néanmoins, ménage le boucher de Sabra et Chatila, trouvant même le moyen de mettre sur la défensive et sous les feux de l'actualité le président palestinien Yasser Arafat lequel est sommé d'arrêter la violence alors même que l'armée israélienne lamine la police et les services de sécurité palestiniens détruisant les symboles de l'Autorité palestinienne. Sharon met le feu aux poudres, c'est à Arafat que l'on demande de l'éteindre... même si, en privé, les chancelleries admettent la responsabilité de Sharon dans la détérioration de la situation. Déjà, il y a quelques années, le secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright, en charge du dossier, excédée par les rodomontades du chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu ( c'est Netanyahu qui, en 1996 commença le démantèlement du processus de paix par son refus d'honorer les engagements de retrait israélien des territoires palestiniens) menaça de rendre...publique sa responsabilité dans l'impasse au Proche-Orient. Si, Mme Abright «pesta» en privé contre l'entêtement de Netanyahu, elle ne mit jamais à exécution sa menace et ce sont encore les Palestiniens qui durent faire des concessions. Israël est seul responsable de la situation induite par les événements du Proche-Orient, personne n'ose le dire à haute voix, mais tout le monde l'admet et le murmure en ...privé.