Grande première jeudi au Département d'Etat américain où le tout nouveau président des Etats-Unis a prononcé son premier discours de politique étrangère. De ce point de vue, le président Barack Obama qui a pris ses fonctions mardi, tient ses promesses. « On en parlera après le 20 janvier », ne cessait-il de dire en guise de réponse à toutes les pressions en vue de réagir à la guerre israélienne contre les Palestiniens. Il s'est fixé un ordre du jour, et il l'a respecté jusqu'au bout. Voilà donc pour la forme, et lui y a mis un peu plus en se servant du siège des Affaires étrangères américain pour annoncer un certain nombre de mesures, au sujet de la question palestinienne que beaucoup considèrent comme la matrice des relations internationales. On ne sait pas s'il partage cette analyse qui frappe par sa pertinence, mais lui a chargé un négociateur chevronné de ce dossier, et en promettant d'y travailler « activement et avec pugnacité ». « La politique de mon administration sera d'œuvrer, activement et avec pugnacité, à une paix durable entre Israël et les Palestiniens, ainsi qu'entre Israël et ses voisins arabes », a déclaré le nouveau président américain. « Pour aider à poursuivre ces objectifs, la secrétaire d'Etat (Hillary) Clinton et moi-même avons demandé à George Mitchell de devenir émissaire spécial pour la paix au Proche-Orient », a-t-il ajouté. Considéré comme l'un des artisans de la paix en Irlande du Nord, George Mitchell, 75 ans, ira « dans la région dès que possible pour aider les parties en présence à garantir que le cessez-le-feu qui a été obtenu, devienne durable et viable », a poursuivi M. Obama. En déplaçant dans la région un négociateur aussi respecté et expérimenté que M. Mitchell, Barack Obama, semble vouloir reprendre un travail entamé en 2000 par George Mitchell, alors envoyé spécial du président de l'époque Bill Clinton. Il a dû alors remettre son tablier en raison de l'obstruction israélienne contre ces fameuses mesures de confiance comme le gel de la colonisation. Et cette politique a atteint son paroxysme avec la fameuse balade, une provocation en réalité, du chef de la droite israélienne Ariel Sharon, sur l'esplanade des mosquées dans la ville sainte d'El Qods. Ce sera alors le début du deuxième soulèvement, l'intifadha El Aqsa. La suite on la connaît, puisque ce même Sharon, porté au pouvoir deux mois plus tard, décrètera la mort des accords d'Olso. Dans une certaine mesure, Barack Obama rompt avec la politique de son prédécesseur George W. Bush qui a longtemps refusé de s'impliquer directement dans le processus de paix israélo-palestinien, avant de le relancer fin 2007 à Annapolis, près de Washington. Mais cela ne l'a pas empêché de prendre parti pour les Israéliens, en parlant d'autodéfense des Israéliens, et en acceptant le plan Sharon pour un soi-disant retrait de Ghaza, et qui prévoyait des « compensations territoriales ». Rien que cela. Contrairement à l'ex-chef de la diplomatie Condoleezza Rice, qui insistait sur l'aspect « bilatéral » des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, refusant de participer aux négociations, M. Obama est apparu résolu à impliquer directement les Etats-Unis. « L'Histoire montre qu'un engagement robuste et continu des Etats-Unis peut réduire les clivages et créer les capacités qui permettent des progrès », a-t-il noté. C'est cet engagement, ou encore qu'il soit mis fin à ce faux retrait qui doit cette fois être explicité. Que propose en effet, M. Obama ? Là, relèvera-t-on, rien de particulièrement nouveau dans la politique proche-orientale des Etats-Unis. En fait, il n'a pas rompu avec la politique de son prédécesseur, justifiant notamment l'agression israélienne dans la bande de Ghaza (plus de 1300 morts palestiniens). « Soyons clairs : l'Amérique est résolue à défendre la sécurité d'Israël et nous soutiendrons toujours le droit d'Israël à se défendre contre des menaces légitimes », a-t-il indiqué. « Pendant des années, le Hamas a lancé des milliers de roquettes sur d'innocents Israéliens », a-t-il ajouté. De ce point de vue, rien en ce qui concerne le fond de la question palestinienne. Il soulignera toutefois que « si les tirs de roquettes sur les Israéliens sont intolérables, c'est également le cas d'un avenir sans espoir pour les Palestiniens. Maintenant, nous devons tendre la main à ceux qui souhaitent la paix », a-t-il dit avant de demander l'ouverture des points de passage vers la bande de Ghaza pour permettre l'entrée de l'aide internationale, « avec les observateurs appropriés et la participation de l'Autorité palestinienne et de la communauté internationale », récusant ainsi les conditions posées mardi par la ministre israélienne des Affaires étrangères demandant la libération d'un soldat israélien détenu par des Palestiniens.. Si on ne sait pas encore quelles sont les bases de travail de M. Mitchell, mais lui s'est engagé à « déployer tous les efforts pour chercher à parvenir à la paix et à la stabilité au Proche-Orient ». Ou encore qu'il a une philosophie claire en déclarant que « les conflits sont créés, menés et continués par des êtres humains. Ils peuvent être achevés par des êtres humains ». L'on retiendra aussi que les premiers à se féliciter d'un tel choix, ce sont les Israéliens et les lobbies qui leur sont acquis. D'un autre point de vue, on retiendra de l'action de Barack Obama, c'est qu'elle intervient au tout début de son mandat. Il ne l'a pas laissé pour la fin, ou plus simplement pour un éventuel deuxième mandat. C'est une habitude pour ceux qui veulent finir leur parcours sur un succès diplomatique. Lui a inversé le choix.