Il est souhaitable pour le pays de faire tourner la planche à billets Le début de l'opération de tirage de billets ne sera d'aucune incidence sur les prix à la consommation. Pour le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, il ne saurait y avoir de lien entre la hausse des prix à la consommation attendue à partir du 1er janvier prochain et l'opération de tirage des billets de banque qui a débuté récemment, arguant par là que le déficit du Trésor public pour l'année 2017, qui s'élève à 570 milliards DA, a été pris en charge grâce au mécanisme du financement non conventionnel. C'est ce qu'a expliqué le ministre à la presse en marge de l'inauguration de la 26ème édition de la Foire de la production algérienne. Ainsi faut-il croire que le grand argentier du pays est revenu à la charge contre ce qui se dit ici et là, à savoir que les prochaines hausses des prix à la consommations seront dues à la mise en circulation de liquidités issues de la planche à billets. Pourtant, ce dernier avait affirmé lors de son passage à l'APN que le financement conventionnel sera «vraiment limité» pour éviter l'inflation. Toutefois l'on peut avancer que la précision du ministre pourrait être interprétée comme une riposte à ceux qui continuent de faire croire, à partir de plateaux de chaînes de télévision, que l'inflation va grimper pour cause de la planche à billets. En effet, les auteurs de ce lien, et non moins universitaires, n'ont eu de cesse de soutenir à tout bout de champ, et se relayant parfois même, de dire que recourir à la planche à billets «c'est exposer le pays à des risques réels d'inflation comme cela peut engendrer des effets destabilisateurs de l'ensemble de l'économie» et d'autres de qualifier ce recours à la planche à billets comme «une fuite en avant», étant pourtant une thèse que rejettent beaucoup d'économistes. Et quand bien même le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait affirmé à maintes reprises, au lendemain de l'annonce officielle du recours au financement non conventionnel, que les fonds devant être empruntés par le Trésor public auprès de la Banque d'Algérie dans le cadre du mécanisme de financement non conventionnel, n'entraîneront pas une inflation car exclusivement destinés au financement de l'investissement public, cela n'a pas empêché les détracteurs de lâcher prise. Mais faut-il savoir que les partisans du recours au financement ont eu également à se prononcer par médias interposés afin de faire connaître leurs points de vue sur la question. Ils jugent en effet qu'il est souhaitable pour le pays de faire tourner la planche à billets». Comme certains se sont entendus pour dire que dans la situation de crise que traverse le pays et qui plus est risque de perdurer, «il devient urgent de recourir au financement non conventionnel», ont-ils soutenu. Une option rendue nécessaire car cet argent est destiné à l'investissement et au rachat de la dette bancaire de Sonelgaz et des titres du Trésor émis au profit de la Sonatrach en vue de permettre à ces entreprises de relancer leurs projets. Il faut savoir également que des voix se sont élevées car craignant que le financement non conventionnel soit utilisé à d'autres fins autres que l'investissement dans le secteur public. Le ministre des Finances a assuré que le contrôle serait assuré à tous les niveaux, à savoir le ministère des Finances, la Banque d'Algérie ainsi qu'à travers le décret présidentiel qui a été promulgué. Rappelons à ce sujet que la Banque d'Algérie va se charger du contrôle pendant toute la période de validité de la mise en action du financement non conventionnel, c'est- à-dire durant une période de cinq ans. En effet, cet instrument non conventionnel, dont l'objet est de permettre la mobilisation par le Trésor de financements exceptionnels, revêt un caractère transitoire, limité dans le temps à cinq années. Il convient de rappeler que le recours à cet instrument est destiné à accompagner un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires qui, grâce à une rationalisation de la dépense publique et à une optimisation des recettes fiscales, doit aboutir, au plus tard à l'issue de la période considérée, au rétablissement des équilibres macroéconomiques et financiers (les équilibres de la trésorerie de l'Etat et l'équilibre de la balance des paiements). A propos des équilibres de la trésorerie et de la balance, il y a lieu de rappeler que pour la loi de finances 2018, les dépenses vont globalement s'élever à 80 milliards de dollars et les recettes à 60 milliards de dollars, soit un besoin de financement d'environ 20 milliards de dollars. Le ministre des Finances avait indiqué récemment que les besoins en matière de financement non conventionnel sont estimés à 570 milliards de DA en 2017 et devraient augmenter à 1815 milliards de DA, 181.500 milliards de centimes en 2018 soit uniquement pour 2018 l'équivalent au cours de 115 DA pour un dollar de près de 16 milliards de dollars. Le déficit global du Trésor s'élèvera ainsi à près de 9% du produit intérieur brut devant trouver l'équivalent de 20 milliards de dollars, déficit qui sera couvert par la planche à billets.