La baisse annoncée du matelas de devises de l'Algérie est une conséquence directe de la baisse des revenus des exportations des hydrocarbures. Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, a présenté, hier, devant les membres de la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) le projet de loi de finances 2018, expliquant à cette occasion ses prévisions sur l'évolution des réserves de changes et des exportations des hydrocarbures durant les trois prochaines années. Selon le ministre, les réserves de changes de l'Algérie devraient baisser à 85,2 milliards de dollars fin 2018 contre 105 milliards de dollars actuellement. En 2019, ces réserves devraient encore baisser pour s'établir à 79,7 milliards de dollars, avant de baisser encore à 76,2 milliards de dollars en 2020. La baisse annoncée du matelas de devises de l'Algérie est une conséquence directe de la baisse des revenus des exportations des hydrocarbures qui ne couvrent plus le budget de l'Etat. A ce propos, le ministre a annoncé que les exportations d'hydrocarbures devraient atteindre 34,4 milliards de dollars en 2018, 38,3 milliards de dollars en 2019 et 39,5 milliards de dollars en 2020. Des revenus qui ne permettront pas un équilibre budgétaire d'où la nécessité de recourir aux réserves de changes afin de combler le déficit. Et à propos de ce déficit justement, le ministre des Finances table sur la baisse qui passera successivement de 2 344 milliards de dinars (Mds) en 2016 à 1 963 Mds en 2018 pour atteindre les 55 Mds en 2019. La baisse du déficit budgétaire passe notamment par la facture des importations dont la tendance baissière devra également se poursuivre. Abderrahmane Raouïa a d'ailleurs indiqué que les importations vont baisser à 43,6 mds usd en 2018, puis 41,4 mds usd en 2019 et 40,9 mds usd en 2020. La baisse des importations ne peut, à elle seule, permettre d'avaler le déficit du Trésor public surtout que les besoins en matière de financement qui sont estimés à 570 mds DA en 2017, devraient augmenter à 1 815 mds DA en 2018 avant de baiser à 580 mds DA en 2019. Le ministre a avancé le fait qu'à l'horizon 2020, «le Trésor public n'aura besoin de recourir à aucun financement, et ce, du fait du niveau faible du déficit prévu». Mais durant les trois prochaines années et afin d'arriver à une baisse du déficit du Trésor de l'ordre de 55 mds en 2019, l'Etat a décidé le recours au financement non conventionnel, comme l'a, à nouveau, expliqué le ministre des Finances. Cette nouvelle disposition, introduite, rappelons-le, dans la loi sur la monnaie et le crédit, permet à la Banque Algérie de procéder, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer, notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'investissement (FNI). Ce dispositif devra également permettre d'accompagner la réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires devant aboutir, au terme de la période susvisée, au rétablissement des équilibres de la Trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de la balance des paiements. A travers ce nouvel instrument, il s'agit notamment de financer le remboursement des titres de l'Emprunt national pour la croissance levé en 2016, des titre du Trésor émis en contrepartie du rachat de la dette bancaire de Sonelgaz et des titres du Trésor émis au profit de la Sonatrach en compensation du différentiel sur les prix des carburants importés et de l'eau dessalée. Cet instrument non conventionnel, dont l'objet est de permettre la mobilisation par le Trésor de financements exceptionnels, doit aboutir, dans 5 ans au plus tard, au rétablissement des équilibres macroéconomiques et financiers.