Un concert de musique, organisé à l'occasion de la célébration de Yennayer 2968, Nouvel An amazigh, a été animé vendredi soir à Alger par les chanteurs, Massinissa, Zayen et Hassiba Amrouche dans une ambiance festive, devant un public relativement nombreux. Les trois chanteurs, accompagnés par un orchestre pilote de six musiciens, se sont succédé, deux heures et demie durant, sur la scène de la salle El Mouggar, proposant au public un florilège de chants chaouis et kabyles, dans des atmosphères conviviales. Massinissa, premier à fouler la scène, a embarqué l'assistance dans un voyage au sommet des Aurès, alignant, avec sa voix puissante et étoffée, quelques chansons de son répertoire riche d'une vingtaine d'albums produits depuis 1985. Devant un public venu célébrer Yennayer, récemment réhabilité et consacré fête nationale, Massinissa, Chibani Ali de son vrai nom, a aligné entre autres pièces, Touiza et Natchnin di Chaouiyen (nous sommes des chaouis), rendues dans les cadences entraînantes du rythme chaoui et M'Ghani, interprétée dans le genre reggae, au groove régulier et récurrent. Dans un bel hommage à la parole, Zayen, prenant le relais, a déployé tout son talent d'artiste d'expression kabyle, à travers quelques-unes de ses chansons aux mélodies empreintes de créativité et aux contenus relevés, destinés à faire revivre la tradition ancestrale et à s'ouvrir sur le monde dans les valeurs de l'universalité. Tirées de ses cinq albums, enregistrés depuis ses débuts en 1994, dont le dernier Uchen d-Umeksa (2015), Zayen a sublimé, devant un public conquis, la paix et la non-violence, les coutumes berbères, ainsi que la femme africaine et amazighe, cette dernière, «gardienne de la tradition», comme il aime à le rappeler avec insistance. Parmi les pièces entonnées par le chanteur, à la voix limpide et pleine de présence, Salomé, Baden, Baden, Lemsella, Arkec, arkec, Tafrikant (l'Africaine) et Noussad (nous sommes venus), une chanson festive dont le texte, de circonstance, contient dans son refrain, la formule consacrée Assugwas Ameggas (bonne année), adressée au public qui le rendait à la scène dans la délectation. Etabli depuis 1999 à Paris, Zayen a confié à l'APS, la sortie prochaine d'un clip dont la préparation touche à sa fin, réalisé sur une chanson qu'il a écrite et composée, au titre de Dda Musa, qui prône le respect de l'environnement et dans laquelle il a associé une trentaine d'artistes, entre groupes et chanteurs libres, dont Les Abranis, Ideflawen et autres groupes chaoui et Mouzabite, Hakim Salhi, Hamidou, Kamel El Harrachi, ainsi que deux chanteuses, française et russe. En troisième partie du spectacle, Hassiba Amrouche, du haut de ses 40 ans de carrière, a littéralement enflammé la salle, avec son savoir-faire et sa spontanéité, interprétant généreusement plusieurs pièces du terroir et de son riche répertoire avec un professionnalisme confirmé, dans une prestation empreinte de beaucoup de métier. Faisant interagir le public qui a cédé au déhanchement reprenant en choeurs tous ses refrains, l'artiste, au charisme imposant et au parcours artistique exceptionnel, jalonné d'une cinquantaine d'albums, entre variétés algériennes, raï et kabyle, a chanté, dansé et beaucoup parlé à ses admirateurs, usant de plaisanteries et de l'humour qui lui est connu, dans le plaisir et la joie d'une ambiance devenue familiale. Arriha L'aâmbar, Sniwa ifendjalen, Assa Dhamervouh, Cheikh Aheddad de Chrifa, A vou mendil af tuyeth, Ya zinz el aâli, et Al khir ino ainsi que Essendou d'Idir, sont autant de titres que Hassiba Amrouche, incontestablement une des icônes de la chanson algérienne, a interprété avec une voix étoffée, à la tessiture large. «Aimons-nous tous dans la paix, sous le toit de notre chère Algérie», a-t-elle lancé au public qui lui a manifesté sa reconnaissance avec des applaudissements nourris et des youyous répétés. Organisé par l'Office national de la culture et de l'information (Onci) sous l'égide du ministère de la Culture, le concert animé par Massinissa, Zayen et Hassiba Amrouche, entre dans le cadre des festivités, à l'occasion de Yennayer 2968, officiellement célébré à travers tout le territoire national.