Abdelkader Messahel et Jean-Yves Le Drian La participation du royaume serait vue comme un signe de «réchauffement» des relations entre les deux pays. Les pays du Dialogue 5+5 se rencontreront aujourd'hui à Alger. Organisé au niveau des ministres des Affaires étrangères, la conférence, 14e du nom, sera coprésidée par les ministres algérien et français, Abdelkader Messahel et Jean-Yves Le Drian et aura pour thème «Méditerranée occidentale: promouvoir un développement économique et social inclusif partagé et durable face aux défis communs dans la région». C'est ce que rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La principale «curiosité» de cette rencontre n'est pas moins le niveau de représentation des pays, ni le choix de la thématique. Les observateurs de la scène régionale avaient, jusqu'à hier le regard braqué sur le ministre marocain des Affaires étrangères, dont le pays est membre de plein droit du Dialogue 5+5. Viendra-t-il, ne viendra-t-il pas, cette question a fait le tour des chancelleries des deux rives de la Méditerranée. Certains disent y voir une «jauge» des relations algéro-marocaines. La participation du royaume serait vue comme un signe de «réchauffement» des relations entre les deux pays, actuellement en pleine «glaciation». Il se trouve, estiment néanmoins d'autres observateurs, que le passif algéro-marocain ne saurait trouver sa solution en une visite d'un ministre marocain, fut-il celui des Affaires étrangères. Jusqu'à la fin de l'après-midi d'hier, les informations sur la participation ou pas du Maroc étaient contradictoires. Il reste que le propos tenu par le secrétaire général du RND et néanmoins Premier ministre sur la provenance du kif qui se déverse par dizaines de tonnes en Algérie est susceptible de maintenir les relations entre Alger et Rabat à la même température que la veille. Cela pour la «curiosité» qui rend un peu plus palpitante une conférence du conglomérat de nations occidentalo-méditerranéennes, dont le dialogue mis en place depuis 1983 n'a pas empêché l'agression contre la Libye. Inutile de rappeler que cette même agression qui a transformé la grande bleue en cimetière pour migrants est le fait même de la France et de l'Italie, deux pays-clés du Dialogue 5+5. Cela dit, en diplomatie, on est tenu de ne désespérer de rien et le maintien du canal de dialogue ouest-méditerranéen participe d'une volonté de promouvoir l'espoir d'en finir pas des moyens politiques et pacifiques avec les problèmes que traverse cette région du monde. C'est en tout cas, le voeu de l'Algérie qui «plaidera comme à l'accoutumée dans le cadre de sa politique méditerranéenne en faveur de l'avènement d'un espace euro-méditerranéen de paix, de stabilité et de prospérité partagée», souligne le communiqué des Affaires étrangères. Il reste que cette 14e session a ceci d'intéressant: elle associe les organisations transnationales qui gravitent autour de la Méditerranée occidentale. Ainsi, on notera la participation du secrétaire général de l'UMA, le secrétaire général de l'UPM, le commissaire européen en charge de la Politique européenne de voisinage. Mais notons, tout de même, qu'à l'exception de l'Union européenne qui active, l'UMA et l'UPM sont des organisations mort-nées. Cela étant dit, cette conférence n'en demeure pas moins importante, notamment en raison de la situation qui prévaut dans la région, mais surtout parce qu'il y sera question de sécurité, de lutte contre le terrorisme, de déradicalisation et de migration. Autant de thèmes qui agitent la scène euro-méditerranéenne. Les obnservateurs ne s'attendent pas à des décisions spectaculaires, mais la rédaction d'une «Déclaration ministérielle 5+5 d'Alger», pourrait constituer un élément politique susceptible de constituer une base pour faire avancer le dialogue. La diplomatie est faite de petits pas et à ce propos, celui accompli, hier, par les parlementaire des 10 pays, réunis à Alger en fait partie. Sous le thème «L'Ouest de la Méditerranée: consolidation du développement socio-économique global, partagé et durable pour relever les défis communs à la région»,les parlementaires des deux rives de la Méditerranée occidentale apportent leur caution au dialogue des 5+5.