Une révolution se prépare en Allemagne, où la Ligue de football (DFL) envisage d'ouvrir le capital des clubs aux investisseurs internationaux, pour combler le fossé sportif qui se creuse de plus en plus avec les représentants de la Premier League anglaise ou de la Liga espagnole. «Le bureau de la Ligue a décidé de revoir» la sacro-sainte règle dite du 50+1, qui interdit à un investisseur unique de posséder la majorité des parts d'un club, a annoncé avant-hier le directeur général de la DFL, Christian Seifert, lors d'un entretien avec des journalistes internationaux. «Nous allons mettre en place un processus avec les 36 clubs (professionnels de Bundesliga et de D2 ndlr) pour revoir cette règle vieille de 20 ans», a avancé avec prudence Seifert, qui n'ignore pas qu'il se heurtera à des résistances, et ne compte pas aboutir avant la fin 2018. En Allemagne, la culture des clubs est traditionnellement une culture d'association. Les clubs appartiennent à leurs supporters, qui sont intimement liés à leur gestion. Cette approche va de pair avec le rôle social que veut jouer le football allemand. «Les stades sont pleins, les prix des places sont abordables, toute la société vient au stade, jeunes, vieux, noirs, blancs, riches, pauvres, c'est un sport pour tout le monde, et c'est un trait très particulier de la Bundesliga», a d'ailleurs rappelé Seifert, citant l'exemple du célèbre «Mur Jaune» de Dortmund, la tribune populaire la plus vaste d'Europe où l'on peut aller supporter le Borussia pour 15 euros. «La règle du 50+1 a fait de la Bundesliga ce qu'elle est aujourd'hui», a dit le patron du foot professionnel, «donc changer ce cadre doit nous permettre de passer de bien à très bien, et pas uniquement d'enrichir les clubs». «Nous allons réfléchir pour (...) nous assurer que les clubs ne deviennent pas de simples produits qu'on achète et qu'on revend le lendemain,» a poursuivi Seifert, qui souhaite «préserver certaines valeurs importantes pour les villes et leurs habitants, tout en les combinant avec de meilleures possibilités d'investissements, par des investisseurs sérieux et durables». Le mois dernier, il avait déjà lancé un cri d'alarme, en constatant les résultats en net recul des clubs allemands, sur la scène internationale. En 2017, aucune équipe allemande n'a atteint les demi-finales de l'une des deux coupes européennes pour la première fois depuis la saison 2004-2005. Cette saison, seul le Bayern Munich est qualifié pour les 8es de finale de la Ligue des champions. Leipzig et Dortmund ont terminé 3es de leurs groupes respectifs pour être reversés en Europa League et pallier l'échec des trois qualifiés allemands dès l'automne en phase de poules. Seifert avait alors plaidé pour la constitution d'une élite, composée de plusieurs clubs capables de tenir le choc en Europe. «C'est une question d'argent», avait-il lancé. «Si nous voulons être compétitifs, il nous faut accepter jusqu'à un certain point les règles commerciales.»