Des députés du parti travailliste britannique se sont rendus dans le nord de la Syrie pour exprimer leur solidarité avec la minorité kurde, au moment où cette communauté est confrontée à une offensive de l'armée turque. Cette visite intervient alors qu'Ankara menace de poursuivre une offensive lancée dans le nord syrien contre les régions dominées par les Kurdes, notamment le secteur de Minbej. La Turquie a lancé le 20 janvier une opération visant à déloger de sa frontière la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), une faction qu'elle qualifie de «terroriste» mais alliée des Etats-Unis dans leur guerre contre le groupe Etat islamique (EI). «Nous sommes ici pour établir une relation à long terme avec vous, et vous soutenir contre tous ceux qui essaient de détruire votre liberté et votre démocratie», a déclaré Maurice Glasman, de la Chambre des Lords, ou chambre haute du parlement britannique. «Nous sommes ici pour exprimer de tout coeur notre solidarité avec vous», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse tenue mardi soir dans la ville de Qamichli, située dans le nord-est de la Syrie. L'armée turque et ses supplétifs syriens ont déjà réussi à reprendre l'enclave d'Afrine, dans le nord-ouest du Rojava, nom donné à cette zone semi-autonome kurde instaurée par la communauté à la faveur du conflit syrien et du chaos qu'il a engendré. La Turquie cherche à créer une zone tampon le long de sa frontière, que des millions de réfugiés ont traversée depuis le début du conflit syrien en 2011. L'opération contre Minbej s'annonce néanmoins plus complexe que celle d'Afrine, en raison de la présence d'environ 350 soldats de la coalition internationale anti-EI, essentiellement des Américains et des Français, mais aussi des Britanniques, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne). La délégation britannique est entré hier à Kobané, ville hautement symbolique de la résistance des Kurdes contre l'EI, qui en a été chassé en 2015. Les YPG ont joué un rôle clé dans la guerre contre l'EI en Syrie, en menant des opérations au sol soutenues par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Avec la chute du «califat» autoproclamé par l'EI, les rivalités ont refait surface en Syrie, où la guerre complexe implique de multiples belligérants, tandis que les Kurdes voient leur autonomie de facto menacée.