La Turquie a menacé à nouveau hier d'étendre son offensive dans le nord de la Syrie à la ville de Minbej et à l'est de l'Euphrate, et averti que les soldats américains présents dans le secteur risquent d'être pris pour cible s'ils portent «l'uniforme terroriste». La ville stratégique de Minbej est située à une centaine de kilomètres à l'est de la région Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, contre laquelle Ankara a lancé le 20 juillet l'opération militaire «Rameau d'olivier». Cette offensive vise à déloger les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée par Ankara comme une organisation terroriste. Mais les YPG sont aussi les alliées de la coalition internationale qui combat le groupe Etat islamique (EI), et sont ouvertement soutenues et armées par les Etats-Unis, partenaires de la Turquie au sein de l'Otan. A l'est d'Afrine, les YPG contrôlent Minbej puis, à l'est de l'Euphrate, une longue bande de territoire le long de la frontière turque jusqu'à l'Irak. Dans tout ce secteur, ils sont assistés par des militaires américains dans leur lutte contre l'EI. «S'ils (les YPG) ne se retirent pas de Minbej, alors nous irons à Minbej et nous irons à l'est de l'Euphrate», a averti le Premier ministre adjoint Bekir Bozdag à la chaîne de télévision CNN-Turk. «Nous ne souhaitons aucun affrontement avec les Etats-Unis à Minbej, à l'est de l'Euphrate ou ailleurs», a poursuivi M. Bozdag. «Mais les Etats-Unis doivent être conscients des sensibilités turques. Si des soldats américains portent des uniformes terroristes ou se trouvent parmi les terroristes au cours d'une attaque contre l'armée, alors il n'y aura aucune façon de faire la distinction», a-t-il averti. Le vice-Premier ministre faisait allusion à des images publiées il y a plusieurs années dans les médias, sur lesquelles des soldats américains dans le nord de la Syrie arboraient l'écusson des YPG sur leurs uniformes. «S'ils s'opposent à nous vêtus de tels uniformes, nous les considérerons comme des terroristes», a insisté M. Bozdag. Samedi, sept soldats turcs ont été tués au combat dans la région d'Afrine, dont cinq dans l'attaque d'un char. Les médias pro-gouvernementaux turcs ont affirmé que cette attaque avait été menée à l'aide d'un missile antichar fourni aux YPG par les Etats-Unis, ce qui n'a pas été confirmé.