Il a su éviter les questions «piège» et les sujets qui fâchent. Comme en 2004, à la veille des présidentielles du 8 avril, c'est encore Belkhadem qui a inauguré jeudi dernier à Constantine la campagne électorale en faveur du projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, est venu appeler les Constantinois à aller voter massivement en faveur de la paix et la réconciliation nationale: «Il faut aller voter et dire oui à la réconciliation nationale, oui à la sécurité et oui à la paix», a-t-il notamment déclaré devant une assistance nombreuse venue assister au meeting tenu au centre culturel Mohamed El Aïd Al Khalifa. Le même appel a été réitéré par l'orateur à plusieurs reprises. Très prudent et faisant preuve d'un sens élevé de la diplomatie, Belkhadem a su éviter les questions «piège» et les sujets qui fâchent. Dans la salle archicomble, il y avait aussi des représentants des familles de disparus, où beaucoup a été dit, sans que l'opinion publique nationale ne soit fixée sur la démarche préconisée pour cette catégorie. Abordant cette question, après avoir été interrompu par une des membres de l'association des familles des disparus, le ministre leur a rappelé qu'il faut d'abord instaurer la paix pour pouvoir ensuite régler tous les problèmes en suspens auxquels sont confrontés les Algériens. «Nous ne sommes pas contre la réconciliation nationale, mais nous exigeons toujours la vérité», a souligné la représentante des familles des disparus, face à laquelle Belkhadem a fait montre d'une très grande souplesse en laissant la parole ouverte au dialogue et à... l'espoir. Il est à rappeler que le représentant personnel du chef de l'Etat n'est pas venu seul à Constantine, il était accompagné de quatre ministres en l'occurrence: Boukarzaza, Louh, El Hadi Khaldi et Haïchour. La grande surprise est venue directement de Jijel. Dix minutes après que Belkhadem eut entamé son discours, l'ex-émir national de l'AIS, dissoute, Madani Mezrag, fait une entrée très remarquée dans la salle. Il s'est dirigé vers la tribune où il a été accueilli chaleureusement. Il est à remarquer que c'est Bougataya Sadek qui lui a cédé sa place ! Madani Mezrag était annoncé la semaine dernière à Constantine où il devait animer un meeting, reporté pour des raisons d'ordre protocolaire. A l'opposé, de nombreuses personnalités politiques, nul ne peut considérer Belkhadem, comme un parvenu dans le champ de la réconciliation. Déjà en 1993 et après l'interruption du processus électoral, il avait appelé au dialogue, alors que certains jetaient de l'huile sur le feu de la «fitna». On peut donc estimer sans l'ombre d'un doute que ce n'est pas un hasard s'il a été désigné par le chef de l'Etat pour être l'un des porte-flambeaux de la campagne pour la charte et la réconciliation nationale à Constantine, une ville qui compte énormément sur l'échiquier électoral. Belkhadem a toujours défendu la réconciliation. Et si aujourd'hui il se permet de critiquer ceux qui sont opposés à cette démarche, il a au moins l'avantage de la constance dans le discours.