Sans les valeurs du vivre ensemble, le pays ne peut jamais se développer et vivre en paix, se sont accordés à dire les intervenants. La célébration de la Journée mondiale du vivre ensemble en paix instituée par les Nations unies le 7 décembre dernier suite à sa présentation par l'Algérie a fait l'objet hier, d'un passionnant débat au centre culturel Aïssa Messaoudi de la Radio algérienne. Le débat s'est déroulé en présence du ministre de la Communication Djamel Kaouane et l'ancien archevêque d'Alger Henry Teissier. Invités pour animer le débat Mohamed Laïchoubi, Walid Laggouni et Abdelhak Saïhi, respectivement ex-ministre, juriste et président de l'Observatoire national du service public, sont revenus tour à tour sur la portée de cette journée. Pour Mohamed Laïchoubi, le vivre ensemble est un investissement. «Le vivre ensemble se construit à l'école, à travers les médias, au niveau des mosquées», a-t-il dit d'emblée. Le facteur du vivre ensemble est le garant de la paix et du développement dans un pays. La décennie noire qu'a connue l'Algérie a eu principalement pour raison l'absence du vivre ensemble. Mohamed Laïchoubi qui a eu à occuper par le passé le poste d'ambassadeur dans de nombreuses capitales, a indiqué que le secret du développement de plusieurs pays est justement le fait que les citoyens de ces pays sont homogènes et aspirent à des mêmes rêves et ambitions. Le conférencier a cité dans ce sens l'exemple de la Chine qui ne dispose pas de grandes richesses, mais grâce à la solidité des liens existant entre ses citoyens, elle a pu surpasser des pays qui étaient de très loin plus développés qu'elle et devenir ainsi une puissance mondiale. Mohamed Laïchoubi a souligné aussi que l'idée du vivre ensemble est possible pour tous les pays du monde pour peu qu'ils se mettent d'accord sur certains principes. «Le monde de nos jours a déjà fait de grands pas en cette direction. Nous sommes très loin de l'époque où des nations niaient les cultures des autres pays», s'est-il réjoui. Pour sa part, Walid Laggouni a axé son intervention sur l'aspect juridique régissant les relations entre les citoyens. S'attardant sur le cas de l'Algérie, l'intervenant a relevé que l'Algérie a promulgué d'ores et déjà une batterie de lois allant dans ce sens. «Les lois consacrant les droits des femmes, bannissant le racisme, consacrant le droit à la pratique du culte sont fondamentales pour l'épanouissement de l'idée du vivre ensemble», dira-t-il, préconisant le renforcement de ces lois. Emboîtant le pas à Mohamed Laichoubi, Walid Aggoune s'est dit convaincu que sans la consécration des idées du vivre ensemble le monde ne vivra jamais en paix. Pour sa part, Abdelhak Saïhi est revenu longuement dans son intervention sur les formes du vivre ensemble en Algérie. Pour le conférencier, le gouvernement algérien n'a ménagé aucun effort pour renforcer cette idée. Le développement du vivre ensemble se traduit à travers la modernisation de l'administration, la lutte contre la bureaucratie et la modernisation des structures du service public. Abdelhak Saihi a fait remarquer aussi que la raison principale du retard qu'a connu l'Algérie dans les années 1990 était le résultat de l'absence de la culture du vivre ensemble. L'intervenant qui occupe en plus du poste de président de l'Observatoire national du service public, le poste du directeur de l'Ecole nationale d'administration a signifié en outre que les Algériens disposent d'une autre source qui incite au vivre-ensemble, à savoir l'islam. L'idée du vivre ensemble existe en effet, selon Abdelhak Saïhi, du temps du prophète Mohammed (Qsssl). Ce dernier a, entre autres mesures prises quand il était à Médine, l'instauration de la Charte de Médine. L'objectif premier de cette charte était d'aider les fidèles venant de La Mecque et ceux de Médine à cohabiter et à vivre en paix. «L'efficacité de cette charte a donné un bond positif à la propagation de la religion musulmane», a-t-il indiqué. Par ailleurs, en ouvrant le débat, beaucoup de présents ont posé des questions en rapport avec la thématique. «Le vivre ensemble doit être inculqué dès le foyer», ont indiqué certains. D'autres ont affirmé que l'idée du vivre ensemble restera utopique, si des mesures consacrant d'abord l'équité sociale et l'égalité des chances entre les citoyens ne sont pas prises. «Ce sont les écarts sociaux qui accentuent les conflits, la haine et la lutte des classes», a relevé un intervenant. Il est à rappeler que plusieurs manifestations culturelles, sportives et autres actions caritatives sont prévues pour aujourd'hui dans plusieurs wilayas, à l'image de Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Tizi Ouzou, Oran..etc.