«La compagnie nationale est en train de s'organiser, de se centrer sur son métier de base(...) et d'investir à l'étranger.» Ne supportant pas apparemment les critiques qu'essuie ces derniers temps la nouvelle stratégie adoptée par la nouvelle direction de Sonatrach, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni,, a déclaré hier à Alger en présence du patron de la compagnie nationale des hydrocarbures, Abdelmoumen Ould Kaddour: «Laissez Sonatrach travailler!» Le ministre s'est exprimé lors de sa conférence de presse organisée au siège de son département à Alger, en marge de la Journée portes ouvertes de l'Autorité de régulation des hydrocarbures(ARH). «C'est une affaire de temps car les choses ont changé et évoluent vite, par conséquent il faut agir rapidement», a-t-il souligné. «Sonatrach est en train de s'organiser, de se centrer sur son métier de base, de former sa ressource humaine pour se mettre au diapason des autres compagnies et surtout investir à l'étranger pour continuer à exister, rapatrier ses dividendes pour investir à l'intérieur du pays et continuer ainsi à avancer pour figurer parmi les cinq plus grandes compagnies pétrolières au monde», estime-t-il. «Sonatrach qui commence à s'exporter dans cinq ou six pays, et dont le savoir-faire est reconnu mondialement, est très bien placée vis-à-vis de ses fournisseurs, et a toujours tenu ses promesses, même pendant les temps les plus durs... alors laissez cette entreprise travailler», a-t-il lâché. «Tout ce que fait Sonatrach est étonnant. On est en 2018 et la mentalité des années 2000 est révolue et où lorsqu'on se met à l'oeuvre, la décision est prise dans l'heure qui suit car les cours du pétrole changent chaque heure et il est pratiquement impossible de se rattraper si on loupe une quelconque opportunité», a-t-il ajouté. «Il est temps de reconstituer les réserves et d'augmenter les capacités; sur 1,5 million de m2 du territoire, susceptibles de contenir des hydrocarbures, 30% seulement sont exploités, tandis que le reste, soit 3⁄4 du territoire, l'offshore, le gaz de schiste ne sont pas encore exploités», a-t-il indiqué, réitérant que «l'exploitation du gaz de schiste est également en étude». Sur ce il a juré: «Jamais on ne nuira à la santé du citoyen.» S'agissant du stockage des carburants, il a indiqué qu' «à travers un programme tracé à cet effet, l'Algérie compte augmenter ses capacités de stockage de carburants, en les ramenant de 600 000 m3, représentant une autonomie de 10 jours, à 2,5 millions de m3 en stockage pour assurer une autonomie d'un mois». Répondant à une question sur le nucléaire, il a fait savoir que «le département de l'Energie est en train d'élaborer une loi sur le nucléaire, un texte qui est actuellement soumis aux différents secteurs pour qu'ils puissent donner leur avis. Par la suite, il sera soumis à l'approbation du Conseil du gouvernement, puis à l'adoption par le Conseil des ministres». Devant une assistance constituée essentiellement des opérateurs privés dans le secteur de la distribution des carburants et lubrifiants, il a souligné que «cette loi devant encadrer les activités relatives à l'énergie nucléaire en Algérie». A propos de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, le ministre a réaffirmé que «la nouvelle mouture de ladite loi est en cours d'élaboration par un bureau d'études américain spécialisé en législation pétrolière». «Avant l'Algérie, plusieurs pays producteurs du pétrole qui ont voulu réviser leur loi sur les hydrocarbure pour lui donner plus d'attractivité, de flexibilité, ont sollicité ces bureaux de renom, qui ont une réputation internationale...», a-t-il ajouté. «Des experts algériens seront également associés à l'élaboration de cette loi», a-t-il assuré. «Ce projet de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui engage l'avenir du pays, devrait être prêt en janvier ou février 2019. Pas moins de cinq appels d'offres lancés ont été déclarés infructueux parce que quelque chose ne va plus avec cette loi qui n'arrange ni les investisseurs ni le pays», a-t-il rappelé. «L'investisseur vient pour gagner. Il ne vient pas pour perdre et c'est une règle mondiale», a-t-il insisté. En somme, l'Algérie a fait appel aux services de cabinets conseils américains «Curtis, Mallet-Prevost, Colt & Mosle» pour élaborer la nouvelle loi sur les hydrocarbures à même d' attirer des investissements étrangers», est-il indiqué en substance. Concernant le recours au contrat de partage de production, le ministre a précisé qu'il y aura des cas où l'on optera pour le contrat de partage de production, et d'autres cas où l'on envisagera des concessions. «En tout cas la nouvelle loi englobera tous les problèmes et cas spécifiques qui pourraient se poser à nous», a-t-il soutenu. Le ministre a insisté que «cette loi souple sera bénéfique pour le pays car nos intérêts seront sauvegardés et ceux des opérateurs seront garantis dans un partenariat gagnant-gagnant», a-t-il insisté. Sonatrach signe un contrat de 25 ans avec Total et Repsol La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach a signé hier, à Alger un contrat de recherche et d'exploitation avec Total (France) et Repsol (Espagne) sur le périmètre de Tin Foye Tabankort (Hassi Messaoud). Ce contrat prévoit la réalisation d'un programme additionnel estimé à 324 millions de dollars d'une durée de 25 ans et financé à hauteur de 51% par Sonatrach, de 26,4% par Total et de 22,6% par Repsol. Ce programme additionnel de développement permettra de maintenir la production du champ de Tin Foyé Tabankort (TFT-Bloc 238), qui s'élève actuellement à plus de 80 000 barils équivalent pétrole/jour (bep/j), pendant six ans, soit 3 milliards de m3/an de gaz, et de récupérer des réserves additionnelles d'hydrocarbures estimées à plus de 250 millions de bep dont 29,2 GSm3 de gaz sec (milliards de mètres cubes standards).