les enjeux de la bataille de Hodeïda sont multiples L'opération armée s'est accompagnée d'intenses raids aériens de la coalition, ont indiqué des sources militaires sur place. Aucun bilan des pertes n'a été communiqué pour l'instant. «Les combats sont d'une violence inouie», a dit un résident dans le secteur. Les forces pro gouvernementales yéménites, soutenues par une coalition, ont pénétré hier, au milieu d'intenses combats, dans l'aéroport de Hodeida, au septième jour d'une offensive contre les rebelles Houthis, qui contrôlent cette ville stratégique de la mer Rouge depuis 2014. Dans la matinée, des combats intenses ont éclaté autour de l'aéroport, où les forces gouvernementales soutenues par une coalition emmenée par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont massé des renforts. «Avec l'aide des Forces armées émiraties, la résistance'' yéménite est entrée dans l'aéroport de Hodeïda», a tweeté à la mi-journée l'agence d'Etat des Emirats. Cette information a été confirmée par une source militaire yéménite. L'opération armée s'est accompagnée d'intenses raids aériens de la coalition, ont indiqué des sources militaires sur place. Aucun bilan des pertes n'a été communiqué pour l'instant. «Le combats sont d'une violence inouie», a dit Ahmed, un résident du secteur. «Ca n'a pas arrêté» depuis le matin, a ajouté ce jeune yéménite. D'après lui, des milliers de familles essaient de fuir, mais elles sont contraintes de rebrousser chemin face à l'intensité des combats. Hodeïda, grand port sur la mer Rouge, abrite avec sa région quelque 600 000 habitants, suscitant de vives craintes humanitaires dans un pays où la population est déjà exsangue. La ville est le point d'entrée d'une grande partie des importations et de cette aide humanitaire en territoire yéménite, constituant par conséquent un enjeu stratégique. A la faveur de l'offensive lancée le 13 juin avec le soutien de la coalition, les troupes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont progressé vendredi jusqu'à l'aéroport de Hodeïda, à la limite sud de la cité. D'après des habitants, les rebelles Houthis ont édifié des tranchées et des monticules de terre dans l'hypothèse de combats urbains, alors que des efforts de médiation de l'ONU, pour éviter un carnage, ont jusque-là échoué. La coalition militaire dirigée par Riyadh est intervenue au Yémen en mars 2015 pour aider le gouvernement à stopper la progression des Houthis, après la chute de vastes régions, dont la capitale Sanaa. L'Arabie saoudite affirme que le port de Hodeïda est utilisé par les Houthis pour lancer des missiles et des attaques contre les navires en mer Rouge. Arrivé dimanche à Sanaa, l'émissaire des Nations unies, Martin Griffiths, avait pour mission de faire cesser les combats et d'éviter une nouvelle catastrophe humanitaire dans ce pays en guerre depuis plus de trois ans. Mais il s'est heurté à l'intransigeance des belligérants. Le Premier ministre de l'administration rebelle, Abdel Aziz ben Habtour, a insisté dimanche devant M. Griffiths sur le fait qu'il n'était pas question d'accepter une trêve dans les conditions actuelles. «La paix voulue par le peuple ne se fera pas sur le dos des martyrs (...). Nous répondrons par l'escalade à toute escalade à Hodeïda ou ailleurs», a-t-il prévenu. Les Emirats, autre membre important de la coalition, ont exigé lundi un retrait «sans condition» des insurgés de Hodeïda pour mettre un terme à l'offensive contre la ville. Face à ce bras de fer, l'émissaire onusien a dit espérer une reprise en juillet des négociations. Lors d'une réunion à huis clos avec les 15 membres du Conseil de sécurité, M. Griffiths a indiqué que «toutes les parties étaient engagées» en faveur d'une relance d'un dialogue politique, ont rapporté des diplomates ayant requis l'anonymat. Les négociations entre le gouvernement yéménite, réfugié dans le sud du pays, et les rebelles Houthis sont interrompues depuis deux ans. «La solution politique reste le seul moyen» de mettre un terme au conflit, a souligné devant des médias l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dimitri Polyanski, dont le pays préside actuellement le Conseil de sécurité. Il y a des «opportunités» pour obtenir des concessions, a avancé M. Griffiths, tout en reconnaissant la difficulté supplémentaire engendrée par les combats dans le port de Hodeïda. Environ «5 200 familles ont quitté leur maison, en majorité dans des quartiers au sud de Hodeïda», a indiqué lundi, lors de son point-presse quotidien le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.»L'impact humanitaire des combats à Hodeïda reste limité car la grande bataille n'a pas encore commencé», a précisé au Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, cité par un diplomate. Dans ce conflit qui a fait près de 10.000 morts en plus de trois ans, la bataille de Hodeïda est la plus importante depuis une offensive en 2015 qui avait permis aux forces loyalistes de reprendre aux rebelles plusieurs régions du Sud dont Aden, deuxième ville du pays où siège aujourd'hui le gouvernement. Des ONG ont exprimé leur inquiétude sur les conséquences de violents combats à Hodeïda, dans un pays où la guerre a provoqué la «pire crise humanitaire dans le monde», selon l'ONU.