Le port de Hodeïda est vital pour la mission de l'ONU Selon des sources politiques yéménites, parmi des conditions posées par les Houthis pour un retrait de Hodeida figurent la réouverture de l'aéroport de Sanaa aux vols commerciaux, la levée totale du siège des ports yéménites et l'arrêt des raids aériens de la coalition militaire saoudienne. Des tractations impliquant l'ONU au Yémen en guerre se sont intensifiées pour éviter une bataille entre des rebelles contrôlant le port de Hodeida (ouest), crucial pour l'aide humanitaire, et des forces progouvernementales appuyées par Ryad et Abou Dhabi qui s'en rapprochent. Des sources politiques yéménites ont fait état d'une proposition de transfert du port de Hodeïda sous la supervision directe des Nations unies. Mais les insurgés ont posé «des conditions impossibles» en échange de leur retrait de cette grande ville sur la mer Rouge, a affirmé un responsable du camp gouvernemental opposé aux rebelles. Le nouveau médiateur de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths, est depuis samedi dans la capitale yéménite Sanaa, également aux mains des rebelles Houthis soutenus par l'Iran, après avoir rencontré le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi dans la capitale saoudienne Ryad. «L'envoyé spécial discute avec les parties des pas à effectuer pour faire baisser les tensions, notamment à Hodeïda», point d'entrée d'une bonne partie des importations et de l'aide humanitaire au Yémen, a déclaré le porte-parole des Nations unies à New York, Stéphane Dujarric. Lors d'une rencontre lundi à Sanaa avec M. Griffiths, un responsable politique rebelle, Mehdi al-Mashat, a confirmé que des négociations étaient en cours et que les Houthis étaient prêts à avancer si l'autre camp faisait preuve de bonne foi. «Tout comme notre doigt est sur la gâchette pour défendre notre nation, sa souveraineté, sa sécurité, son unité et son indépendance, nous tendons la main de la paix chaque fois que les autres parties montrent qu'elles sont sérieuses», a dit M. Mashat, cité par l'agence de presse rebelle Saba. Il a appelé l'ONU à «jouer son rôle pour alléger la crise humanitaire provoquée par l'agression» menée selon lui par les forces progouvernementales soutenues par l'Arabie saoudite. Selon des sources politiques yéménites, parmi des conditions posées par les Houthis pour un éventuel retrait du port de Hodeïda figurent le paiement des salaires des fonctionnaires civils et militaires dans les territoires contrôlés par les rebelles, la réouverture de l'aéroport de Sanaa aux vols commerciaux, la levée totale du siège des ports yéménites et l'arrêt des raids aériens de la coalition militaire saoudienne. Il y a d'autres conditions, selon ces sources, notamment des excuses pour la mort d'un chef rebelle, Saleh al-Samad, tué dans une frappe de la coalition en avril dans la province de Hodeïda. «Les Houthis ont adopté une position inflexible et posé des conditions qui bloquent les efforts visant à parvenir à une solution politique», a déclaréà Riyadh un haut responsable yéménite.»Pour l'heure», a-t-il ajouté, le médiateur de l'ONU «a échoué dans ses efforts pour convaincre (les Houthis) de se retirer (de Hodeïda) sans se battre et de remettre le port à l'ONU, en raison des conditions» rebelles selon lui. Lundi soir, à Riyadh, le porte-parole de la coalition qui intervient au Yémen en soutien aux forces progouvernementales a affirmé que l'alliance antirebelles s'était rapprochée un peu plus de Hodeïda. «L'armée yéménite appuyée par des forces de la coalition sont à neuf kilomètres de Hodeïda», a assuré le colonel saoudien Turki al-Maliki en citant l'objectif de «libérer» la ville portuaire. «Nous recevons des renforts» et «retirons des mines» avant d'autres opérations, a-t-il dit. Par ailleurs, l'officier a indiqué que la défense antiaérienne saoudienne avait intercepté un missile balistique tiré depuis le Yémen vers la ville saoudienne de Yanbu (ouest), sans qu'il y ait de victimes. Les tirs de missiles rebelles vers l'Arabie saoudite se sont intensifiés depuis novembre. Ryad accuse Téhéran de fournir ce type d'armements aux Houthis, ce que l'Iran dément. Outre Hodeïda et Sanaa, les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), contrôlent depuis fin 2014 de vastes régions du nord et de l'ouest du Yémen. En mars 2015, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire pour venir en aide au gouvernement internationalement reconnu qui s'est réfugié dans le sud et, pour le président, à Riyadh. Le conflit yéménite a fait près de 10.000 morts, plus de 55.000 blessés et provoqué, selon l'ONU, «la pire crise humanitaire du monde».