Le Comité Nobel de la paix - composé de cinq jurys désignés par le Parlement norvégien - vient d'attribuer le 91e Prix Nobel de la paix conjointement à l'ONU et à son secrétaire général. Une double première. Les noms des lauréats 2001 du Prix Nobel de la paix ont été rendus publics hier à Oslo par le Comité du Prix Nobel de la paix. C'est ainsi que M.Annan et l'Organisation des Nations unies ont été retenus parmi 136 postulants «pour leur travail en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique», indique le jury Nobel norvégien dans ses attendus. La désignation de l'ONU et de Kofi Annan comme vainqueurs du 91e Prix Nobel de la paix est intervenue quelques semaines après les attentats antiaméricains, mais avant les frappes des USA contre l'Afghanistan. Le Comité Nobel s'était réuni le 28 septembre dernier, relève-t-on parmi les observateurs. Cette distinction méritée, faut-il le souligner, avait été fortement applaudie de par le monde. Et pour cause! En cinq années à la tête de la vieille institution new-yorkaise, Kofi Annan s'est imposé autant par son travail, son savoir-faire que par son humilité, rendant, en outre, tout son crédit à une Organisation des Nations unies qui fut longtemps ballottée au gré des faits et des événements, justifiant même, à maintes occasions, le méprisant qualificatif de «machin» que lui avait attribué le général de Gaulle. Il est vrai que bousculée de partout, l'ONU avait été évincée de maints dossiers dont le plu récurrent restait le conflit du Proche-Orient. Et c'est à la pugnacité et au dynamisme de son secrétaire général que l'ONU a repris pied dans cette région. Le consensus autour de Kofi Annan s'est manifesté en juin dernier lorsque les 189 Etats membres des Nations unies ont renouvelé son mandat de cinq ans à la tête de l'ONU sans attendre la session de septembre comme il était de tradition. C'est dire l'impact qui était celui du diplomate ghanéen qui a su subjuguer son monde. Certes, le secrétaire général de l'ONU a peu de pouvoirs, mais M.Annan s'est imposé par une autorité morale sans faille. Expliquant son choix du secrétaire général de l'ONU, le Comité Nobel indique: «Kofi Annan a dédié presque toute sa vie professionnelle aux Nations unies. En tant que secrétaire général, il a été en pointe pour insuffler une nouvelle vie à l'organisation», soulignant encore «les nouveaux défis» auxquels s'est attaquée l'ONU comme «le terrorisme international» ou la lutte contre le sida. Réagissant à cette consécration, le nouveau lauréat du Nobel de la paix s'est exclamé: «C'est un prix merveilleux. Nous sommes extrêmement heureux, en particulier parce qu'il vient à un moment où nous faisons face à des problèmes très difficiles dans le monde» ajoutant: «C'est un défi pour faire plus et mieux. Le moment n'aurait pu être mieux choisi.» Aussi, ce n'est que justice en fait que le prix Nobel de la paix soit attribué au premier diplomate de l'Afrique noire, à avoir dirigé l'ONU, tout en faisant l'unanimité autour de lui. Ce prix Nobel, s'il a été ressenti avec fierté par le peuple ghanéen qui partage la joie de Kofi Annan, l'est également par l'ensemble de l'Afrique qui se reconnaît dans ce diplomate africain qui a su redonner aux Nations unies leur raison d'être. Signalons que le prix Nobel de la paix avait été attribué en 1961, à titre posthume, à l'ancien secrétaire général de l'ONU, le Suédois Dag Hammarskjoeld.