La fin de l'isolement? L'Agence mondiale antidopage (AMA) a décidé de lever jeudi les sanctions prises contre la Russie et son système de dopage institutionnel ayant eu cours entre 2011 à 2015, en dépit de nombreuses critiques l'accusant de complaisance envers Moscou. L'enjeu de la levée des sanctions est crucial. Au-delà de l'image de la Russie dans le sport, elle peut entraîner dans les prochains mois d'autres décisions, en premier lieu au sein de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui l'a bannie depuis novembre 2015. Moscou a immédiatement salué l'annonce, fruit d'un «énorme travail» réalisé ces dernières années dans la lutte contre le dopage, alors que l'avocat de l'ancien directeur de laboratoire ayant révélé le système de dopage russe, Grigory Rodchenkov, a, lui, qualifié la décision de «plus grande trahison de l'histoire olympique contre les athlètes honnêtes». Un «choc dévastateur pour les athlètes propres du monde entier». La présidente du comité des sportifs de l'AMA, la skieuse de fond canadienne Beckie Scott, s'est, elle, dite «profondément déçue». La décision de lever la suspension de la Rusada «est un coup extrêment dur porté à la crédibilité de l'organisation (AMA)», a-t-elle déploré, interrogée par la chaîne canadienne CBC. L'agence américaine antidopage (USADA) évoque elle «un choc dévastateur pour les athlètes propres du monde entier». Une date butoir pour la Russie. Réuni aux Seychelles, le comité exécutif de l'AMA a décidé lors d'une réunion à huis clos de «rétablir la Rusada comme conforme au Code (mondial antidopage, ndlr), et ce seulement sous strictes conditions», a déclaré le président de l'AMA, Craig Reedie, cité sur le compte Twitter officiel de l'institution. Le comité exécutif a décidé d'une date butoir - non précisée - d'ici laquelle la Rusada devra donner accès à l'AMA à ses échantillons et ses données provenant de son laboratoire de Moscou. Si cette date n'était pas respectée, le comité exécutif a pris un «engagement clair» de suspendre à nouveau l'agence russe, selon la même source. L'intégrité du sport sacrifiée sur l'autel de la realpolitik? L'accès à ces données et échantillons était initialement une des conditions préalables à la levée des sanctions contre la Rusada. Mais l'AMA avait indiqué la semaine dernière avoir reçu une recommandation interne pour lever la suspension de Rusada, décidée en novembre 2015 au début du scandale ayant révélé l'existence d'un système institutionnel de dopage entre 2011 et 2015 en Russie. Une annonce qui avait valu à l'AMA un déluge de critiques sur son indulgence supposée. «Tour de passe-passe» selon le patron de l'agence antidopage américaine (USADA) Travis Tygart, «exigences à deux vitesses» aux yeux de son homologue française (AFLD) Dominique Laurent: un déluge de critiques s'était abattu depuis sur l'AMA, accusée de sacrifier l'intégrité du sport sur l'autel de la realpolitik.