La seconde partie du rapport McLaren sur le "dopage en Russie" a été dévoilée vendredi à Londres. Le document révèle "de fortes preuves d'un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015". Le rapport affirme que plus de 1 000 athlètes russes ont bénéficié de manipulations dissimulant les résultats positifs des tests antidopage. En outre, le rapport a accusé les anciens responsables russes du ministère des Sports, ainsi que l'Agence russe antidopage (RUSADA) et le FSB d'avoir participé à la dissimulation du dopage. Deux commissions créées par le Comité international olympique (CIO) en juillet continueront de traiter les questions liées aux allégations de dopage institutionnalisé dans les sports russes suite à la publication de la deuxième partie du rapport indépendant de M. McLaren, a également annoncé le CIO. Le rapport dit McLaren, commandé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) et accusant la Russie d'avoir mis en place un "système de dopage d'Etat" dans le sport, ne résiste pas à la critique juridique, estime le juriste du sport Ron Katz, riche de 45 ans d'expérience. Formellement appelé rapport indépendant, le rapport McLaren a été conçu sans tenir compte de la procédure obligatoire aux yeux de la justice américaine, indique Ron Katz dans sa tribune pour le magazine Forbes. Premièrement, la procédure de règlement de tout conflit exige la neutralité, mais dans le rapport sur le "système de dopage" dans le sport russe figure son auteur, le professeur canadien de droit et juriste Richard McLaren, chargé de présider la commission d'enquête à titre de "personnalité indépendante". Ceci étant dit, le rapport mentionne que McLaren avait été par le passé membre de la Commission indépendante de l'AMA qui avait publié un rapport sur le dopage dans le sport russe. "Il n'est pas étonnant que le professeur McLaren soit au bout du compte parvenu à un accord avec lui-même", souligne Ron Katz. Selon le juriste, "la personnalité indépendante" chargée du rapport aurait dû être une personne non liée au thème du dopage, ce qui aurait pu assurer la fiabilité de l'enquête. Un autre moyen d'assurer la transparence du rapport est de garantir à l'accusé le droit de rencontrer le témoin de l'accusation. Or, le rapport cite les personnes qui ont accepté de témoigner à titre confidentiel. "Bien sûr, la Russie ne peut pas se protéger contre une accusation anonyme", souligne l'expert. Le professeur McLaren estime en outre que le principal accusateur de la Russie (Grigori Rodchenkov) est digne de confiance. Or, M. Katz n'exclut pas que ce dernier ne poursuive ses propres intérêts. Seul un contre-interrogatoire aurait pu faire la lumière sur ces intérêts. Or, ni la Russie, ni personne d'autre n'a eu l'occasion de le mener. Tout ce que l'on sait sur lui, c'est qu'il participait aux fraudes, mais ce fait ne peut pas garantir que ce qu'il dit soit vrai", dit M. Katz. En outre, "la personnalité indépendante" n'a pas cherché à rencontrer les Russes, y compris des responsables, ce qui contredit là encore l'exigence procédurale qu'est la nécessité de prendre en compte toutes les informations possibles. Ainsi réunis, tous ces faits torpillent la confiance dans ce rapport, conclut l'expert. Pas de preuves tangibles Des experts russes soulignent néanmoins le manque de preuves tangibles. Basé sur plus d'un millier de témoignages, y compris des lettres et des résultats de tests, le nouveau rapport de l'avocat canadien Richard McLaren, nommé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) à la tête de la commission indépendante en charge de faire la lumière sur le " système de dopage en Russie " a été rendu public ce vendredi 9 décembre. Le document affirme que plus de 1 000 athlètes russes ont été impliqués dans des manipulations de dopage ou en ont bénéficié. " Maintenant, nous sommes en mesure de confirmer que les manipulations ont commencé en 2011 au plus tard et se sont poursuivies après les Jeux olympiques de Sotchi. Ce système de chaos incontrôlé s'est transformé en une conspiration organisée ayant pour but l'obtention de médailles ", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse. " L'enquête a révélé que plus de 1 000 sportifs russes, représentants de 30 disciplines, dont le football, ont profité d'un soutien étatique au dopage en Russie ", a poursuivi Richard McLaren, prétendant que l'équipe olympique russe dans son ensemble avait consommé des substances interdites lors des JO de Londres. Selon lui, le " dopage institutionnalisé " a également eu lieu pendant d'autres compétitions, dont les Jeux universitaires de Kazan et les JO de Sotchi. Manque de preuves tangibles Comme l'a fait remarquer Valentin Balakhnitchev, ancien président de la Fédération russe d'athlétisme, le rapport de Richard McLaren ne contient aucune preuve concrète et tangible de dopage lors du Championnats du monde d'athlétisme qui s'est tenu en 2013 à Moscou. " Ces allégations sont la responsabilité de McLaren. Je ne vois aucune preuve. Lorsque j'occupais le poste de président de la Fédération russe d'athlétisme, je n'étais impliqué dans aucun système de manipulation. Qu'il présente des faits. Il s'appuie peut-être sur les propos de l'ancien chef du laboratoire antidopage moscovite Gueorgui Rodtchenkov ? Qu'il le dise. Il peut dire tout ce qu'il souhaite, mais où sont les faits ? ", a-t-il déclaré. Le rapport ne contient aucune nouvelle information, estime pour sa part Dmitri Svichtchev, président de la Fédération russe de curling, soulignant que le document est cousu d'allégations gratuites. " Rien de nouveau. Que des accusations gratuites à l'encontre de nous tous. Si tu es russe, on t'accuse de tous les maux. Mais je n'arrive pas à saisir ce que veut l'AMA. Ils souhaitent qu'on soit exclu de la famille sportive internationale ? ", a-i-il indiqué. Si l'AMA veut mettre de l'ordre, qu'elle commence par elle-même, a poursuivi M. Svichtchev. " Que veulent-ils ? Tout le monde sait que la Russie organise les meilleures et les plus hospitalières compétitions de tous les niveaux. Priver la Russie de cette opportunité c'est punir le monde entier. Nous défendrons nos droits en justice et nous n'accepterons pas qu'on tente de nous dénigrer ", a-t-il conclu. Les 63 échantillons de sang sont propres Avant-hier, le Comité International Olympique a déclaré qu'il avait fini de ré-analyser la première partie des échantillons de sang des sportifs russes accusés du dopage. Il en ressort que 63 athlètes sur 254 sont propres. " Les 63 échantillons de sang recueillis auprès des athlètes russes qui ont participé aux Jeux olympiques d'hiver de Sotchi 2014 ont déjà été réexaminés par le CIO en coopération avec le professeur McLaren et se sont tous avérés négatifs ", a déclaré le Comité International Olympique (CIO) dans son communiqué officiel. Le Comité a également fait savoir qu'il allait procéder à une nouvelle analyse des sondes de la totalité des 254 athlètes russes qui ont pris part aux JO de Sotchi. " Le CIO réexaminera les 254 échantillons d'urine collectés auprès des athlètes russes qui ont participé aux Jeux olympiques d'hiver de Sotchi 2014, puisque le rapport du professeur McLaren n'a pas inclus une seconde analyse complète de tous ces échantillons ", a déclaré le communiqué de presse du CIO.