Ils sont revenus sur les Champs Elysées pour l'acte VIII C'est ainsi qu'hier, en fin de journée, prenant à contre-pied les chiffres a minima diffusés par le ministère de l'Intérieur aux alentours de 15 heures, les Gilets jaunes ont investi les places et les boulevards. Ils étaient donnés en chute libre, leur mouvement de plus en plus réduit: pour la 8ème édition de la mobilisation générale le samedi, les Gilets jaunes ont infligé un démenti spectaculaire au gouvernement et aux élus de laRem, ainsi d'ailleurs qu'au chef de l'Etat Emmanuel Macron, qui avaient tous sifflé la fin de la récréation beaucoup trop vite. La faible participation de fin d'année était bel et bien due aux fêtes et non pas, comme le clamaient les représentants du gouvernement, non sans un verbe provocateur, à une lassitude des foules contestataires. C'est ainsi qu'hier, en fin de journée, prenant à contre-pied les chiffres a minima diffusés par le ministère de l'Intérieur à 15 heures, les Gilets jaunes ont investi les boulevards, de sorte que les pouvoirs publics ont dû réviser à la hausse leurs statistiques, parlant de «près de 50.000 personnes à travers la France». Chiffre contesté par la plupart des Gilets jaunes qui parlent d'une estimation tronquée et réaffirment leur volonté de maintenir telle quelle la mobilisation face à un gouvernement qui n'entend pas renoncer à durcir sans cesse la répression. Après des rassemblements et des marches en demi-teinte lors des deux derniers samedi de décembre, le mouvement a retrouvé son souffle, presque à la hauteur du 17 novembre lorsque le premier acte avait été effectué. Vingt-quatre heures à peine après l'épisode Eric Drouet, une des figures des Gilets jaunes, interpellé pour avoir appelé à une «manifestation illégale sur les Champs Elysées», des centaines de Gilets jaunes étaient de nouveau sur le front, à Paris comme en province où ont eu lieu les marches les plus nombreuses et les plus agitées. Certes, on était loin des 282.000 manifestants du 17 novembre, mais l'avertissement est trop sérieux pour ne pas être pris en compte par le gouvernement alors que certains ministres, certains élus de laRem et le président Emmanuel Macron lui-même réaffirment leur volonté de sévir pour «faire prévaloir la loi». Des échauffourées parfois spectaculaires, des incidents plus ou moins violents à Paris, Bordeaux, Toulouse entre autres, ont quelque peu altéré le message de la majorité des Gilets jaunes qui n'ont de cesse d'insister sur le caractère pacifique de leur mouvement et déplorent en maintes occasions les violences auxquelles ils sont confrontés de la part des forces de l'ordre. Sans être vraiment oubliées, leurs revendications de départ ont cédé place à d'autres exigences plus politiques comme le référendum d'initiative citoyenne (RIC), la limitation du nombre d'élus dans les deux chambres du parlement, le rétablissement de l'impôt de solidarité (ISF) sur la fortune etc. Afin de porter ces nouvelles revendications, ils ont décidé de mieux structurer leur mouvement, de débattre avec davantage de rigueur leur plateforme revendicative et, surtout, de maîtriser la représentation pour ne pas se laisser déborder par les partis qui tentent de récupérer leur action. Les appels à une condamnation des plus radicaux ont résonné en écho aux sentences formulées par les membres du gouvernement qui parlent d' «agitateurs dont le seul objectif est d'abattre la démocratie». Sentiment partagé par le secrétaire général de la CFDT. En attendant, le gouvernement n'est pas resté insensible à la revendication des syndicats policiers: un travail «est en cours pour réfléchir aux mesures qui permettraient de mieux encadrer les manifestations», a assuré le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez, qui parle d'un «fichier» des agitateurs et d'un «durcissement de la législation pénale». Pas vraiment de quoi apaiser la relation avec les Gilets jaunes qui ont du mal à digérer les évacuations par la force de leurs campements de fortune dans les ronds-points et sur les routes.