Craig Reedie, président de l'AMA L'enjeu est important pour la Russie, bannie depuis novembre 2015 de toute compétition par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). La visite de la dernière chance? Une équipe de l'Agence mondiale antidopage (AMA) va de nouveau se rendre en Russie, pour récupérer les données des contrôles de l'ancien laboratoire de Moscou, après un échec qui a relancé la crise entre l'AMA et le pays accusé de dopage d'Etat entre 2011 et 2015. En théorie, la Russie et son agence nationale antidopage, la RUSADA, risquent de nouvelles sanctions de l'instance mondiale, qui exigeait la remise de ces données brutes avant le 31 décembre. Mais le comité exécutif de l'AMA ne prendra pas de décision avant la semaine prochaine au moins, ce qui ouvre la voie à de nouveaux rebondissements, surtout si la mission dans la capitale russe est couronnée de succès. «Une équipe d'experts de trois personnes doit arriver en Russie», aujourd'hui, pour avoir accès aux données et les extraire», a indiqué l'Agence mondiale dans un communiqué. Le président de l'AMA, Craig Reedie, a rappelé qu'il fallait «donner toutes ses chances à la RUSADA» même si «nous continuons d'agir sur la base du non-respect de la date limite du 31 décembre, avec toutes les conséquences que cet échec pourrait avoir». «Si la mission réussit à obtenir les données, cela permettra de sortir d'une longue impasse», a-t-il ajouté, ne fermant pas la porte à une sortie de crise. Le comité exécutif de l'AMA tranchera après avoir reçu les recommandations d'un comité des sanctions de l'agence, qui se réunit lundi et mardi prochains. L'enjeu est important pour la Russie, bannie depuis novembre 2015 de toute compétition par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Lors de sa dernière réunion à Monaco le 4 décembre, l'IAAF, qui autorise néanmoins des athlètes russes triés sur le volet et sous bannière neutre, avait maintenu les sanctions, en réclamant à nouveau les données des contrôles de l'ancien labo de Moscou. De son côté, l'AMA s'était montrée plus indulgente en acceptant, le 20 septembre dernier, de lever la suspension de la RUSADA. Cette main tendue lui avait valu une pluie de critiques et relancé le débat sur sa crédibilité à mener la lutte antidopage dans le monde. L'agence basée à Montréal avait répondu que cette nouvelle chance serait le meilleur moyen de mettre les Russes au pied du mur pour exiger l'accès aux données. D'où l'importance pour l'AMA de mener désormais à bien sa mission. Concrètement, il s'agit pour elle de récupérer des milliers de données analytiques enregistrées dans l'ancien laboratoire antidopage de Moscou, théâtre du système institutionnel de dopage mis en place en Russie entre 2011 et 2015, d'après plusieurs enquêtes internationales. Ces données pourraient permettre aux enquêteurs de l'agence de lever un peu plus le voile sur ce qui se tramait dans le laboratoire, et peut-être ouvrir des procédures disciplinaires à l'encontre de sportifs. Ce travail s'annonce long et aléatoire, d'autant plus que l'AMA devra authentifier les données puis récupérer les échantillons des sportifs, s'ils n'ont pas été détruits ou falsifiés, pour les réanalyser et rendre les dossiers inattaquables. La précédente visite des experts antidopage à Moscou, à la mi-décembre, s'était soldée par un échec, les Russes remettant en cause la conformité de l'équipement utilisé, selon l'AMA. Des voix ont alors réclamé le rétablissement immédiat des sanctions, mettant à nouveau le gendarme mondial antidopage dans l'embarras.