«Sa concrétisation n'est pas simple, elle exige des politiques économiques, industrielles et agricoles appropriées, du temps et de la constance dans leur mise en oeuvre», a souligné le président de la République. Le chef de l'Etat a été droit au but. L'Algérie ne doit plus dépendre de son pétrole. La diversification de son économie est incontournable. Un changement de cap complexe. La problématique est posée crûment certes, mais avec une franchise et une lucidité qui en disent long sur la complexité de la tâche. Un défi qu'il faut absolument relever pour jeter les fondations d'une économie productrice de richesses qui puisse permettre aux générations futures d'entrevoir l'avenir en toute sérénité. Moblisation des énergies «La diversification de l'économie est un objectif central et incontournable de notre démarche économique. Sa concrétisation n'est pas simple, elle exige des politiques économiques, industrielles et agricoles appropriées, du temps et de la constance dans leur mise en oeuvre», a souligné le président de la République dans une interview publiée dans le rapport 2018 élaboré par le cabinet de conseil économique Oxford Business Group, dévoilé le 23 janvier. Le chantier qui attend ses différents acteurs, les forces vives de la nation, appelés à unir leurs efforts pour le mener à bon port, ne sera pas de tout repos. La diversification «nécessite aussi la mobilisation de toutes les énergies et de tous les acteurs du développement, qu'il s'agisse des pouvoirs publics, des collectivités locales, des entreprises nationales, privées et publiques, mais également des firmes étrangères qui peuvent beaucoup apporter à notre économie» indique le premier magistrat du pays. L'entreprise est en marche. Peut-on l'évaluer? Les résultats réalisés jusque-là ne «sont pas négligeables», mais demeurent «insuffisants» juge le président de la République qui a mis en exergue les politiques de redéploiement industriel et de soutien à l'investissement qui ont permis la relance et l'émergence d'activités industrielles (sidérurgie, industrie pharmaceutique, automobile, électronique, agroalimentaire, ciment...). Lutte implacable «Le niveau atteint par la diversification de l'économie nationale n'est pas donc négligeable, mais il reste, aujourd'hui encore, insuffisant pour rééquilibrer durablement les valeurs ajoutées sectorielles et constituer, par la promotion des exportations de biens et services, une alternative sérieuse aux hydrocarbures», constate le chef de l'Etat. Trois éléments conditionnent la réussite du processus de diversification. Quels sont-ils? Abdelaziz Bouteflika citera en premier lieu le rôle qui revient au secteur privé. «Indispensable à la réussite de ce processus» assurera-t-il. «La diversification ne peut se faire sans une présence forte et active de l'entreprise privée dans tous les secteurs d'activité économique» affirme le premier magistrat du pays. «Deuxièmement, la diversification ne peut réussir que si elle repose sur une amélioration de la qualité de la gouvernance économique, aussi bien dans les institutions et administrations économiques de l'Etat que dans les entreprises publiques et privées indiquera le chef de l'Etat. Troisièmement, la diversification exige une «lutte implacable contre toutes les formes de gestion et les pratiques bureaucratiques», soulignera Abdelaziz Bouteflika qui recommandera la nécessité d'oeuvrer davantage pour assainir et rendre plus attractif le climat des affaires. La bureaucratie est dans la ligne de mire du Président. Le réquisitoire est implacable. «Il est intolérable que les initiatives et les bonnes volontés, l'engagement citoyen et financier des entrepreneurs, soient contraints par des comportements bureaucratiques ou intéressés.» s'insurgera-t-il. «Dans le domaine de l'allègement administratif et réglementaire, nous avons certes accompli des progrès certains, dans le cadre du processus d'amélioration du climat d'affaires, enclenché depuis déjà quelques années.», fera-t-il remarquer. «Les résultats sont visibles dans plusieurs domaines de la vie du citoyen et de l'opérateur économique (état-civil, justice, registre du commerce, douanes...), mais nous devons encore davantage progresser sur cette voie», exigera le premier magistrat du pays. Autant d'objectifs à atteindre qui visent à orienter l'Algérie vers le développement d'ici 2030 à travers le modèle économique qu'elle s'est choisi. Une démarche adoptée qui vise à faire face aux contraintes de l'économie mondiale, à réduire ses vulnérabilités et à asseoir sa croissance sur une base «saine et durable», explique le président de la République qui s'est aussi exprimé sur l'inévitable question de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, secteur clé de l'économie nationale qui doit jouer le rôle de locomotive pour sa diversification. Cela «contribuera certainement au développement d'un partenariat gagnant-gagnant avec des entreprises étrangères dans ce secteur» fera observer le président de la République. Sur le plan continental Abdelaziz Bouteflika soulignera la participation «active» de l'Algérie aux négociations pour la mise en place d'une zone de libre-échange continentale africaine. Elle servira à libérer les potentialités, favoriser les échanges et contribuer ainsi à la transformation structurelle des pays du continent, fera remarquer le chef de l'Etat. Abdelaziz Bouteflika aura esquissé les contours de l'Algérie de demain...