Diversifier l'économie nationale et favoriser l'accès des jeunes à l'emploi constituent l'essentiel des objectifs du volet économique de son programme. Le président de la République a esquissé, dimanche dans son allocution d'investiture, les contours de son programme qu'il compte mettre en œuvre, en attendant sa traduction en feuille de route pour le futur gouvernement, lors de sa troisième mandature. Le chef de l'Etat a notamment insisté sur la mise en œuvre d'un vaste mouvement de diversification et de densification du tissu économique pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Des engagements, pris déjà durant les deux premiers mandats, qui n'ont pas changé fondamentalement la nature de l'économie algérienne, au demeurant rentière, même s'il faut le reconnaître beaucoup de choses ont été réalisées sur le plan des infrastructures. L'économie algérienne est encore plus dépendante des hydrocarbures qu'elle ne l'était dans les années 1970 : 30% du PIB en 1970 ; 50% en 2008. En dépit d'injection de sommes considérables, l'économie algérienne, hors hydrocarbures, se porte toujours mal. Le produit industriel à prix constant en 2007 est quasi le même qu'en 1983. La part du secteur des hydrocarbures dans la production de la richesse nationale est passée de 33% en 2002 à 55% en 2008. La croissance de l'économie, les revenus de l'Etat et la capacité d'épargne du pays sont très dépendants du secteur des hydrocarbures. “Enclencher un vaste mouvement de diversification et de densification de notre tissu économique”, c'est tout le défi que doit relever le président Bouteflika. En tout cas, le chef de l'Etat estime que “les conditions sont désormais propices”, précisant que “l'Etat s'emploiera pleinement à le stimuler et à le soutenir”. Il le fera en relançant l'investissement dans les segments du secteur public rendus à la viabilité et à la performance, en œuvrant à éliminer les blocages résiduels qui peuvent freiner l'initiative privée, en encourageant fiscalement les activités à forte valeur ajoutée et celle faisant appel à l'innovation, en réorientant plus fortement les banques publiques vers le financement des activités de production et des services à contenu technologique, en poursuivant l'ouverture à l'investissement étranger pour autant qu'il contribue effectivement à la production et à la richesse nationale ainsi qu'au développement technologique du pays. “Cette dimension technologique est la base de la compétitivité internationale, une exigence qui, à mesure que se rapproche l'échéance de l'après-pétrole, devient plus pressante et plus absolue”, explique le président de la République. M. Abdelaziz Bouteflika balise ainsi les secteurs à promouvoir et les investissements directs étrangers que l'Algérie souhaite recevoir. Le chef de l'Etat souligne qu'en dépit de la grave crise économique qui sévit à travers le monde, la mise à exécution des programmes de développement social a été rendue possible grâce aux orientations de notre politique financière. Ces orientations ont permis, en particulier, notre désendettement extérieur et la constitution de réserves destinées à faire face aux aléas des marchés pétroliers. Pour autant il reconnaît que l'Algérien fait partie du monde et que son économie réelle est très connectée aux activités mondiales. “Nous vivons dans un monde en crise, menacé de toutes parts, aussi bien par les modifications climatiques que par les pénuries prévisibles des ressources alimentaires, mais aussi par la profonde crise financière qui affecte l'économie mondiale, mais qui nous touche également au même titre qu'elle touche l'ensemble des pays du Tiers-Monde”, a indiqué le premier magistrat du pays, évoquant “une vigilance soutenue” quant aux évolutions de l'économie mondiale. M. Abdelaziz Bouteflika annonce alors un certain nombre de chantiers : adapter le cadre de fonctionnement de l'économie aux nouvelles réalités, étendre et moderniser nos infrastructures économiques, assainir les institutions financières et engager le processus de leur modernisation, à redéfinir le périmètre du secteur public économique et rationaliser son organisation. Le président de la République a, par ailleurs, rappelé l'objectif de création de trois millions d'emplois durant les prochaines cinq années. “Trop de jeunes ne trouvent pas encore d'emplois, ce qui contribue à alimenter chez beaucoup un sentiment de découragement et de mal-être et parfois, chez certains, le désespoir et les tentations néfastes”, a regretté le chef de l'Etat, soulignant qu'il veillera “avec constance à ce que tous les moyens de l'action publique soient pleinement tendus vers la réalisation de cet objectif”. Pour rappel, M. Abdelaziz Bouteflika avait annoncé un plan d'investissement public de 150 milliards de dollars sur cinq ans. M. R.