Des supporters du président Buharia Le géant d'Afrique est désormais le pays au monde qui compte le plus grand nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté (87 millions), devant l'Inde, selon le baromètre World Poverty Clock. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 190 millions d'habitants et première puissance pétrolière du continent, votera le 16 février lors d'un scrutin très serré entre le président sortant, Muhammadu Buhari, et le chef de l'opposition, Atiku Abubakar, un ancien vice-président. A Lagos, mégalopole économique, et Abuja, capitale fédérale, les deux candidats principaux devaient rencontré hier, pour l'une des dernières fois, leurs électeurs dans deux meetings géants où seraient présentes des dizaines de milliers de personnes. Mais le parti d'Abubakar a annoncé hier avoir dû annuler son meeting à Abuja. Il a accusé le président Buhari et son parti d'être derrière l'interdiction d'accès au site prévu, une accusation aussitôt rejetée par le parti au pouvoir. Pendant un mois, Buhari, candidat du Congrès des progressistes (APC), et Abubakar, du Parti populaire démocratique (PDP), principal parti de l'opposition, ont parcouru les 37 Etats que compte le Nigeria, rassemblant tous deux des cohortes de supporters impressionnantes. En réalité, les records historiques de participation aux meetings politiques sont davantage le symbole du ralentissement économique et de la pauvreté ambiante que d'un sursaut soudain de popularité pour ces deux candidats, qui ne sont pas particulièrement populaires ni charismatiques. Les rassemblements politiques sont avant tout une occasion de récolter quelques billets, de la nourriture ou des «cadeaux» lancés par les équipes de campagne à la foule. Le pays a plongé dans la récession économique entre 2016 et 2017, peu après l'arrivée de Muhammadu Buhari au pouvoir, et aujourd'hui la croissance peine à se relever. Le géant d'Afrique est désormais le pays au monde qui compte le plus grand nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté (87 millions), devant l'Inde, selon le baromètre World Poverty Clock. C'est d'ailleurs sur les questions économiques que l'opposant Abubakar veut faire la différence, promettant de «remettre le Nigeria au travail» («Make Nigeria work again»). Muhammadu Buhari s'est quant à lui placé comme un politicien proche du peuple, avec sa mesure «Trader Moni», un système de micro crédit (de 24 à 75 euros) pour 2 millions de petits commerçants dans les marchés. Au Nigeria, pays divisé entre un Sud majoritairement chrétien et un Nord à dominante musulmane, ainsi qu'entre trois groupes communautaires majoritaires (Haoussa, Yorouba et Igbo), le choix des candidats est plus souvent basé sur sa région d'origine ou sa religion que sur les idées. Mais cette année, les deux candidats principaux sont tous deux Haoussas musulmans. Des régions entières, comme dans le Nord-Est, dévasté par près de dix ans de conflit entre l'armée et Boko Haram, sont inaccessibles et plusieurs centaines de milliers de personnes déplacées ne pourront pas se rendre aux urnes. Vendredi, la Commission électorale nationale nigériane (INEC) a étendu le délai limite pour collecter les cartes d'électeurs au lundi 11 février, après avoir reçu une avalanche de plaintes. Dans les centres de collectes ou sur les réseaux sociaux, des milliers de personnes s'indignaient d'être privées du droit de vote.