Le président sortant n'a pas jugé utile de répondre à l'élan populaire qui ne faisait que grandir et connaître une adhésion massive dans le pays. L'élan populaire qui a été enclenché depuis le 22 février passé ne s'est pas interrompu en sa qualité de mouvement à la fois catalyseur et mobilisateur. L'acte I s'est exprimé tel un torrent politique inattendu à tel enseigne que l'establishment du système a été pris au dépourvu. Cette mobilisation générale émanant de toutes les villes du pays a vite scandé le mot d'ordre du rejet du cinquième mandat et le départ de tout le personnel politique qui constitue la trame de fond du système en place. Cette dynamique patriotique et salvatrice s'est maintenue dans sa cadence en allant crescendo dans le sens de la révolte et de la colère, mais d'une manière pacifique historique dans le genre. C'est l'acte II qui a été une sorte de rupture flagrante et saillante avec le régime incarné par le président sortant et impotent. C'est là aussi que le système du pouvoir en place a tremblé et a commencé à bien prendre au sérieux la dynamique populaire. Mais la réponse du pouvoir s'est manifesté via un subterfuge consistant à remanier le cinquième mandat en le rétrécissant telle une peau de chagrin. L'acte III s'est illustré par une détermination stoïque et mobilisatrice, ce qui a amené le président sortant à remettre en cause y compris le cinquième mandat allant jusqu'à annoncer le report de l'élection présidentielle en question. Mais la «ruse» proposée par le président sortant s'est avérée elle aussi caduque dans la mesure où la prolongation du mandat a été rejetée d'emblée et de façon catégorique par la rue qui ne veut que la démission du président sortant et le départ du régime qu'il incarne illico presto. Ce sont l'acte III et l'acte IV qui ont accéléré la dynamique politique vers une ligne de changement qui s'esquissait comme processus inéluctable grâce à la mobilisation massive des millions d'Algériens et d'Algériennes qui ont investi les rues de tout le pays. Mais la dynamique de la rue n'a pas été suivie par des mesures politiques de la part des «décideurs» dans la perspective de mettre un terme au système du pouvoir en place et d'envisager une période de transition salvatrice qui pourrait remettre le pays sur la voie constitutionnelle et institutionnelle après avoir piétiné les fondements de la Constitution par le recours au report de l'élection présidentielle sans que cela soit stipulé par la Loi fondamentale en vigueur. Le président sortant n'a pas jugé utile de répondre à l'élan populaire qui ne faisait que grandir et connaître une adhésion massive dans le pays. Ce scénario comme cela est analysé par un nombre important d'experts politiques est vu comme une espèce d'usure de la part du système dans l'objectif de gagner du temps et donner un coup dur au mouvement de mobilisation populaire qui s'est insurgé contre lui. L'acte V a vu des Algériens et des Algériennes battre le pavé dans les rues du pays dans des conditions climatiques défavorables sans que cela n'affecte l'élan populaire qui est resté intact dans sa cadence de mobilisation. L'acte V a été vu par la majorité des manifestants comme étant l'acte salutaire qui obligera le président sortant à jeter l'éponge pour permettre aux instituions de reprendre vie avec la légitimité constitutionnelle et préparer une transition qui s'arrimerait aux attentes et aspirations de la majorité qui plaide le changement. La situation depuis, s'est engouffrée dans une espèce d'immobilisme qui fait craindre et qui pousse les avertis de la chose politique à s'interroger sur le processus de changement et les risques qui planent sur les institutions de l'Etat après l'achèvement du mandat du président sortant d'ici quelques semaines. La rue ne se démobilise pas, la cadence des manifestations se consolide, mais le président sortant reste inaudible à l'appel de la rue qui exige son départ maintenant, avec son système, sans tarder. Ce jeu scabreux commence à faire peur aux experts juristes et constitutionnalistes, c'est le risque de voir le pays vivre une situation où la légitimité et la légalité constitutionnelle seront bafouées de facto à cause des tergiversations du système en place en recourant au jeu d'usure. La crise se corse et la situation risque de sombrer. Il reste à savoir si l'acte VI aura raison de toutes ces démarches qui ont prévalu depuis le déclenchement de l'élan populaire pour imposer sa pression.