Cinq jours après l'annonce par le président américain Donald Trump de la mort d'Abou Bakr al Baghdadi lors d'une opération aéroportée dans la périphérie d'Idlib, au nord de la Syrie, l'organisation autoproclamé Etat islamique (EI) a confirmé, jeudi dernier, la disparition de son chef, non sans annoncer la nomination de son successeur et en adressant à Washington des menaces de représailles. « Ô musulmans, Ô moudjahidine, soldats de l'EI (...), nous pleurons le commandeur des croyants Abou Bakr al-Baghdadi », a proclamé Al-Qoraïchi, le tout nouveau porte-parole du groupe terroriste, dans un message audio posté sur l'application Telegram. Daesh a d'ailleurs confirmé la mort, intervenue lors d'un autre raid américain, de son ancien porte- parole et bras droit d'Abou Bakr al Baghdadi, Abou Hassan Muhajer, donné par les services irakiens comme le probable remplaçant d'Al Baghdadi avant la divulgation mercredi soir de son élimination par le commando américain. En définitive, l'organisation extrémiste évoque la tenue d'une réunion du Majlis al Choura qui a exprimé son allégeance au nouveau chef de la mouvance terroriste Abou Ibrahim Al Hachemi al Qoraïchi, devenu le nouveau « commandeur des croyants » et « calife des musulmans », selon la phraséologie habituelle du groupe. Contrairement à celui d'Al Muhajjer, souvent donné comme le successeur désigné d'Al Baghdadi, le nom d'Al Qoraïchi a rarement été évoqué durant les années écoulées qui ont vu la mort d'al Baghdadi annoncée à maintes reprises. C'est ainsi qu'un spécialiste irakien de la nébuleuse Daesh a avoué « ne pas savoir grand-chose sur cet homme », sinon qu'il est « le principal juge de l'organisation et qu'il préside, à ce titre, l'Autorité de la chariaa ». Au lendemain de l'annonce faite par le président Trump, depuis la Maison-Blanche, sur la mort d'Abou Bakr al Baghdadi qualifié de responsable de multiples exactions et atrocités, aussi bien en Irak et en Syrie, que dans plusieurs autres pays en Europe, le Pentagone a diffusé plusieurs photos et extraits vidéos montrant une dizaine de soldats investir, dans la nuit de samedi à dimanche, les abords de la maison où s'était réfugié le dirigeant terroriste, dans la localité de Baricha, relevant de la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Constatant qu'il était pris au piège dans un tunnel d'où il ne pouvait s'échapper, al Baghdadi a choisi de se donner la mort en actionnant son gilet bardé d'explosifs. En intervenant sur les réseaux sociaux au moyen d'un enregistrement audio, le nouveau porte-parole du groupe terroriste a appelé à venger la mort d'Al Baghdadi, menaçant plus particulièrement les Etats-Unis de représailles et traitant Donald Trump de «vieillard insensé».»Ne te réjouis pas, Amérique (...)»,a-t-il averti. «Il est venu celui qui te fera oublier les horreurs» d'Abou Bakr al-Baghdadi et «les coupes amères (...) dont le goût te paraîtra doux», a assuré Daesh au nom de son nouveau chef qui prend ainsi la place de l'homme le plus recherché de la planète. Il aura, selon toute vraisemblance, beaucoup de mal à mobiliser les troupes, diluées en de nombreuses cellules clandestines et confrontées à des difficultés de communication comme de mouvement. Parmi ses priorités, va sans doute figurer la « libération » des 12 000 combattants détenus par les Kurdes des FDS – YPG et la mobilisation des 14 000 autres dispersés en Syrie et en Irak, une force qui devrait, selon certains experts, lui permettre de se rapprocher du chef d'Al Qaïda, Ayman al Zawahiri.