Les raids meurtriers de l'armée nationale libyenne (ANL ) autoproclamée que dirige le général à la retraite Khalifa Haftar sont devenus quotidiens puisque, dans la nuit de dimanche à lundi, ils ont encore provoqué la mort de cinq civils ? dans la banlieue résidentielle sud de la capitale, selon un porte-parole du ministère de la Santé. «Des raids aériens violents contre le quartier résidentiel d'al-Swani ont tué cinq civils et blessé dix autres, dont certains grièvement», a en effet confirmé Amin al-Hachemi. C'est dans cette banlieue sud de Tripoli qu'ont lieu de violents combats depuis le 4 avril, date du déclenchement de l'offensive censée être « foudroyante » du général Khalifa Haftar, dont le but est de s'emparer de la capitale libyenne, siège du gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU. «Le quartier visé est résidentiel. Il n'y a aucune infrastructure militaire», a précisé Amin al-Hachemi qui a indiqué que les missiles utilisés à al-Swani, distante de 25 km de Tripoli, ont causé d'importants dégâts matériels. On sait que le GNA présidé par Fayez al Serraj qui s'est rendu, ces jours derniers, à Ankara où il a conclu un accord militaire avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, accuse les Emirats arabes unis de mener des frappes avec des drones, « en soutien au criminel de guerre Khalifa Haftar » et les tient pour responsables de la mort de plusieurs centaines de civils dont des femmes et des enfants. Les raids n'épargnent, affirme le GNA, ni les installations hospitalières ni les écoles. C'est ainsi que l'attaque contre la zone résidentielle sud, hier, a entraîné la mort d'une femme et d'un enfant et a occasionné de graves blessures à une dizaine de personnes. «Les drones émiratis ont mené deux raids contre le pont d'al-Zahra», à l'ouest de Tripoli, «causant des dégâts aux infrastructures», a précisé, quant à lui, le porte-parole des forces loyales au GNA, Mohamad Gnounou. Quant aux combattants de l'ANL, ils n'ont pratiquement jamais revendiqué leurs frappes et c'est encore le cas pour celle contre al-Swani. Le représentant spécial de l'ONU, Ghassan Salamé, a déclaré, voici quarante-huit heures, que les combats ont fait, depuis le début de l'offensive contre Tripoli, au moins 200 morts parmi les civils. 2.000 combattants ont été tués et 146.000 Libyens ont été déplacés, selon les chiffres communiqués par l'ONU. Voici trois jours, deux frappes aériennes des forces pro Haftar ont tué 14 enfants, deux femmes et fait au moins 10 blessés parmi les civils. Selon le GNA, cette tuerie est intervenue dans le bombardement qui a ciblé Oum al Aranib, au sud de Tripoli. C'est dans un tel contexte que les autorités ont annoncé dimanche la réouverture de l'aéroport international de Mitiga, distant de 20 km de Tripoli et fermé depuis le 12 décembre 2018, après des bombardements et des attaques aériennes qui ont endommagé la piste. Depuis un an, tous les vols à destination et au départ de Tripoli avaient été détournés vers l'aéroport international de Misrata, à quelque 200 km de Tripoli. Haftar multiplie sans relâche les attaques contre les deux , malgré les condamnations successives de l'ONU et les mises en garde des grandes puissances qui prêchent la retenue au plan diplomatique mais lui apportent un soutien , dans la mesure où la Libye reste un pays producteur de pétrole et un axe stratégique dans la région à la fois maghrébine et sahélienne. Un soutien qui le conforte dans sa logique de guerre jusqu'auboutiste.