Retour de boomerang. Les Etats-Unis qui sont devenus premier producteur d'or noir grâce à une exploitation effrénée du pétrole de schiste qui a, par ricochet, inondé le marché pétrolier qui a largement contribué soit à ralentir les rebonds répétés des prix du baril soit à carrément contribuer à les faire chuter. Cette donne est vraisemblablement en train de changer. La décision de l'Arabie saoudite de déclencher une guerre des prix en réduisant ceux de la vente du brut sur les marchés étrangers à un niveau sans précédent depuis au moins 20 ans, en offrant des remises sans précédent en Europe, en Extrême-Orient et aux Etats-Unis pour inciter les raffineurs à acheter du brut saoudien, a entraîné, lundi dernier, une baisse historique des prix du pétrole et un effondrement spectaculaire des places boursières mondiales. Il faut remonter à février 2016 pour trouver des prix aussi bas pour le baril de pétrole et à près de 30 ans, pendant la première guerre du Golfe en 1991, pour retrouver des chutes aussi impressionnantes. Cette dégringolade des cours de l'or noir et plongeon des Bourses vont mettre vraisemblablement dans le pétrin les chercheurs d'or noir des temps modernes qui ont pullulé, ces dernières années au pays de l'Oncle Sam. La majorité s'est endettée à un point où elle sera obligée de carrément disparaître dans le cas où le baril de brut afficherait un niveau jugé trop bas. De grandes compagnies pétrolières américaines ont subi de lourdes pertes. Déjà endettées, Exxon Mobil, Chevron et ConocoPhillips ont vu leurs actions dégringoler respectivement de 8%, 13% et de 23% à la Bourse de New York. En cause, cette guerre des prix lancée par les Saoudiens pour ne pas perdre de parts de marché face à la Russie qui s'était opposée à leur proposition de réduire la production de l'Alliance Opep-non Opep de 1,5 million de barils par jour lors d'un sommet qui s'est tenu les 5 et 6 mars à Vienne en Autriche, mais aussi face aux Etats-Unis, qui inondent le marché mondial avec leur pétrole de schiste. Ce qui a permis à ces derniers de supplanter leurs rivaux et de devenir le premier producteur d'or noir incontesté de la planète au prix d'investissements financiers colossaux. «Le boom du schiste, qui a permis aux Etats-Unis de devenir le premier producteur mondial d'or noir devant la Russie et l'Arabie saoudite, a nécessité des milliards de dollars d'engagements financiers que banques et investisseurs, avec des taux d'intérêt particulièrement bas, ont accordé» souligne un rapport de Moody's rendu public vers la mi-février 2020. Et cela a un prix ! «Les sociétés d'exploration et de production aux Etats-Unis et au Canada ont environ 86 milliards de dollars de dette à rembourser entre 2020 et 2024» indique la célèbre agence américaine de notation financière qui souligne que 62% de cette dette est considérée comme spéculative. Une bombe à retardement qui a intérêt à être désamorcée le plus vite possible.