Le monde a franchi lundi le seuil symbolique des trois millions de cas recensés du nouveau coronavirus et Donald Trump a de nouveau accusé la Chine d'avoir mal géré la pandémie, allant jusqu'à évoquer une possible demande de réparations. Encouragés par un ralentissement des contaminations, plusieurs pays européens et une dizaine d'Etats américains ont amorcé, en ordre dispersé et parfois dans la polémique, une sortie prudente du confinement. Avec près d'un tiers des cas et plus de 56 253 des 212 056 victimes mondiales, les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché mais il existe de fortes disparités régionales entre les zone rurales très peu concernées et la région de New York par exemple, épicentre de la crise. Les autorités locales, gouverneurs en première ligne, abordent donc chacune à son rythme les mesures de redémarrage d'une économie qui, comme partout, souffre cruellement des mesures de confinement. «Nous voulons qu'ils le fassent le plus vite possible mais en toute sécurité», a déclaré Donald Trump lors d'un point-presse à la Maison-Blanche, en espérant voir de nombreuses écoles rouvrir avant les vacances d'été. Désireux de faire oublier des propos malheureux sur des injections de «désinfectant», le président américain s'est fait discret ce week-end, mais a renoué lundi avec un exercice quasi quotidien depuis le début de la crise. Il en a profité pour attaquer à nouveau la Chine, où le nouveau coronavirus est apparu. La maladie «aurait pu être arrêtée à la source», a-t-il assuré, en évoquant une possible demande de réparation de plusieurs milliards de dollars. «Nous n'avons pas encore déterminé le montant final», a-t-il ajouté sans plus de précisions. Le président a également défendu les progrès réalisés par les Etats-Unis en matière de dépistage, alors que des chercheurs d'Harvard ont estimé que le pays n'avait pas les capacités suffisantes pour entamer son déconfinement au 1er mai. Cela n'a pas empêché plusieurs Etats de franchir le pas. Les restaurants de l'Etat de Géorgie, dans le sud, ont rouvert leurs portes lundi. Restaurants, musées, cinémas et théâtres texans pourront eux rouvrir vendredi, à 25% de leur capacité. Dans l'Etat de New York, à l'inverse, le confinement restera en vigueur au moins jusqu'au 15 mai, une décision approuvée à une majorité écrasante de la population locale - 87%. Ensuite, «il faudra être malin», a jugé le gouverneur démocrate Andrew Cuomo. Autre pays fédéral, le Canada présente les mêmes écarts: si le Nouveau-Brunswick (est) a rouvert parcs et plages, les écoliers du Québec ne retrouveront les salles de classe que le 11 mai et le 19 à Montréal. En Europe, où la pandémie marque le pas, le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même atteint du virus et de retour aux affaires lundi, a appelé ses concitoyens à la patience.» Ailleurs sur le Vieux continent, à la faveur de l'embellie observée ces derniers jours, conséquence des sévères restrictions de mouvement imposées depuis plus d'un mois, plusieurs pays ont déjà allégé le confinement. La Norvège a rouvert lundi des écoles. Une semaine après les «barnehager» qui font office de crèches et de maternelles, c'est au tour des enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l'école, dans des classes réduites à 15 élèves. Les Suisses ont pu recommencer à aller chez le coiffeur ou le fleuriste. En Allemagne et en Autriche, une grande partie des commerces ont rouvert, avec de stricts mots d'ordre de «distanciation sociale» et à grands renforts de masques. En Espagne, après six semaines cloîtrés chez eux, les enfants peuvent depuis dimanche recommencer à jouer dans la rue, avec un certain nombre de restrictions. Le confinement a été prolongé jusqu'au 9 mai inclus et le gouvernement a présenté hier son plan d'assouplissement. La France a elle aussi dévoilé hier sa stratégie en vue du déconfinement, qui doit débuter le 11 mai. Sous un doux soleil printanier, de plus en plus de Parisiens sont déjà tentés de sortir dans les rues vidées de leur habituel chaos automobile. Il ne faut pas que «les gens craquent», s'inquiètent les autorités. L'Italie doit détailler en début de semaine les mesures qu'elle envisage par étapes à compter du 4 mai. Les écoles resteront fermées jusqu'en septembre mais les entreprises stratégiques de la troisième économie européenne ont été autorisées à rouvrir. Comme aux Etats-Unis, ces terribles bilans auraient pu être allégés si tous les pays du monde avaient «écouté attentivement» l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a plaidé son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, mis en cause par Washington qui lui a coupé les vivres. Rappelant avoir donné l'alerte le 30 janvier, alors qu'il n'y avait en dehors de Chine que 82 cas et aucun mort, il a déclaré que l'OMS avait recommandé «de trouver les cas, tester, isoler et rechercher» les personnes ayant été en contact avec les malades. Selon lui, «les pays qui ont suivi les conseils sont en meilleure position que les autres. C'est un fait». En Afrique, où le confinement est difficilement tenable pour de larges pans des populations, le géant nigérian commencera à lever ces mesures à compter du 4 mai, tout en maintenant un couvre-feu.b