La crainte d'une seconde vague de la pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19) qui a tué près de 300.000 personnes dans le monde est dans tous les esprits, notamment dans les pays européens, durement frappés par la maladie et qui s'apprêtent à alléger les mesures de confinement. Depuis son apparition en décembre 2019 en Chine, le Covid-19 a infecté 4 millions de personnes et fait plus de 277.000 décès à travers la planète, selon le dernier bilan officiel donné samedi soir par les médias. Mais le recul de la maladie dans certains pays a permis d'enclencher la fin de plusieurs semaines de confinement dans les Etats les plus touchés par l'épidémie comme l'Italie, l'Espagne et la France. L'allègement des mesures en vigueur est très progressif, et différencié. En France, les restrictions seront davantage levées dans les départements "verts" que dans les "rouges". En Espagne, les deux principales villes, Madrid et Barcelone, resteront à l'écart de la nouvelle phase de déconfinement. Ailleurs sur le Vieux Continent, on desserre certaines restrictions lundi en Belgique, Grèce, République tchèque, Croatie, Ukraine, Albanie, au Danemark et aux Pays-Bas, après la Turquie dès dimanche. Cependant, l'apparition d'une seconde vague de contaminations au Covid-19 est redoutée, conduisant certains pays comme la Russie qui répertorie officiellement quelque 10.000 nouveaux cas de Covid-19 chaque jour, à renforcer leurs mesures sanitaires. Au Royaume-Uni, le pays européen le plus endeuillé et le deuxième au monde avec au moins 31.000 morts, le Premier ministre Boris Johnson, lui-même rescapé du Covid-19, doit s'exprimer dimanche. "Nous ne pouvons pas risquer un second pic" de contaminations, avait prévenu M. Johnson samedi sur Twitter, appelant ses compatriotes à "continuer" leurs efforts, pour stopper la propagation de ce virus virulent.. Respecter les gestes barrières, c'est l'essentiel Face à la crainte d'un "second pic", ou une deuxième vague, les appels au respect des mesures d'hygiène sanitaires se multiplient. "Il faut absolument" que les gens "appliquent les gestes barrière, c'est-à-dire qu'ils passent d'un confinement chez soi à un confinement sur soi, penser que soi-même on doit se protéger, on doit protéger les autres", prévient la virologue et ex-sous-directrice générale de l'OMS Marie-Paule Kieny, membre d'un comité d'expertise qui conseille le gouvernement français. Le respect des gestes barrières et de mesures de distanciation physique "prendra encore plus d'importance, auquel il conviendra d'ajouter le port du masque dans certaines situations", a expliqué récemment dans le même contexte, le Premier ministre français Edouard Philippele. Pour cause, il n'y a toujours ni vaccin, ni traitements efficaces (même si la chloroquine est utilisée pour les formes graves) capable d'éradiquer ce virus mortel et très contagieux et "le risque d'une seconde vague est un risque sérieux, qui nous impose de procéder avec prudence", a-t-il prévenu. Ailleurs dans le monde, au Canada par exemple, le Premier ministre Justin Trudeau a appelé à la prudence dans le déconfinement pour éviter un éventuel retour en arrière. Il s'est dit inquiet de la situation à Montréal, important foyer de la maladie au Canada. Aux Etats-Unis, pays le plus touché au monde (près de 79.000 morts et 1,3 million de cas), le bilan quotidien s'est établi samedi autour de la barre de 1.600 décès pour la deuxième journée de suite, ce qui représente un certain fléchissement après plusieurs jours à plus de 2.000 morts. La gestion de la crise par le président Donald Trump a été éreintée par son prédécesseur Barack Obama. Il a déploré un "désastre chaotique absolu" lors d'une conversation téléphonique avec d'anciens collaborateurs de son gouvernement, a-t-on indiqué. En Amérique du Sud, le Brésil a franchi le seuil des 10.000 morts, avec 155.939 cas de contamination confirmés, selon le ministère de la Santé. Au rythme élevé auquel progresse le Covid-19 dans ce pays de 210 millions d'habitants, le Brésil pourrait devenir en juin le nouvel épicentre de la pandémie, selon des analystes. D'où le confinement prolongé jusqu'à fin mai décidé par l'Etat de Sao Paulo, qu'imitera lundi celui de Rio de Janeiro. Et en Iran, qui accélère son retour à la vie normale avec la réouverture des commerces, des habitants de Téhéran craignent un nouveau pic de contaminations au nouveau coronavirus dans le pays, le plus touché par la pandémie au Proche et Moyen-Orient. Après l'apparition du virus mi-février en Iran, écoles, universités, cinémas, stades et autres lieux de regroupement ont été fermés dès le mois de mars pour endiguer sa propagation. Mais sous la pression économique, notamment en raison des sanctions américaines, l'Etat a autorisé le 11 avril une réouverture progressive des commerces dans les provinces puis, une semaine plus tard, dans la capitale. Depuis le 4 mai, le nombre de nouvelles infections recensées officiellement est supérieur à 1.000 par jour, après une brève baisse observée la semaine passée. Au total, le pays compte plus de 106.000 contaminations et 6.500 décès, selon les chiffres donnés par le gouvernement. "La prudence des gens a fait chuter le nombre des contaminations, mais dès que la maladie a été jugée moins importante, nous avons constaté une augmentation des cas", explique Massoud Mardani, spécialiste en maladies infectieuses au ministère de la Santé. La hausse des infections "est en partie due à la réouverture (des commerces) et aux gens qui vont faire du shopping", juge-t-il auprès de l'agence Isna. L'Etat s'est engagé à réimposer des mesures si le nombre de contaminations continue d'augmenter.