Qui tiendra jusqu'au bout? Le MJS ou la FAF? À vrai dire, chacun voit midi à sa porte et le conflit a encore de beaux jours devant lui. La tutelle a réservé une réponse virulente à la demande de l'instance fédérale pour la tenue d'une Assemblée générale extraordinaire (AGEx) afin de trancher l'avenir des différents championnats. Le département de Sid Ali Khaldi qualifie la démarche de la FAF d'«antiréglementaire» et un «dribble». Il est mentionné également que «si l'intention de cette demande est de tenir une assemblée générale extraordinaire, l'article 29 - alinéa 6 - des statuts de la FAF stipule avec précision sa compétence pour se prononcer exclusivement sur trois cas». À vrai dire, l'auteur de la réponse a glissé (sciemment ou inconsciemment?) le mot «exclusivement», qui n'existe pas dans ledit article. Jugez-en. «L'Assemblée générale extraordinaire est compétente pour se prononcer sur le changement du lieu du siège de la FAF; la modification des statuts, la dissolution de la Fédération», stipule l'alinéa 6 dudit article. Et même si le mot «exclusivement» y figurait, la FAF se défend par le contenu de l'article 82 des même statuts, concernant «les cas non prévus et de force majeure». «Le Bureau fédéral est habilité à prendre une décision sur tous les cas non prévus par les présents statuts ou en cas de force majeure. Il statue dans ce cas conformément aux pratiques et usages reconnus dans le domaine du football», est-il mentionné dans ledit article. À chaque situation exceptionnelle, une décision exceptionnelle. C'est ce que le BF a fait, lors de sa réunion du 15 juillet dernier. Le MJS a-t-il été mené en bateau par son service juridique? Ou s'agit-il d'une suite de ce bras de fer entre les deux responsables? Qu'à cela ne tienne! Dans les deux cas, cette «guéguerre» se transforme en «guerre de clans» et chacun tire de son côté voulant se donner raison. Le football est, ainsi, pris en otage par un règlement de comptes. Et si la FAF décidait de se plaindre auprès de la FIFA, «pour ingérence du MJS»? Le football algérien serait, le cas échéant, suspendu avec effet immédiat et, donc, l'Equipe nationale, championne d'Afrique en titre, privée des prochaines échéances, dont la CAN du Cameroun en 2022. Faut-il, donc, rester les bras croisés, observer et compter les morts? Quelques heures après le refus du MJS d'autoriser la FAF à tenir son AGEx, Khaldi a posté un message sur sa page Facebook pour célébrer le premier anniversaire de la consécration des Verts lors de la CAN-2019. Il a félicité les joueurs et les membres du staff technique, conduit par Djamel Belmadi, mais en ne pipant mot sur la FAF et ses responsables. L'on est tenté de se ranger du côté de nos confrères de Botola, qui s'étaient demandé s'il s'agissait d'«un coup de com' ou d'une maladresse?». Il y a quelques jours de cela, au moment où la FAF annonçait la tenue de la réunion du BF pour le 15 du mois courant, le MJS a pondu un communiqué dans lequel il écrit que «la reprise des compétitions sportives est impossible à l'heure actuelle». Un communiqué où l'information manque, étant donné que tout le monde pouvait faire ce constat. À quoi ce communiqué a-t-il servi, si ce n'est à tacler la FAF des deux pieds dans sa surface de réparation? Bien avant, soit le 8 juin 2019, le MJS a rendu publique une circulaire interdisant aux Fédérations sportives tout changement ou modification des statuts, des règlements intérieurs, des systèmes de compétition, des codes disciplinaires, ou à procéder aux mouvements des cadres techniques et réactiver des structures sportives suspendues. Ça saute à l'oeil: cette circulaire vise principalement la FAF, que le MJS ne quitte pas d'une semelle, et qui a mis en chantier, avec l'assistance de la FIFA, la modification de ses statuts. L'Instance internationale avait salué ce processus en dépêchant deux de ses experts, en l'occurrence Sarah Solemale et Rolf Tanner, pour expliquer le projet d'uniformisation des statuts des associations membres, qu'elle souhaite boucler avant la fin de l'année en cours. S'agit-il d'une ingérence de la part du MJS? Cette fois-ci, ce n'est pas le cas, puisque le département de Sid Ali Khaldi s'appuie sur l'article 59 du décret exécutif 14-330, fixant les modalités de fonctionnement des Fédérations ainsi que leur statut type. Dans cet article, il est mentionné: «Tout amendement aux présents statuts est prononcé, au moins, par les deux tiers (2/3) des membres présents de l'assemblée générale réunie en session extraordinaire, et ne prend effet qu'après approbation du ministre chargé des Sports.» La FAF considère que l'article en question ne lui interdit pas de procéder à la mise à niveau de ses statuts, étant donné que celle-ci a été entamée lors de la dernière année olympique. Aussi, le nouveau système de compétition pour la saison prochaine «a été validé à temps». Sur ce dernier point, le problème se pose autrement. En effet, dans le cas d'une décision concernant la suite à donner à la saison 2019-2020 qui influencerait le système de compétition de la saison 2020-2021, il faudra passer par l'AG pour en adopter un autre. Mais la circulaire de la tutelle interdit tout changement, à l'heure actuelle, du système de compétition. On tourne, ainsi, en rond.