"Le bureau fédéral a les prérogatives statutaires pour décider du sort des championnats, conformément à l'article 82 des statuts de la FAF. Il a le droit de le faire", martèle le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid-Ali Khaldi. Le ministre de la Jeunesse et des Sports Sid-Ali Khaldi a appelé hier en termes à peine voilés le bureau fédéral de la FAF à assumer ses responsabilités afin de trancher la question de l'avenir de la saison 2019-2020. "Le bureau fédéral a les prérogatives statutaires et exclusives pour décider du sort des championnats, conformément à l'article 82 des statuts de la FAF et des lois de la République. Il a le droit de le faire", indique-t-il en marge d'une cérémonie pour la signature d'une convention entre le MJS et le ministère de la Poste et des Télécommunications. Et d'ajouter que "tout le monde doit être animé par un esprit de responsabilité, de sagesse surtout en ces temps exceptionnels, afin de faire prévaloir les intérêts de la nation". L'article 82 qui traite des "cas non prévus et de force majeure" stipule que "le bureau fédéral est habilité à prendre une décision sur tous les cas non prévus par les présents statuts ou en cas de force majeure. Il statue dans ce cas conformément aux pratiques et usages reconnus dans le domaine du football". En fait, Sid-Ali Khaldi adresse un message clair à la FAF après la publication mardi soir des résultats de la consultation écrite lancée auprès des membres de l'assemblée générale : si la consultation n'est pas en soi illégale, il n'en demeure pas moins que la décision qui sera prise aujourd'hui à l'issue de la réunion du bureau fédéral ne peut en aucun cas être assimilée à une délibération de l'AG de la FAF. Il appartient donc au BF de trancher au plus vite, même s'il peut faire référence à cette consultation. L'essentiel visiblement pour le MJS est de résoudre cette problématique de l'avenir des compétitions en pleine crise sanitaire et d'éviter des tensions au sein des supporters des clubs comme ceux du CRB et du MCA qui n'ont pas hésité à sortir dans la rue (voir encadré ci-contre). Cette déclaration de Khaldi intervient 24 heures après le communiqué de la FAF, publié mardi soir sur son site officiel, qui met l'accent justement sur le fait que la décision finale sera prise par les membres du BF. "Le bureau fédéral, qui se réunira en session extraordinaire le mercredi 29 juillet (aujourd'hui, ndlr), examinera les résultats de cette consultation avant de se prononcer sur la suite à donner à ce dossier", note le communiqué. Ce qui laisse supposer que les deux parties ont amorcé une certaine concertation pour débloquer la situation. En vérité, c'est exactement ce qu'a déclaré également le président de l'Observatoire national du sport, organe consultatif placé auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, Mokhtar Boudina, qui estime que l'alternative proposée par la FAF "n'avait pas de base sur le plan réglementaire". "Cette consultation écrite n'a pas de base sur le plan réglementaire, du moment qu'elle n'est pas prévue par les statuts. Autrement dit, elle ne peut pas avoir la force de l'assemblée générale, ni la force de la réglementation. La démarche de la FAF est une inspiration pour élargir la discussion et demander l'avis de certains membres de l'AG pour essayer d'avoir le consensus le plus large possible. C'est une consultation que la FAF a le droit de faire, rien ne peut l'en empêcher, sauf qu'elle ne peut pas remplacer l'assemblée générale et toutes les formes qu'elle revêt : extraordinaire ou ordinaire", a indiqué Mokhtar Boudina. Le BF ne peut pas se substituer à l'AG Et d'ajouter : "La consultation écrite n'est pas prévue dans les statuts ; elle ne peut pas remplacer une AG. Elle donne la légitimité pour prendre une décision, mais elle ne peut en aucun cas être une forme de délibération." Sachant que comme révélé hier dans ces mêmes colonnes, que la majorité écrasante de l'AG (86 sur 112 membres) a voté pour la troisième formule, à savoir la désignation des lauréats, des clubs qui accèdent, mais sans relégation, le BF va-t-il donc valider ce nouveau système de compétition ou optera-t-il pour une autre formule ? À ce titre, la FAF a révélé mardi soir sur son site officiel, les premiers résultats de la consultation écrite sur l'avenir de la saison sportive 2019-2020 menée auprès des membres de l'Assemblée générale et estime que "cette opération s'est déroulée dans de bonnes conditions et s'est clôturée à la date prévue, avec les résultats après validation d'un huissier de justice". "La FAF retient avec satisfaction que la sagesse, le sens des responsabilités et la préservation des intérêts de tout le football algérien ont prévalu", lit-on dans le communiqué. Ainsi, les chiffres officiels publiés par la FAF révèlent que 96 membres sur les 112 que compte l'assemblée générale de la Fédération ont pris part à ce scrutin virtuel, soit de 85,7% du taux de participation. Ils ont presque tous voté pour l'arrêt des compétitions. En revanche, 16 membres se sont abstenus alors que 3 bulletins ont été considérés comme nuls. Le 22 juillet dernier, la FAF avait annoncé que "suite à l'approbation du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et de la Fédération internationale de football association (FIFA), la Fédération algérienne de football a lancé, le mardi 21 juillet 2020, une consultation écrite auprès des membres de l'Assemblée générale, étant les acteurs principaux du football national, pour se prononcer sur l'issue de la saison sportive 2019-2020. Cette consultation écrite se déroulera dans le strict respect de la réglementation et des statuts de la FAF". Dans une déclaration à Liberté, l'inspirateur de cette consultation écrite, le membre du bureau fédéral de la FAF, Amar Bahloul, avait précisé que "le bureau fédéral respectera les résultats de la consultation". Outre le fait que la validation de la formule 3 (désignation des lauréats, des clubs qui accèdent mais sans relégation) s'inscrit en porte-à-faux avec la circulaire du MJS n°264-2020, datée du 8 juin dernier, signée par le ministre Sid-Ali Khaldi (voir notre édition d'hier), il y a lieu de noter que cette perspective va impacter directement la composante de l'assemblée générale de la FAF lors de sa session ordinaire (présentation des bilans) et lors de la prochaine AG élective, prévue début 2021. En effet, selon l'article 21 des statuts de la FAF concernant la composition de l'AG, il est stipulé entre autres que "le président ou à défaut un membre dûment mandaté de chaque club professionnel de football affilié à la FAF est membre de l'AG". Ils seront donc 20 représentants de clubs admis à l'AG, soit 4 de plus que la dernière session.