Hier, les services de secours s'affairaient à dégager les lieux avec l'espoir de retrouver des survivants. Avant-hier, à 20h 44 précises, une forte secousse tellurique d'intensité 5,8 sur l'échelle de Richter, a secoué toute la région est de Béjaïa faisant 4 morts et plus d'une soixantaine de blessés, tous des habitants du village Lallam, distant d'un km de l'épicentre du séisme. 36 bâtisses ont été totalement détruites et plus d'une centaine d'autres ont subi des dégâts plus ou moins importants. Le CEM du chef-lieu de la commune de Tamright a été fortement endommagé. Hier, les services de secours s'affairaient à dégager les lieux avec l'espoir de retrouver des survivants. Une délégation officielle forte de trois ministre s'est également rendue sur les lieux pour prendre la mesure des dégâts. Djamal Ould Abbès, Daho Ould Kablia et Amar Tou, respectivement ministre de la Solidarité nationale, délégué aux Collectivités locales et de la Santé et la Population étaient arrivés sur les lieux aux environs de 10h 30 hier matin, pour s'entretenir avec les rescapés et mobiliser tous les moyens possibles pour répondre à l'urgence de l'heure. Il était 20h 44 lorsque un tremblement de terre secoua fortement la région de Tamright située à 45 km de Béjaïa-ville. L'intensité de la secousse était telle qu'elle a été ressentie à plus de 100 km à la ronde. Des résidants des villes d'El Kseur et de Béjaïa, distantes respectivement de 100 et 60 km, ont quitté plusieurs heures leurs demeures apeurés par la trentaine de répliques enregistrées après la première secousse. La plus forte est survenue hier matin , aux environs de 8h45, elle était d'une magnitude de 4,5 sur l'échelle de Richter. En entrant à la ville côtière de Souk El Tenine, rien n'indiquait qu'à 10 km de là un tremblement de terre s'est produit la veille, à l'exception des commentaires des citoyens qui avaient ce sujet sur les lèvres. En remontant le chemin communal sinueux qui mène vers Lallam, lieu de la catastrophe, on réalise peu à peu l'étendue des dégâts. Il nous a fallu 2 heures pour parcourir les 8 km de route qui séparent le chef-lieu de la commune Tamright et la ville de Souk El Tenine. Sur les lieux, un paysage apocalyptique vous accueille. Des maisons se sont totalement effondrées. On dénombre une trentaine de vieilles bâtisses complètement anéanties à côté de plus d'une centaine touchées à des degrés divers. Sur la place du village des centaines d'habitants au village Lallam s'y sont regroupés. Aucune tente n'a été installée à notre arrivée. Des rescapés tentent de bouger avant de se rasseoir rapidement n'arrivant pas à tenir debout. Il faut dire qu'une nuit blanche avec la peur au ventre ne pouvait qu'affaiblir tout humain normalement constitué. Sur place, quelques-uns essaient de parler: «Nous avons entendu un bruit assourdissant», raconte un jeune qui se trouvait dehors au moment du drame. «Cela a duré quelques secondes», ajoute-t-il avant de nous désigner du doigt l'endroit le plus touché. Impossible d'y aller, les services de sécurité veillent à tout pendant que les sapeurs-pompiers s'attelaient à la tâche. On apprend que près de 450 éléments de la Protection civile sont à l'oeuvre. Des renforts sont parvenus sur les lieux quelques heures après le drame. 18 camions de lutte contre les incendies et 25 ambulances ont été réquisitionnés nous explique une personne faisant partie de la Protection civile. Abdenour, une jeune voisin d'une famille meurtrie, expliquait qu'il était à l'extérieur de sa maison lorsque la terre a bougé. Il entendait déjà des cris mêlés aux bruits assourdissants. Du doigt, il nous montra la maison endeuillée. Une jeune lycéenne de 19 ans et sa soeur de 4 ans ont été retirées mortes de sous les décombres. Quatre enfants et leur mère ont été évacués vers l'hôpital. «Le père, gardien de nuit, n'était pas là», précisait notre interlocuteur. L'arrivée de la délégation ministérielle est annoncée. Cette dernière était à Lallam dix minutes après, et les trois ministres accompagnés par les autorités locales ont tout de suite entamé les discussions avec les responsables des services de sécurité et de secours. Le CEM endommagé sérieusement poussera les autorités à envisager directement le transport pour les collégiens qui seront pris en charge dès la rentrée dans les établissements de la ville de Souk El Tenine. Des tentes et des couvertures commençaient à être acheminées. Il y a lieu de noter la solidarité citoyenne qui a été d'un grand secours aux premières heures du drame. Des villageois de la commune se sont rendus à Lallam juste après, presque en même temps que les sapeurs-pompiers pour porter secours. Des témoignages de rescapés relevaient encore hier cet élan de solidarité. A l'heure où nous mettons sous presse, le bilan était toujours celui annoncé hier matin. Mais dans l'entourage des rescapés, on n'écarte pas d'autres victimes. Il faudra pour cela attendre la fin des recherches dans le périmètre de sécurité. La peur de répliques se lisait sur tous les visages des rescapés et les tentes prenaient forme dans les lieux aménagés à cet effet, lorsque nous quittâmes Lallam, village meurtri situé dans une région fortement enclavée. Récemment, les villageois avaient organisé un sit-in devant le siège de l'APC pour exiger une prise en charge de leurs préoccupations. Région touchée de plein fouet par le terrorisme, Lallam a vécu un autre drame avant-hier. A noter, enfin, que c'est le second séisme que connaît la région de Béjaïa-Sétif ces quatre dernières années. Celui de Beni Ourtilane et Beni Maouche est toujours en mémoire. Il était survenu le 10 novembre 2003.