Tous les voyants sont au rouge! La barre fatidique des 1000 contaminations par jour a été franchie, mercredi dernier. Le nombre de morts a, lui, doublé en quelques jours. En une dizaine de jours, on est passé d'une moyenne de 10 cas à 20 décès jour. Et cela ne semble être que le début! Les services hospitaliers sont de plus en plus saturés. Pis encore, certains hôpitaux n'ont plus aucune place, particulièrement dans les services de réanimation. À l'image du CHU de Béni Messous, plus grand centre Covid-19 du pays. Le professeur Réda Malek Hamidi, chef de service de la réanimation médicale de ce CHU, a tiré, jeudi dernier, la sonnette d'alarme. Il affirme, ni plus ni moins, que le service de réanimation est saturé. «Notre service de réanimation est dépassé, il n'y a plus de lit de réanimation pour faire face au flux des malades atteints de coronavirus», a-t-il assuré dans une interview au site spécialisé Esseha. Com. «Le service REA que je dirige, dispose de 12 lits de réanimation et de huit lits pour le déchocage et ils sont tous saturés», a indiqué le même spécialiste. «De ce fait, les malades qui arrivent au ser-vice pneumologie et qui ont besoin d'appareil respiratoire ne trouvent pas de lit», a-t-il ajouté. Une situation dramatique qui se fait de plus en plus ressentir à travers plusieurs régions du pays. Le flux vers les hôpitaux augmente de jour en jour. Selon les témoignages de médecins et de citoyens, les places sont de plus en plus rares Plus grave, l'on risque même d'être à court de soldats puisque les contaminations du personnel médical sont de plus en plus nombreuses. Plus de 9000 contaminationschez le personnel médical De l'aveu même du porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus, le docteur Djamel Fourar, les «soldats blancs» sont durement touchés par cette pandémie. Il affirme qu'il a été recensé plus de 9000 contaminations chez les travailleurs de la santé. «Jusqu'à aujourd'hui, 9300 cas ont été recensés chez le personnel médical, 119 d'entre eux ont perdu la vie», a soutenu le même responsable, qui admet que la situation est des plus délicates. «La situation est de plus en plus difficile», a-t-il reconnu, alors que jusque-là, il prônait un langage plus rassurant. Un changement de discours qui se fait ressentir chez tous les responsables de la santé. Ils ont haussé le ton pour appeler les citoyens à faire preuve de plus de vigilance. Abderrahmane Benbouzid, le ministre en charge du secteur, est monté au créneau pour dénoncer le manque de vigilance qui continue à prévaloir chez certains citoyens. Le ministre, qui a rappelé que cette pandémie mondiale n'était pas spécifique à l'Algérie, a assuré que ses services se réunissaient tous les jours pour étudier les protocoles sanitaires et l'adaptation des mesures anti-Covid19 à la situation épidémiologique du pays. Il a laissé entendre que des mesures plus sévères pourraient être adoptées, si la situation continuait à se dégrader. Chose qu'a confirmé le résident de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire, le professeur Kamel Sanhadji. «La situation est très très inquiétante. Les mesures de confinement seront plus sévères si la situation continue sur le même rythme», a-t-il assuré. «Les décisions seront prises crescendo, en fonction de l'évolution de la situation», a-t-il poursuivi. Celui qui, la semaine dernière, se montrait très rassurant, estime désormais, que les prochains jours risquent d'être encore plus difficiles. «La 2ème vague combattue sans le vaccin» «Il est probable que le nombre de contaminations continue d'augmenter. Le virus s'est largement propagé à travers le pays», constate-t-il, dénonçant l'attitude de certains citoyens qui continuent d'ignorer l'existence de ce terrible virus. «On ne pourra le vaincre qu'avec l'implication des citoyens. Tant qu'ils ne respecteront pas les mesures sanitaires et de distanciation sociale, les chiffres continueront d'augmenter», a souligné le professeur Kamel Sanhadji. Il appelle ses compatriotes à faire preuve de plus de vigilance et à se soumettre aux protocoles sanitaires, qui restent le seul remède contre le coronavirus. «C'est une question de prise de conscience individuelle. On ne peut pas mettre un policier derrière chaque citoyen», rappelle le même spécialiste. Un rappel à l'ordre, pour certains qui continuent de faire preuve d'égoïsme en vivant le plus normalement du monde, sans prendre en compte les dangers auxquels ils exposent les autres. Tout comme ceux qui se sont relâchés depuis que les laboratoires mondiaux ont annoncé les résultats de leurs recherches sur le vaccin. Un traitement qui n'est pas encore prouvé, demeurant encore qu'à la phase d'étude. D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté le monde sur le fait que cette seconde vague devait être combattue sans vaccins. «Les vaccins n'arriveront pas à temps pour lutter contre la deuxième vague de la pandémie de Covid-19, et beaucoup de pays vont continuer à l'affronter sans vaccins», l'OMS rappelant que l'efficacité de ces vaccins n'était pas encore «approuvée». Une sortie qui dénote que le long chemin qui nous attend dans cette guerre et contre cet ennemi invisible. On devra encore «résister» plusieurs mois avant cet hypothétique vaccin, ce qui n'est pas gagné, car on est au bord de l'asphyxie!