Retour dans les amphis! Après plusieurs reports liés à la remontée de l'épidémie liée au coronavirus, près de 2 millions d'étudiants vont rejoindre à partir d'aujourd'hui les bancs de l'université. Une rentrée «progressive» qui sera accompagnée par des mesures «strictes» afin d'éviter à ce que nos campus ne se transforment en «foyers» du Covid-19. Les étudiants devront adopter de nouveaux comportements et de nouvelles habitudes. À commencer par le port du masque qui est obligatoire, comme d'ailleurs dans tous les autres endroits publics. Un protocole sanitaire «sévère» a aussi été mis en place. Il devra strictement être respecté au risque de grosses sanctions. Fini donc les grands regroupements au niveau de la «cour» des universités. Chacun devra garder la distance avec son camarade. Les cours seront les seules activités autorisées. Et encore, ils se feront en mode réduit. Leur présence ne sera indispensable que pour ceux dits essentiels et les travaux pratiques, puisque le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique a décidé de mettre en place un enseignement «hybride» qui allie présentiel et distanciel. «Les étudiants auront deux jours de cours en mode présentiel par semaine, tandis que le reste des cours sera dispensé en ligne, par vidéoconférence», a expliqué le ministre, le professeur Abdelbaki Benziane. Le reste des cours se fera donc en ligne, ce qui constitue un autre défi pour les étudiants qui devront vite s'habituer à ce type d'enseignement qui demande plus de concentration et d'implication. Il faut dire que le-learning présente des avantages, mais aussi des inconvénients. Les risques de décrochage sont grands, surtout quand on n'est pas encore familiarisé avec cette méthode 2.0. D'ailleurs, cela a été l'un des plus grands problèmes rencontrés lors de l'expérience, forcée, du mois de mars dernier. Les étudiants sont vite largués, certains sont distraits à la maison par un rien alors que d'autres ne se sentent pas impliqués quand ils ne sont pas dans l'environnement de l'université.Le fait d'avoir gardé deux jours par semaine de cours en présentiel devrait permettre d'éviter ce problème. Surtout que cela concerne essentiellement les TP. Cela leur permettra de garder le rythme en étant pleinement dans le bain de l'université. De plus, les enseignants ont été mieux préparés à ce nouveau rôle de professeur à écran interposé. Durant ces longs mois de repos forcé, ils ont été formés aux méthodes de l'enseignement à distance et les techniques qui leur permettent de captiver l'attention de leurs étudiants et les garder toujours concertés. Ce qui leur permettait de mettre dans de bonnes conditions leurs étudiants pour les accompagner en douceur dans cette transformation digitale qui n'est pas toujours facile. Particulièrement si les moyens font encore défaut. À l'image de la connexion Internet qui fait des siennes ces derniers jours. Il y a aussi le problème de l'accessibilité à la Toile pour beaucoup d'étudiants, faute de moyens ou se trouvant dans des régions où la couverture est médiocre. Des accords ont été signés avec Algérie télécom et certains opérateurs de téléphonie mobile pour solutionner ce problème. La tutelle annonce que le réseau universitaire a été amélioré alors que des offres préférentielles ont été lancées en faveur des étudiants. Cela dans le but de leur permettre une «équitabilité» dans l'accès au e-learning. Chose qui avait longuement fait défaut durant le premier confinement. Sur le papier, l'université algérienne semble donc prête à accueillir ses étudiants dans une rentrée bien spéciale. Tout a l'air d'avoir été pris en compte. Mais le grand pari sera de pouvoir appliquer sur le terrain ces décisions. Cela commence par le protocole sanitaire à des jeunes avides de liberté. Les agents de sécurité seront aux aguets pour «traquer» ceux qui joueraient avec le protocole qui doit éviter la propagation de la maladie dans nos universités. Et encore, rien ne garantit qu'il ne soit pas importé de l'extérieur, notamment dans les cités universitaires et les transports des étudiants, particulièrement avec l'arrêt de certains moyens de transport, la demande dépassera l'offre. Le professeur Benziane est donc face à une mission «commando». Il s'agira d'éviter que le coronavirus n'envahisse nos universités.