Prévu, en principe, le 30 mars 2020, le 31ème sommet de la Ligue arabe qui devait se tenir à Alger a été reporté en raison de la pandémie du nouveau coronavirus. C'est ce qui avait été annoncé, lors d'une conférence de presse conjointe, par le ministre des Affaires étrangères Sabri Boukadoum et le secrétaire général de l'organisation pan arabe, Ahmed Abou El-Gheit. Il avait été souligné, à cette occasion, que la date définitive serait «fixée avant la fin juin», avec le souhait de voir la «conjoncture mondiale pesante prendre fin». C'était sans compter avec le grand écart que s'apprêtaient à faire certains Etats membres, en embrassant les offres du conseiller et gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, acharné à arracher la normalisation avec Israël en échange de quelques offrandes, plus ou moins empoisonnées. Si à Tunis, le sommet avait laissé entrevoir une disposition relative à assumer les engagements fermes sur la Palestine, la question du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, sans cesse posée sur la table par l'Algérie, a été occultée, certains Etats du Golfe ayant marqué leur hostilité permanente à cet égard. Depuis, le sujet a été effacé par les annonces consécutives de normalisation des relations entre les Emirats, Bahreïn, le Soudan et, tout dernièrement, le Maroc, avec l'entité sioniste, ruinant au sens propre du mot l'offre de paix formulée par la Ligue arabe sous le thème de la paix contre la terre. Abou El Gheit avait beau espérer que le sommet d'Alger soit l'occasion d'un «consensus arabe, d'une concertation et d'un resserrement des rangs», les évènements ont montré tout le contraire puisque jamais auparavant la Ligue arabe n'aura été autant divisée et décrédibilisée dans son action comme dans ses intentions. Pourtant, il avait été prémonitoire dans la mesure où il avait mis l'accent sur la conjoncture «délicate» que le monde s'apprêtait à subir, du fait du Covid-19, et sur ses appréhensions quant à la tenue du sommet aussi rapidement que possible. Sans doute avait-il quelques craintes cachées sur les bouleversements que la scène politique arabe allait subir en quelques mois, au détriment du peuple palestinien comme du peuple sahraoui, leurs droits ayant été sacrifiés sur l'autel de quelques intérêts sordides. Un proverbe arabe souligne que quiconque calcule seul finit par déchanter. Tout indique que ce sera le cas de ceux qui ont poignardé, sans aucune honte, la cause sacrée d'El Qods Echarif, tout en prétendant agir au bénéfice de la sauvegarde des droits du peuple palestinien. Car celui-ci n'est pas dupe et ses dirigeants ont aussitôt réagi, avec l'annonce faite par le MAE Riyad al-Maliki selon laquelle la Palestine renonce à son droit d'exercer la présidence de la Ligue arabe, lors de sa session en cours. Une décision difficile qui montre à quel point le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, soutenu outrageusement par l'administration Trump, est parvenu à dynamiter l'organisation dont les décisions concernant l'Initiative de paix arabe, adoptée en 2002, a été, purement et simplement, trahie par les adeptes de la normalisation unilatérale avec l'Etat sioniste qui poursuit ses exactions et l'implantation effrénée de ses colonies dans les territoires occupés, sourd aux incantations de la communauté internationale.