Par Djoher Amhis Ouksel * Introduction Mes interventions s'inscrivent dans le cadre de ma démarche: faire la promotion de la lecture, faire connaître la richesse littéraire algérienne et susciter le désir d'aller plus loin dans la connaissance du patrimoine. Pour faciliter la communication, je m'éloigne des grilles théoriques et des enjeux académiques. L'intervention d'aujourd'hui est le fruit d'une expérience d'éducatrice dans l'apprentissage d'une langue dans des contextes fluctuants: changements historiques et linguistiques, influence idéologique, niveau de langue, hétérogénéité de la société. L'expérience du terrain a nourri mon travail de pédagogue. La langue de bois Qu'appelle-t-on langue de bois? Dans L'homme de paroles, Claude Hagège définit la langue de bois « définie ici et là comme un style par lequel on assure un contrôle de tout, en masquant le réel sous les mots». On cite souvent l'exemple de la Russie qui, par la parole, exerce un véritable pouvoir. Dans un article de Michel Heller, paru dans Le Monde du 5-7-79 intitulé langue russe et langue soviétique, l'auteur met en évidence la dictature d'une langue qui sera la base de la langue soviétique. La pensée est constamment matraquée par des slogans qui finissent par imprégner les démarches intellectuelles. Le poids des idéologies «désancre» les mots de la réalité pour une langue artificielle. La langue devient alors totalitaire «le mot perd sa signification». C'est l'art de ne rien dire et les mots ont perdu leur sens, faute de dire la réalité. La manipulation de la langue est associée à l'affirmation d'un pouvoir. Le danger - il est véritable - que face à « la vérité», face à l'évidence, le discours officiel enferme ou piège la pensée et plombe la réflexion. La langue de bois finit par être considérée comme une vraie langue qui formate la pensée. C'est la hantise du un: être dans le même moule, penser la même chose: gare à celui qui se démarque... Le nazisme a réussi à galvaniser un peuple entier. De même, la langue soviétique, inventée, fortifie le pouvoir des dictateurs. On cultive l'ambiguïté, le flou pour effacer toute compréhension de la réalité. Dans le texte de Michel Heller «... quelques membres du parti attendent une de leurs camarades, ils parlent et leur conversation est humaine. Ils parlent russe, mais lorsque tous sont réunis, le secrétaire se met au bureau et ouvre la séance. Et c'est comme si on éteignait brusquement la lumière: tous se mettent à parler en langue soviétique, tous cessent d'être des humains pour devenir des leviers dans la machine du parti. La réunion prend fin, la lumière se rallume, les leviers redeviennent des hommes et retrouvent la langue russe». (1) Les leviers 1956, récit d'Alexandre Lachine. Quand on utilise une langue déconnectée de la réalité, on met en place des concepts qui empêchent tout dialogue ou même la moindre réplique. Impossible d'apporter un contre-discours, de donner un point de vue, ne jamais remettre en cause l'autorité. Les expressions employées par le dominant ont un caractère sacré. C'est une manière de faire taire, de réduire au silence et de détourner l'attention face à l'évidence (il ne s'agit pas de vérité). Chapelets d'accusations Le pouvoir exerce son autorité par les mots avec une mauvaise foi évidente. Autrement dit, la langue du pouvoir détourne du vrai sens des mots et éloigne de la réalité. Le discours officiel n'admet pas la réplique. Par une langue souvent imposée, «voire artificielle», le pouvoir peut exercer un pouvoir absolu. Que dire face à «des accusations» telles que «atteinte à l'unité nationale, atteinte à corps constitués, atteinte à l'ordre public (même si la contestation est pacifique), atteinte au moral de l'armée et j'en passe. Il n'y a plus rien à dire. Sacralisation de la langue et impossibilité de contradiction; l'absence totale de dialogue, d'oppositions se transforme en révolte refoulée ou extériorisée par la violence. Une anecdote m'a interpellée sur le sens des mots: une petite fille musulmane devait se rendre en France avec sa famille. Elle se met à pleurer refusant de s'y rendre. «Je ne veux pas aller en France. Je vais mourir... Pourquoi? On m'a dit que la France était un paradis. Ici, le mot «paradis» est connoté, associé à la religion et à la mort. Importance du contexte socioculturel pour éviter les contresens La mariée nue de Mazouna Assia Djebar dans L'amour et la fantasia, raconte l'histoire suivante dans un chapitre intitulé: La mariée nue de Mazouna. C'est le début de la colonisation: «El Djazaïr était depuis quinze ans, tombée entre les mains des infidèles.» En 1830 «naissait la fille unique du caïd koulougli», Si Mohamed Ben Kadruma. Elle s'appelait Badra, était d'une beauté exceptionnelle. L'agha de l'Ouarsenis Si M'Hamed la demande en mariage pour son fils aîné... Badra fut installée, «en idole au visage masqué, les mains et les pieds seuls apparaissant sous la draperie de moire qui la recouvrait. Le cortège fut attaqué. Une grande bataille eut lieu: grande confusion parmi les femmes qui accompagnaient la mariée. Le Cherif leva la tête et que voit-il? «Badra, éblouissante dans sa parure de noces qui sortait majestueusement de son palanquin.» On la dépouille de tous ses bijoux «qui l'ont protégée de la convoitise du désir trop humain». Les mots évoluent Une rançon est exigée. «De la tente du chef sortait la mariée, le visage découvert. Badra déposa ses bijoux.» «Son épaisse chevelure ruissela dans son dos.» «La jeune fille n'eut plus sur elle que sa robe légère.» «Va-t-elle se mettre nue?», pensent les autres femmes. «Je suis nue! Louange à Dieu... Je suis nue - louange à Dieu... s'écrie Badra. Au marché de Mazouna, les meddahs racontaient au peuple comment le sultan, annoncé par les prophéties, avait rendu «nues» «les femmes et les filles des perfides et de leurs alliés». On voit bien comment le terme «nue» peut avoir une autre signification et renvoyer aux codes d'une société. Enlever le voile c'est se dénuder, se montrer à visage découvert est une transgression grave, lâcher les cheveux est une provocation et une atteinte à l'intimité de la femme. Enlever sa ceinture et ses babouches brodées est un comble. La nudité des femmes aura une autre signification: c'est une atteinte à l'honneur des hommes et de la tribu. Badra semble se livrer à un vrai rituel qui semble rappeler celui de la nuit de noces. Pendant les guerres, les femmes sont un butin de guerre. Pour Badra, la nudité est une affirmation de liberté: se réapproprier son corps. On retrouve bien là les préoccupations d'Assia Djebar concernant l'effacement du corps des femmes. À la fin de la bataille, Aïssa Ben Djenin leva son bras armé au ciel, dans un geste grandiloquent: «La mariée de Mazouna est libre! s'écria-t-il sur un ton de parodie.» Là aussi, le mot liberté prend un autre sens: la libération de la femme mais, aussi, le mariage annulé, elle deviendra l'objet de convoitise. Ce thème du dévoilement traverse toute l'oeuvre d'Assia Djebar. Dans Ombre sultane, Hajila est cloîtrée. Elle décide soudain de s'aventurer à visage découvert dans les rues de la ville. Elle tente une expérience de liberté, sans voile. Le chapitre 5 a pour titre: Au dehors, nue. Idéologie et aliénation Les mots prennent un sens selon le contexte dans lequel ils sont prononcés et selon les points de vue exprimés. Ils peuvent être connotés soit péjorativement soit positivement. Voici un exemple significatif: en France, lorsque la presse évoque les camps de regroupement des migrants, le mot utilisé est «la jungle de Calais». À la radio algérienne, cette expression a été reprise. C'était choquant de reprendre les mots employés par l'Autre et connotés péjorativement dans une volonté de rabaisser un groupe humain. Ignorance? Aliénation? Il faut être attentif au détournement de sens. On utilise souvent l'expression «réhabiliter» pour évoquer les auteurs occultés. D'après la définition: réhabiliter: rendre à quelqu'un ses droits et l'estime publique/ Réhabiliter la victime d'une erreur judiciaire / réhabiliter dans l'estime de soi, dans la considération d'autrui. Et tout de suite après: réhabiliter un criminel. Il y a risque de contamination sémantique, c'est pour cela que la vigilance s'impose pour éviter les contresens et les erreurs de compréhension. Un autre exemple est éclairant: la lecture du Journal de Mouloud Feraoun: c'est la période coloniale. Les termes désignant les maquisards sont multiples: les bandits rebelles, les hors-la-loi, les traîtres, les terroristes, les patriotes, le fellagha, ni le moindre petit fellagha? Souvent l'auteur reprend à dessein le langage de l'Autre pour bien marquer la différence de discours, il faut tenir compte de la situation dans laquelle ils ont été prononcés. Voici ce que rapporte Mouloud Feraoun: «Mes collègues français, hommes, femmes et leurs enfants envahissent mon bureau, tremblants et pâles. Une trappe a été soulevée du plafond de Mme S.D et un terroriste devait s'y trouver... Rien dans le grenier, pas la moindre bombe «ni le plus petit fellagha» noter l'ironie du ton et la tentative de démystifier le danger. On voit bien que selon le contexte, les mots évoluent, leur sens aussi change et ils peuvent s'éloigner du sens premier. Dans l'oeuvre Culture savante, culture vécue,M. Mammeri consacre tout un chapitre à l'évolution d'un mot: tamurt. «Les mots, les sens, les rêves ou les avatars de tamurt.» M. Mammeri met bien en évidence l'évolution et les transformations sémantiques du mot selon les moments historiques et la manière dont il est perçu et ressenti: il s'agit de tamurt. Ce n'est pas seulement le pays, le plan géographique, mais bien plus pour ce qu'il représente dans la réalité vécue et l'imaginaire de ceux qui l'habitent. Tamurt a toujours été considérée comme «un lieu inviolable, celui de la montagne de la dignité» jusqu'au jour où elle a été profanée par les colonialistes en 1857 et 1871. Dans les poèmes de Si Moh Ou M'hand, la charge émotionnelle est très forte. Le poète y exprime son désespoir, son déchirement. Tamurt n'est plus un refuge sécurisant. La misère sévit partout et l'émigration devient une nécessité vitale. Tamurt se dépeuple. C'est l'exil et ce sont les hommes qui partent en premier. Notre littérature, notre poésie s'inscrivent dans la thématique du déracinement et de ses conséquences. La poésie et la patrie Des chanteurs comme Slimane Azem, Cheikh El Hesnaoui, les chanteuses aussi comme Djamila, Hnifa... ont fait le lien avec tamurt, ont atténué la souffrance de l'exil, de la séparation. Le retour temporaire est une occasion de ressourcement, un moment d'affectivité très fort. J'ai beaucoup vibré à la chanson de Sofiane: «J'ai le désir nostalgique des figues que l'on cueille De l'eau fraîche Du berger au bord de l'eau Avec une flûte dans les mains.» Les chansons sont chargées de regrets, de douleur, de désespérance et reflètent le mal-être de la séparation, de la rupture avec le pays, la terre des ancêtres, tamurt. Grâce à la connaissance d'un autre monde, d'un autre mode de vie, les émigrés prennent conscience des conditions difficiles de la société patriarcale. Le mot «tamurt» va changer de sens avec la révolution et prendre une grande valeur symbolique et nourrit, grâce aux anciens, les nouvelles générations. À l'indépendance, la Kabylie se vide avec le regroupement familial. Il suffit de relire Les chemins qui montent, La terre et le sang de Mouloud Feraoun, Le sommeil du juste de Mouloud Mammeri pour mieux saisir les conséquences négatives au plan culturel pour toute une génération désemparée. Les mentalités changent et l'émigré ressent son statut comme celui d'un étranger di tmurt-is. En fait, il n'est nulle part et n'arrive pas à se situer. La plupart du temps, les habitants quittent tamurt pour la ville. Les femmes s'adaptent difficilement à ce nouvel environnement. Dans La Cité des roses, M. Feraoun raconte comment sa famille a vécu le déracinement. Avec l'émigration, la citadinisation, «tamurt devient un lieudit d'un projet à la fois politique, social, culturel, existentiel». La poésie, les chansons célèbrent la patrie, la richesse de ses ressources culturelles, son histoire, sa langue... «Le pays dont un décret divin vous a un jour chassé sans que vous l'ayez voulu.» «Mais qu'importe?» «Le pays c'est désormais en vous que vous le portez» malgré le déni identitaire et linguistique. Ainsi le terme tamurt sera chargé de symboles. Elle existe comme lieu de reconnaissance et de ressourcement. Dans sa brillante analyse du mot «Tamurt», Mouloud Mammeri précise bien «les avatars du mot» qui ne prend sens qu'en tenant compte de son évolution au cours des changements historiques qui ont lieu inévitablement. On peut encore aller plus loin dans l'élargissement de l'espace de la Kabylie, avec sa vraie dénomination Tamazgha, Tamurt des hommes libres. Dans l'introduction du chapitre sur tamurt, M.Mammeri prévient: «Si les mots n'étaient que ce qu'ils veulent dire, ce serait la fin de toute littérature en particulier les littératures orales, dans lesquelles certains termes ont un rapport charnel (ou magique) avec ce qu'ils évoquent plus qu'ils ne désignent.» Dans l'exercice de mon métier d'éducatrice, j'ai souvent eu affaire à des erreurs de compréhension faute d'une large culture et d'une méconnaissance de vocabulaire. Dans le texte de Prévert Etranges étrangers, le titre donne immédiatement le ton du poème et la position de l'auteur qui dénonce l'exploitation des migrants. A propos de l'expression «Kabyles de Chapelle», une confusion est faite à propos du mot «Chapelle». Une élève intervient: «Madame, les Kabyles sont chrétiens?» On voit ici l'insuffisance culturelle et inconsciemment la reprise des clichés, des préjugés véhiculés dans un certain contexte sociopolitique; ce qu'un philosophe appelle «les postulats silencieux». En conclusion Selon la charge affective, les mots peuvent prendre des connotations différentes et dans des situations plus ou moins complexes et différentes. La prononciation, la ponctuation, l'intonation, la gestuelle (le regard, le haussement d'épaules et même le silence). L'étude de la syntaxe permet d'exploiter la richesse de la langue (exclamations, fausses interrogations, répétitions, interjections, points de suspension). La ponctuation joue un rôle essentiel pour appréhender le sens des mots et de la phrase, encore que, un texte non ponctué peut être compréhensible. Elle traduit par écrit ce que nous obtenons par l'intonation. D'où l'importance de la lecture expressive après avoir dépassé le barrage linguistique pour mieux se consacrer au sens des mots et à une meilleure approche du texte. Dans le texte de Prévert cité précédemment Etranges étrangers, à propos du terme «Chapelle», on remarque que «la compréhension procède pour une large part des prélèvements d'indices linguistiques mais implique l'intervention d'éléments non linguistiques». La confusion vient d'une représentation limitée du mot «chapelle»(confusion: lieu de religion et nomination d'un quartier de Paris) d'où la représentation erronée. Pour se détendre Toute une pédagogie - ce n'est pas le propos de cette intervention - est à mettre en place pour éviter ce genre d'erreurs, d'interprétations. Une maîtrise de la langue par la lecture aide à clarifier le sens des mots et à tenir compte des points de vue, du contexte et des situations de production. Ce n'est pas toujours simple. Je reprends ici les mots d'Amine Malouf dans Les identités meurtrières, «une vie d'écriture m'a appris à me méfier des mots. Ceux qui paraissent les plus limpides sont souvent plus traîtres...». De même Albert Camus écrit: «Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde». Une langue n'a pas de message; c'est celui qui la parle qui lui donne un sens. Colette, grande écrivaine du XXe siècle raconte l'anecdote suivante: «Une petite fille avait trouvé un escargot. Elle l'avait surnommé presbytère» (lieu religieux) et avait construit tout son discours concernant l'animal jusqu'au moment où la mère la surprend et rétablit le véritable sens. La traduction Il y a des expressions pro-pres à une culture et à une langue qui sont intraduisibles (les gallicismes). Lors d'un stage, une enseignante en formation n'était pas d'accord sur un mot et la méthode de travail. Un conflit: la stagiaire s'écrie: «Ce n'est pas la peine de monter sur vos grands chevaux» = de vous mettre en colère. La directrice de stage convoque le conseil de discipline, motif: elle m'a dit (qu'elle n'était pas un cheval pour que je lui monte dessus). Un autre exemple: d'une traduction littérale incorrecte. Parlant d'une jeune fille rêveuse, romantique, le romancier écrit: elle était fleur bleue.(littéralement) Cela ne signifie rien. Des moyens pour retenir certaines règles de grammaire. Le pronom relatif «dont» est souvent mal employé. Pour mettre en lumière le danger des fautes syntaxiques, le professeur nous cite cet exemple: «La maison du curé dont le derrière était blanchi à la chaux.» Contresens dus à la ponctuation: Le maître dit: «L'élève est un âne.» «Le maître, dit l'élève, est un âne.» Jeux de mots et humour La bande dessinée de Slim: Regda «Aujourd'hui il y a des queues pour un sachet de lait. Sachez que nous ferons tout pour augmenter le nombre de queues afin que le citoyen soit libre de choisir sa queue.» La ministre de la Communication: «Algériens, Algériennes, je sais que votre connexion Internet est minable. Mais je vais prier le très haut pour que le bas débit augmente.» De tous les consulats présents à Alger, celui de la France est le plus sollicité loin devant celui du Burkina Faso. Mais pour y accéder, la queue est si longue que parfois elle arrive à Blida (45 km): «Ce qui fait la joie des habitants de Blida puisque du coup, ils n'ont plus besoin d'aller jsuqu'à Alger pour demander un visa. (Extrait d'un album de Slim: La queue. Confusion sur la conjugaison de deux verbes: verbe «savoir» et «sucer». Verbe «savoir» à l'imparfait du subjonctif (que nous sussions). Une maîtresse de maison surprend sa domestique en train d'abuser de sucre et s'écrie:» Comment, vous mangez notre sucre sans que nous le sussions (sucions). Ma petite fille entre dans une pizzeria: «- Avez-vous des sanitaires? Nous, nous n'avons que des pizzas au fromage et au poulet.» Les exemples sont nombreux à l'infini pour montrer la richesse d'une langue et la multiplicité de ses ressources. Il aurait été intéressant d'aborder la poésie. En: un aveugle mendiait, un panneau portait: «non voyant». Passe un poète qui rectifie et écrit: «Il ne verra pas le printemps.» Le sens des mots et l'humour Lire les bandes dessinées de Slim est un vrai bonheur. Grâce à l'humour et à un détournement du sens, il joue avec les mots et leur polysémie: voici un exemple: «Au voleur! Allo! Police! Vite, y a un type qui vient de voler. Au voleur, au voleur, ils ont volé l'Algérie. Appelez la police! Appelez la police! Trop tard, ils ont pris l'avion. Quoi? Même l'avion ils l'ont pris, chapeau!». Texte amusant à décoder en ayant connaissance de la réalité sociopolitique du pays. Une manière de renvoyer aux problèmes que vit le citoyen algérien - les aborder avec une sorte de détachement et jouer sur la polysémie des mots. Il suffit d'ouvrir un dictionnaire pour recenser les multiples emplois du mot. L'humour est donc un moyen de dire, de dénoncer et d'exploiter la richesse d'une langue, d'en utiliser toutes les ressources. *Professeur de lettres françaises, inspectrice d'enseignement pédagogique et essayiste Bibliographie: L'homme de paroles, Claude Hagège Les leviers 1956, récit d'Alexandre Lachine L'amour et la fantasia, Assia Djebbar Journal de Mouloud Feraoun La Cité des roses, M. Feraoun Les chemins qui montent, Mouloud Feraoun La terre et le sang, Mouloud Feraoun, Le sommeil du juste, Mouloud Mammeri Culture savante, culture vécue, M. Mammeri