Le Mali a encore été endeuillé, hier, avec une attaque terroriste qui a coûté la vie à neuf soldats, dans la région-centre la plus tourmentée du pays. C'est là que se concentrent les groupes extrémistes qui se sont installés dans le Sahel et ensanglantent les pays de cette région. Mais l'attaque d'hier a ceci de particulier qu'elle a été menée par des assaillants disposant de véhicules blindés, un butin de leurs opérations contre les armées malienne, nigérienne ou burkinabé. C'est au niveau du poste de Boni, entre Douentza et Hombori, dans la circonscription de Mopti sans cesse en proie à l'insécurité ambiante, que cette attaque a été opérée par des «individus lourdement armés» venus à bord de «véhicules blindés», selon le communiqué des responsables sécuritaires. La même source précise que des blessés sont également à déplorer et que les assaillants ont occasionné des dégâts importants au sein de la base militaire qu'ils sont parvenus à investir. Longtemps, les terroristes de la région avaient choisi le mode opératoire le plus simple, celui des attaques à moto ou en pick-up, ce qui a rendu les poursuites d'autant difficiles car ils pouvaient se diluer dans les localités les plus proches, aussitôt leur forfait accompli. Avec cette nouvelle méthode, ils confirment la disponibilité de plusieurs dizaines de blindés obtenus au fil des attaques de camps militaires à la fois au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Reste à savoir comment ils peuvent transposer de tels engins, d'un pays à l'autre, avec une insolente facilité. Selon l'armée malienne, la force française Barkhane est venue à la rescousse et ses frappes auraient engendré des «pertes importantes» dans les rangs des assaillants terroristes, sans autre précision. Il s'avère que le secteur attaqué a déjà été le théâtre de violents affrontements entre les soldats maliens, soutenus par Barkhane, et les groupes terroristes visés par une opération baptisée Eclipse, opérée le 26 janvier dernier. L'état-major malien avait alors affirmé que cette offensive avait entraîné la mort d'une centaine de terroristes. A cette même phase, il y a eu la perte de trois soldats français tués par une mine artisanale et de six soldats maliens victimes de deux attaques terroristes. Preuve que le contexte est rien moins qu'explosif et que la situation est devenue particulièrement préoccupante, au plan sécuritaire, que ce soit en raison de la forte progression du groupe de soutien à l'Islam et aux Musulmans (GISM), longtemps affilié à Al Qaïda mais qu'il aurait réussi à phagocyter, et plusieurs autres factions dont certaines revendiquent leur appartenance à Daesh. Ainsi, le Mali et ses voisins s'enfoncent-ils dans une crise profonde, avec des milliers de morts, civils et militaires, et plusieurs centaines de milliers de déplacés, plusieurs années après l'intervention, a priori salvatrice, de diverses forces internationales dont la plus importante reste Barkhane et ses 5800 soldats français.