Les présidents américain et chinois George W.Bush et Hu Jintao ont mesuré jeudi, lors de leur première rencontre à la Maison-Blanche, l'étendue de leurs divergences sur la crise nucléaire iranienne sans rien annoncer d'autre que leur volonté de les surmonter. La première visite de M.Hu, venu chercher une stature internationale, lui a valu un moment de visible irritation quand une opposante a perturbé la réception en grande pompe donnée en son honneur dans les jardins de la Maison- Blanche. M.Hu, qui prononçait une brève allocution, a dû élever la voix pour couvrir les cris de l'importune, membre du Falungong, mouvement spirituel interdit en Chine, mais aussi journaliste qui s'est servie de cette qualité pour entrer. Elle a été emmenée de force par la sécurité. M.Bush a ensuite exprimé ses regrets à M.Hu, a indiqué un responsable du Conseil de la sécurité nationale, Dennis Wilder, qui serait «extrêmement surpris» si l'incident avait des conséquences diplomatiques. Des dizaines de membres du Falungong ont rivalisé de la voix avec des partisans de M.Hu pendant une grande partie de la journée devant les grilles de la Maison- Blanche, se faisant entendre des 200 convives du déjeuner donné pour le président chinois. Les deux dirigeants ont cependant affirmé leur volonté de coopérer. Mais aucun des différends bilatéraux ni des problèmes internationaux ne semble avoir été résolu durant leurs entretiens. M.Bush a indiqué avoir évoqué avec M.Hu le recours au chapitre 7 de la charte de l'Onu permettant d'imposer des sanctions et même d'utiliser la force contre l'Iran, qu'il accuse de vouloir l'arme nucléaire. M.Hu, dont le pays est opposé à des sanctions, a répondu par sa volonté de résoudre la crise par des moyens «pacifiques» et «diplomatiques». M.Bush a aussi demandé à M.Hu d'utiliser son «influence considérable» sur la Corée du Nord pour obtenir la reprise des négociations sur le démantèlement de son armement nucléaire. «Nous avons toujours fait des efforts constructifs pour dénucléariser la péninsule nord-coréenne», s'est contenté de répondre M.Hu. L'une des principales pommes de discorde entre Washington et Pékin est commerciale et monétaire. M.Bush a exhorté M.Hu à réévaluer davantage la monnaie chinoise, tenue pour largement responsable d'un déficit commercial américain de plus de 200 milliards de dollars l'an dernier. Face aux multiples griefs de l'administration Bush qui réclame une concurrence loyale, M.Hu a affirmé son engagement à poursuivre l'appréciation du yuan, à rééquilibrer la balance commerciale en favorisant la consommation intérieure, à supprimer les barrières douanières et à défendre la propriété intellectuelle. Mais il n'a pas pris d'engagement plus concret. Dennis Wilder a souligné que la rencontre Bush-Hu n'était que l'une des nombreuses réunions bipartites ayant déjà porté des fruits et que des problèmes comme les déséquilibres commerciaux ne se résolvaient pas du jour au lendemain. «Ce dont nous avons besoin, c'est de changements structurels», a-t-il dit en relevant que la Chine s'y était engagée. MM.Bush et Hu ont reconnu des désaccords, et même des «frictions», selon le mot de M.Hu, qui a cependant expliqué que le but de sa visite était de «renforcer le dialogue (...) approfondir la confiance mutuelle et la coopération».